Exercice d'alerte chimique à Sedan
SEDAN (Ardennes). Plus de 150 personnes ont participé hier aux abords de la gare à un exercice grandeur nature : ou comment organiser les secours en cas d'attentat au gaz toxique ?Pompiers (ils étaient environ 70 sur le pont), policiers, gendarmes, militaires, médecins et infirmiers du Smur et du Samu, fonctionnaires de la ville et de la préfecture, agents de la SNCF… et une trentaine d'élèves infirmiers : il y avait du monde hier en fin de matinée aux abords de la gare de Sedan pour participer à une manœuvre grandeur nature - un exercice de simulation des secours qui seraient engagés en cas d'attentat terroriste de type NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique).
Les riverains qui ont assisté aux allées et venues n'ont pas été déçus.
Tous les détails Ce fut effectivement spectaculaire mais heureusement, donc, il s'agissait de « faire comme si »… La protection civile avait imaginé un scénario selon lequel dans un TER reliant Charleville à Sedan, vers 11 heures, dans l'une des deux rames, des passagers présentaient soudainement des symptômes inquiétants (évanouissement, nausées, difficultés respiratoires…).
Alors l'agent de la SNCF donne l'alerte. Puis le train est dévié sur une voie isolée à son entrée en gare (d'où le choix de Sedan, où le réseau s'y prête).
Enfin, les secours vont alors entrer en action. Évaluation du risque, « tri » des victimes, évacuation des passagers de la seconde rame (a priori non concernés par l'attentat au gaz), prise en charge des blessés, décontamination… A partir de 11 heures, hier, tout le monde a très sérieusement joué le jeu.
Retour d'expérience« C'est une obligation désormais (livre blanc de 2008) que de se préparer à ce type de situation, on a vu ce qui s'est passé dans le métro de Tokyo ou aux Etats-Unis… Il faut qu'en matière de secours comme d'ordre public, nous soyons parés », ont expliqué sur place le préfet Pierre N'Gahane et le colonel Guibaud, patron du Sdis (pompiers) des Ardennes.
Matériels ou humains, les moyens mis en œuvre ont été déployés avec le souci d'être efficaces mais aussi, au fur et à mesure des étapes, de régler chaque détail (voire de repérer chaque détail posant problème).
Mise en œuvre du centre opérationnel à la préfecture, d'un centre avancé à la sous-préfecture de Sedan, postes de commandement mobiles à la gare : chacun, à son poste, a coordonné ce que seraient les étapes de secours d'urgence, d'évacuation, de décontamination (la salle Marcel-Schmitt fut mobilisée pour installer une chaîne mobile).
Et au-delà du scénario imaginé, très rapidement, les autorités ont pu constater que de la fiction à la réalité, il y avait un fossé. Appelons ça un retour d'expérience en direct.
« A 11 heures, ce mercredi, trois lits seulement dans les hôpitaux des Ardennes étaient libres pour accueillir des victimes en grande difficulté respiratoires. Selon le scénario choisi, nous aurions dû évacuer vers la Marne les blessés graves », a noté par exemple le préfet.
Toujours selon le scénario, à 11h30, il fallait des renforts pour la décontamination… Et encore avait-on imaginé un attentat un jour où le vent ne risquait pas de disperser des gaz toxiques vers des habitations… « Clairement, dans ce type de situation, nous aurions besoin très vite d'appuis humains et matériels des départements voisins », admettait aussi le Colonel Guibaud, qui précisait cependant que 40 pompiers du Sdis des Ardennes sont spécialisés dans les risques chimiques. En revanche, c'est un laboratoire mobile du Sdis de Moselle qui était sur place pour analyser le gaz libéré dans le train.
Plan Orsec, plan NRBC, plan blanc (hôpitaux) : hier, tout a été répété jusqu'au plus petit détail, qu'il s'agisse des secours, des capacités sanitaires. Sachant qu'une partie des opérations serait identique en cas d'accident industriel, par exemple. « On peut penser par ailleurs que les moyens militaires seraient activés en cas de crise », a encore remarqué le préfet.
Qui a félicité tous les acteurs de cette manœuvre hors normes, sans oublier les élèves-infirmiers qui figuraient les voyageurs : par une météo frisquette, pas évident de franchir les sas de décontamination en maillot de bain !