Pour reprendre le fameux adage médiatique de ces 15 dernières années, on nous a "pris en otage" avec ce sentiment de liberté qu'on pourrait sentir à posséder une voiture. C'est vrai qu'on n'a pas le choix, maintenant il faut payer! On ne peut pas dire que tout a été fait pour utiliser et optimiser les infrastructures ferrées existantes. A tel point que l'image de la gare de triage des années 50 paraît être surréaliste! On déclasse des lignes principales en lignes secondaires, et on ferme les lignes secondaires puisqu'on aura construit l'autoroute à coté, plan freyssinet autoroutier, plan marshall des pétroliers!... et tant pis si l'on a pas les moyens de payer le péage ou le plein pour le même parcours! (soit dit en passant, avec les tarifs préférentiels, un billet de train représente à lui seul le prix d'un péage, et c'est toujours bon de faire travailler le personnel au guichet, ça deviendrait une bonne action tant les distributeurs ne connaissent pas le chômage). De même pour le car, bien pratique dans certaines circonstances, il se retrouvera englué dans les embouteillages, on ne pourra pas rentrer de vélo dans la soute, et la petite voie ferrée, elle, continuera à rouiller, tant pis si elle aurait pu servir à faire vivre une région ou comme ligne de secours à un train détourné... ah mais c'est vrai que les rails n'appartiennent plus à ceux qui font rouler les trains

Enfin, la leçon des années 70/80 n'aura eu que très peu d'effet : tous les programmes d'urbanisations se sont gavés de friches ferroviaires, l'omnibus étant déjà mort bien sûr!

Exemple de la vie locale : gare de Grenoble, une voie de plus en 100 ans (voie F), un immense quartier de type Part-Dieu construit sur les entrepôt Sernam-SNCF en 1985, donc plus aucune chance d'agrandir la zone voyageurs, si ce n'est réutiliser des embryons de voies de service, gare saturée depuis le cadencement (très pratique pour un travailleur en libéral d'avoir un train à tout moment sur l'Etoile ferroviaire, mais passé 21h ou la région Rhône-Alpes...), plus de train international (on nous avait pourtant promis que la privatisation serait formidable!), des promoteurs rôdent sur la gare de triage de la Buisserate, les zones industrielles limitent le passage à 4 voies vers Moirans, le triangle de Montmélian vers la Vanoise et la Maurienne, l'Italie, est inexploité, des gares de banlieues fermées il y a 20 ans et qu'on peine à rouvrir (réunions, réunions...)... Pire, la ligne des Alpes vers Marseille et Briançon, alternative à la vallée du Rhône, risque d'être sacrifiée pour une autoroute (de montagne!) hors de prix.
Ceci dit, je n'ai jamais autant pris le train pour des déplacements professionnels, largement plus que la voiture, et je remercie les sièges Corail d'avoir pu faciliter quelques siestes réparatrices (donc ne pas finir à l'hosto, quoi), ainsi que les jeunes motivés à bosser dans les Chemins de Fer (toujours ça de moins au chômage)! Et si un jour on se rendait compte qu'il est plus économique de prendre le train, avant d'avoir supprimer tous les rails?