Bonjour,
Tout d'abord merci pour l'intérêt porté à ces deux articles et pour les avoir partagés... malgré votre scepticisme

Je me permets de prendre part à la discussion.
nanar Wrote:Tu t'imagine monter dans une cabine de PRT, et à l'arrêt suivant, 3 malabars patibulaires montent dans le même véhicule ?

S'ils montent dans le véhicule c'est que, par définition, vous n'y êtes plus

greg59 Wrote:Franchement la CUD aura tout vu, tramway, BHNS (ce qui est normal dans une étude), mais ils ont aussi du étudié un tram à voie métrique, un téléphérique, et peut être ce PRT

Franchement j'aurai tout vu, manque plus que le métro

Il me semble au contraire capital que la CUD étudie sérieusement toutes les possibilités qui ont chacune leur intérêt, leurs avantages et inconvénients avant de prendre une décision qui engagera l'agglomération, tant financièrement que du point de vue de l'urbanisme, durant plusieurs décennies.
Quant au métro, même si je perçois évidemment l'ironie de votre poste, celui-ci est bien trop coûteux et inutile pour notre territoire. Que l'on adhère ou non, le PRT reste une solution réaliste avec un coût avoisinant voire très inférieur au tramway selon les configurations retenues. La comparaison avec le métro me parait donc caricaturale

nanar Wrote:Mais il pourrait trouver sa place dans des secteurs peu denses : habitat en lotissements péri urbain, zones industrielles ou logistiques, pour lesquels des systèmes plus lourds seraient sur-dimensionnés, et où des bus conduits par des humains génèrent des coûts d'exploitation également insoutenables (et donc ne sont pas mis en place, ou avec des fréquence très peu attractives).
En cela je vous rejoins entièrement et c'est déjà là que s'est développé le PRT (aéroport de Londres par exemple). Des extensions sont d'ailleurs déjà dans les tuyaux, le système étant des plus fiables et la satisfaction des usagers et exploitants complète.
Quant au potentiel associé aux usines ou zones logistiques, c'est également un des gros atouts du PRT. Cette infrastructure peu coûteuse comparée à d'autres peut être un sérieux atout pour que des entreprises s'installent sur le dunkerquois. On touche ici l'un des gros intérêts du PRT : son potentiel rôle de levier de développement économique pour le territoire.
Pour autant, ce véhicule peut aussi s'envisager en ville.
nanar Wrote:Il y aura peut être un jour des "sortes de PRT" mais je crois qu'il ne ressembleront pas à ces machins sur viaduc que représente la video que tu as jointe au premier post.
L'argument de la pollution visuelle revient souvent, et à mon sens bien trop vite.
Tout d'abord la vidéo est là pour présenter le concept. La réalisation après est évidemment adaptable à l'environnement et aux envies de chacun, tout comme on peut plus ou moins personnaliser des tramway, les voies sur lesquelles ils circulent en les rendant plus ou moins vertes, réaliser des tronçons sans câble, ... D'ailleurs sur la vidéo on voit aussi que le PRT peut circuler parfaitement au sol, au milieu de belles tranchées vertes. Les grillages qui entourent le PRT en hauteur quant à eux ne sont ni nécessaire ni une solution, bien plus beau peut-être réalisé si vraiment des protections doivent être mises.
Concernant les poteaux, le problème est un faux problème. Deux solutions existent :
- créer de nouveaux matériaux aussi résistants que nécessaire mais complètement translucides/transparents : ceci implique de la R&D dans le secteur du bâtiment et contribue au projet de développement économique du territoire que le PRT peut servir
- réaliser de "beaux poteaux", tout simplement. Des poteaux fins et stylisés sont tout à fait envisageables. Si le métro parisien est trop bruyant selon moi, son intégration visuelle ne m'a pour l'heure jamais choquée. Il est devenu une pièce du paysage parisien, un symbole.

- sinon très simple : il est évidemment possible de végétaliser au maximum les infrastructures, dont les poteaux ! A l'heure où l'on cherche à faire revenir la nature en ville, c'est plutôt une bonne option. Ces poteaux ressembleraient à des arbres et apporteraient de la verdure, verticale, à une ville plutôt "minérale".

