Mathieu Wrote:Quelqu'un comprend pourquoi la RATP ne peut assurer que 75% du trafic en ayant 96% des conducteurs ?
Où as-tu vu de tels chiffres ?
Il manque en effet énormément de conducteurs et bien plus que les 4 % dont tu parles (cet été on était plutôt dans les 25 à 30 %...).
Le recrutement est très difficile : on trouve désormais des réseaux urbains de province qui embauchent à des salaires supérieurs à ce que la RATP propose, et dans des secteurs où le prix des loyers pour les logements est bien moins important qu'en région parisienne.
Les conditions de travail ont été changées le 1er août : on travaille désormais une heure de plus par jour en moyenne, mais on ne gagne pas plus. Et pour en rajouter une couche, la région veut démanteler le réseau de bus en le découpant en petits morceaux et on ne sait pas ce que l'on va devenir en 2025. Serons-nous encore RATP, Transdev, Keolis, autre ? Aucune idée
Résultat des courses : il y a de nombreuses démissions : 160 par mois en moyenne, soit 10 % des effectifs qui ont disparu en une seule année. Et ils n'ont pas été remplacés par de nouvelles recrues, faute de candidats.
Pour les démissionnaires, si certains partent en Province où certains réseaux, également en manque de conducteurs, proposent de reprendre votre ancienneté, beaucoup quittent carrément le métier et vont faire autre chose, d'autant que le marché du travail actuel permet de retrouver assez facilement un emploi (le transport des marchandises est assez courant pour ceux qui ont leur permis poids lourds, cas d'un collègue qui va en profiter pour retourner dans sa région d'origine en Auvergne).
Et parmi les démissionnaires, il y a paradoxalement beaucoup d'anciens, qui ont pourtant encore le statut d'avant 2009 avec le "1/5ème" où on gagne une année de cotisation de retraite tous les 5 ans.
Je suis dans ce cas car entré en 2006 à la Régie et j'avoue que maintenant je ne m'y vois plus y terminer ma carrière et je commence à regarder ce que l'on me propose ailleurs (je suis déjà allé faire un entretien au Luxembourg où j'ai cependant refusé l'offre très alléchante qui m'a été faite malgré un salaire attractif car je suis spécialisé en urbain et je n'avais pas envie de faire du scolaire, de la route et des spéciaux).
Quant aux 75 % du trafic : rien de surprenant. Si on rajoute au manque de conducteurs les pertes de temps liées à la circulation qui est devenue infernale, il ne faut pas s'en étonner. On va jusqu'à nous supprimer des voies de bus pour faire des pistes cyclables, on réaménage certaines places n'importe comment (Bastille par exemple), il y a des travaux partout, on se prend de plus en plus la tête avec les cyclistes, les trottinettes et autres... Du coup les temps de parcours explosent et des courses sont de plus en plus souvent supprimées. Exemple : sur le 62 une heure est environ allouée pour aller de la Porte de France à la Porte de Saint-Cloud (1h10 en pointe). Or déjà en roulant normalement on n'arrive pas à tenir les horaires (donc mal conçus vous en conviendrez). Avec les travaux et les déviations qui en découlent, on atteint régulièrement, voir même on dépasse les 1h30 (1h35 lundi matin : 8 km/h de moyenne !!!).
Donc forcément après, les temps d'attente entre chaque bus ont explosé et tous les chauffeurs de la ligne ont eu des courses partielles ou supprimées.