Amarok Wrote:Je pense que sur ce forum, il doit y avoir peu de monde opposé au développement du fret ferroviaire !

De ce que je l'air de percevoir à travers tes différentes interventions, Cisalpin tu privilégies la rénovation des infrastructures existantes plutôt que la construction de nouvelles lignes. C'est un point de vue qui se défend, et que je partage de façon générale, toutefois il y de nombreux contre-exemples où l'existant ne suffit pas, et le cas du Fréjus en est un.
Pour essayer de répondre à Accrotrain, quelques éléments :
Derrière "autoroute ferroviaire", il y a plusieurs concepts qui se cachent :
-Ferroutage courte distance, un peu comme le tunnel sous la Manche. Dans ce cas ce serait approximativement du Chambéry-Rivoli. En l'état, une dizaine de liaisons par jour serait théoriquement possible en l'état (ligne double), mais (1) il faudrait construire des gares de triage (2) la pente de la ligne et le gabarit du tunnel limiterait certains chargements et la masse des convois (3) le manque de sécurité du tunnel limiterait la nature de certains chargements (4) gérer l'exploitation sans amélioration de la signalisation serait possible, mais les incidents seraient quasi-quotidiens et (5) le service serait peu capacitaire, donc cher, lent, trop complexe et trop incertain pour les transporteurs. Cela ne concernerait de toute façon que quelques % du trafic de marchandises via le Fréjus.
-Ferroutage longue distance (au delà de Lyon et Turin). Là les problèmes de la courte distance demeurent, mais en plus il faut rajouter le problème de la saturation du nœud lyonnais (faire passer une autoroute ferroviaire au milieu des quais de la Part-Dieu...), probablement celui de Turin (je connais moins), la ligne par Saint-André-le-Gaz est à voie unique et déjà bien occupée par le trafic voyageur. On multiplie les facteurs d'incidents, et même en temps normal le service serait lent, cher, et peu capacitaire.
-Fret classique, hors ferroutage. Là on touche des problèmes bien plus vastes, mais les problèmes de capacité (masse+fréquence) et les limitations dans la nature du chargement demeurent.
Pour qu'un service de fret (ferroutage ou pas) marche, il faut de la capacité massique (donc des pentes pas trop violentes), un gabarit adapté sur toute la ligne (le problème n'est pas qu'en Maurienne, dans la plaine on trouve parfois des obstacles inattendus !), et des fréquences élevées. J'élude le côté politique (et fiscal...) Cela fait trop de contraintes pour l'infrastructure existante.
Avec le tunnel de base du Mont d'Ambin, on résoudra une partie essentielle du problème, mais évidemment il faudra des travaux ailleurs. Dans un premier temps il y aura l'amélioration des infrastructures actuelles (dont doit bénéficier le service voyageur), ensuite se posera la question (côté français) du nœud de Chambéry, de la ligne Chambéry Lyon, et puis enfin de la ligne en Maurienne. Il y aura de nouveaux tunnels, mais il faudra être (très) patient.
Un point positif que j'aimerai signaler et que l'on oublie en France, c'est qu'à l'horizon 2025, donc plusieurs années avant la phase 1 du Lyon-Turin, doit être inauguré le tunnel du Brenner (55km), reliant Innsbrück à l'Italie. On pense souvent aux tunnels suisses, mais l'ouverture d'un corridor Berlin-Munich-Italie permettra à l'UE d'avoir un corridor transalpin entièrement sur son territoire. Ce sera l'occasion pour nous d'avoir un retour d'expérience utile sur la politique à avoir (je fais confiance à l'Autriche !) indépendamment du système suisse pour réussir la mise en service commerciale du Lyon-Turin.