La question esthétique peut donc facilement se régler.
Concernant maintenant les voies sur lesquelles évoluent le PRT, restons pour le moment dans une configuration de type "aérien", elles peuvent aussi être végétalisées évidemment.
Elles peuvent être intégrées au-dessus de pistes cyclables, protégeant le cycliste de la pluie (tout en laissant passer la lumière : de ce côté là la solution existe déjà). On peut y faire passer directement dessous tous types de câbles, les attacher à la structure pour qu'ils ne pendent plus (plutôt que de les enterrer, ce qui coûte relativement cher !). On compense ainsi en partie l'effet négatif.
De même, les panneaux de circulation ou encore les feux pourraient, quand cela est possible, être intégrés directement aux poteaux ou à la structure... et ainsi on supprimerait les poteaux actuels pour tout regrouper au même endroit.
De mêmes, des arbres hauts peuvent être plantés pour dissimuler poteaux, infrastructures à certains endroits.
Donc l'intégration esthétique est très largement possible.
nanar Wrote:Je ne pense pas que ce sera dans des secteurs à forte densité de piétons, où les contraintes sécuritaires sont trop importantes.
Rappelons en préambule que tout transport comporte risque d'accident.
Mais c'est effectivement l'une des questions : comment tout faire cohabiter ? En premier lieu, en envisageant la sortie de certains véhicules (voitures notamment) des voiries en réorganisant les flux.
En second lieu, il est possible de construire en hauteur si besoin (cf. ci-dessus sur l'esthétisme) ou encore sous terre (malgré, j'en suis bien conscient, un coût plus élevé). Par exemple PRT à même le sol, endroits sous-terre pour une intersection, etc...
Si le PRT est construit à même le sol (imaginons le implanté au centre de la voirie, entouré de haies/d'arbustes et de parterres en gazon), les passages piétons pourraient correspondre à des "passages à niveau" : quand un piéton appuie sur le bouton, les PRT arrête de circuler, etc... C'est techniquement possible. Il faut faire un peu de recherche pour l'adapter mais c'est parfaitement réalisable ! Là encore ce qui importe est la "recherche", l'idée que ça peut attirer urbanistes, ingénieurs, informaticiens, etc... pour contribuer à faire de la R&D sur le territoire. Mais une nouvelle fois c'est possible.
Pour comprendre ma position concernant le PRT, il faut vraiment la voir comme une pièce dans un projet bien plus global de dynamisation du territoire que comme simple projet de transport.
Partons du fait que Dunkerque va se doter d'un transport en commun en site propre (tscp). Dès que cette question se pose, deux alternatives évidentes sautent à l'esprit : BHNS ou tramway (je laisse de côté la distinction tramway métrique/tramway 1,435m qui, si elle mérite réflexion, n'est pas foncièrement utile à la démonstration qui suivra). Le tramway coûte plus cher que le BHNS. Il convient donc de se demander pourquoi cet investissement supplémentaire serait plus intéressant que le bus.
Dunkerque ne connait aucun problème d'embouteillage. La
formule de M. Delebarre tenue en mai 2011 à ce propos est tout à fait révélatrice : "la notion de bouchon pour un Dunkerquois c'est parce qu'il y avait une voiture devant lui, peut-être derrière lui". Donc le tscp n'a pas vocation à résoudre des problèmes de congestion. En outre, le réseau de transport en commun, bien que perfectible comme cela est toujours le cas, est déjà très intéressant. On peut donc postuler que la volonté est de limiter l'importance de la voiture et de repenser le centre-ville.
Le tramway est-il, dans cet optique, la meilleure solution ? Qu'apporte-t-il de plus que le BHNS ? L'argument souvent évoqué est celui de l'aménagement urbain. Certes le tramway est souvent accompagné d'aménagement urbain. Les villes s'embellissent, c'est indéniable. Mais est-ce tant le tramway que les projets menés autour ? Rien n'empêche d'embellir une ville autour d'un axe de BHNS ou même sans tscp ; cf. les propositions de Joan Busquets (exemple de la rue du Président Poincaré -
source) :

D'ailleurs des propositions intéressantes d'embellissement et de réorientation des flux
peuvent être trouvées sur le net sans tramway et avec BHNS :


On peut réaliser un terre-plein central avec de la verdure, imaginer des voies de bus séparées par endroit par des arbustes, etc, etc. Finalement, le BHNS et le tramway, tout comme le PRT, peuvent très bien se valoir sur ses points là.
Pour autant, le tramway présente deux intérêts en plus du BHNS :
- plus que le bus, le tramway est un symbole fort d'unité du territoire. Les communes sont liées concrètement, physiquement, avec des infrastructures qui le rappellent.
- le BHNS reste un simple bus. Sa capacité d'attraction de nouveaux utilisateurs est moins intéressante qu'un tramway.
Sur ces points là, il convient d'ajouter deux choses :
- le PRT pourrait tout aussi bien marquer l'unité du territoire que le tramway
- si le tramway attire plus d'usagers que le bus, un système tel que le PRT ne serait-il pas encore plus efficace de ce côté là car proposant des déplacements à la demande, des temps d'attente minimaux (95% des usagers attendent moins de 3 minutes) et des trajets optimisés sans arrêt intermédiaire ? La combinaison des avantages de la voiture et des transports en commun (pas besoin de se garer, économie sur l'essence, déplacements plus écologiques, ...) devrait attirer encore plus d'usagers que ne peut le faire le tramway. Sans compter l'attrait "touristique".
Mais surtout, l'élément clé qui me fait préférer le PRT, mais qui effraie en même temps ses "détracteurs : son côté novateur. Non pas jouer la modernité pour jouer la modernité, velléité inutile. Il ne s'agit pas ici d'une simple question de mode de transport ou encore d'image mais bien de développement économique. Ce projet, unique en France, pourrait permettre de développer sur le dunkerquois un pôle d'excellence, axé sur un domaine spécifique touchant notamment les automatismes de locomotion et le développement de l'énergie solaire ainsi que son stockage. S'affirmer comme la région pionnière dans le développement de ce mode de transport automatique permettrait à la ville de s'affirmer sur
la scène nationale et internationale. La constitution de ce pôle d'expertise se prolongerait dans l'enseignement. De la même façon que Arques à son école d'ingénieur verrier, Valencienes ses écoles d'infographies, Dunkerque aurait ses écoles automatismes associés à la locomotion, à la gestion de l'énergie renouvelable. Le PRT peut fonctionner en partie grâce à l'énergie solaire. Les travaux à ce sujet pourraient être repris et adapter à l'éclairage public, au parking, ... C'est ainsi l'occasion de réfléchir en une véritable "croissance verte". Faut-il rappeler que Dunkerque pilote déjà un pôle d'excellence consacré aux énergies (Pôle Energie 2020) ? C'est ainsi la possibilité de revendre le système ailleurs, de faire venir des investisseurs, de faire venir des employés qualifiés. Être la première ville européenne à utiliser ce système peut aussi permettre d'inciter les entreprises concevant le PRT à s'installer à Dunkerque, créant ainsi des emplois. Des liens avec ArcelorMittal pourraient se développer : nouveaux débouchés locaux pour les productions de cette usine, et donc pérennisation du site. Si l'on opte pour le tramway, on importera des véhicules construits ailleurs. La focale étant ici le territoire communautaire, avec la volonté de se servir du PRT comme un levier de développement économique, la perspective d'y développer le centre de production est intéressant. Certes on pourrait commander des tramways en même temps que d'autres villes pour diminuer la facture. Mais dans ce cas on se contente d'importer des véhicules, de les installer dans la ville (en faisant de l'aménagement urbain mais qui, en réalité, peut être aussi bien imaginé avec un BHNS). La vision du PRT vise également à développer une nouvelle industrie sur le territoire.
Le PRT est un compromis entre du moyen de transport qui répond aux exigences de l'époque moderne (individualisme, aller où je veux quand je veux) et les avantages d'un transport collectif. Il peut pousser les gens, encore plus que le tramway, à abandonner la voiture, à adopter un moyen de transport alternatif. A défaut de vous avoir "converti", j'espère au moins vous avoir démontré que le PRT n'est pas qu'une solution farfelue, ubuesque, mais bien une piste crédible qui mérite d'être étudiée. Evidemment, elle demande d'imaginer encore plus de changements dans le coeur de la ville. Mais c'est bien là le projet ! En outre, toute la dimension de développement économique est à prendre en considération.
Enfin, le coût du PRT reste raisonnable (je vous renvoie vers les deux articles du blog). Tout comme pour le tramway, les travaux pourraient se faire en plusieurs phases. Et si la nouveauté peut toujours dérouter, et susciter une crainte quant à un mauvais fonctionnement au départ, il faut là aussi rappeler un élément : le PRT n'est pas non plus qu'un projet existant sur papier. Le PRT de Morgantown existe depuis les années 1970 (fiabilité de fonctionnement de 98,5%), l'Ultra PRT de l'aéroport de Londres est en service depuis 2010 et d'autres villes dans le monde l'étudient. Peut-être le Nord-Pas-de-Calais pourrait ainsi continuer de s'affirmer comme une zone de R&D et d'excellence dans le domaine des transports après avoir développé le VAL, premier métro automatique mondial.
Edit : je m'excuse pour ce message un peu long, mais il me paraissait important pour le débat d'essayer de clarifier certains points, de détailler l'esprit "projet global plus que transport" du PRT et de répondre de façon précise à certaines remarques
