2012 année de décision sur le délégataire du réseau, du TCSP :
Le courrier Picard Wrote:AMIENS Bus, tramway: pas de droit à l'erreur cette fois!
Gilles de Robien a réalisé des travaux gigantesques autour de la gare mais n'avait pas pris le dossier des transports urbains à bras le corps. Son successeur Gilles Demailly, lui, avait fait des transports en commun une de ses priorités. Las ! Depuis 2009, le nombre de passagers a baissé et le coût du service augmenté. «Lorsque nous avons fait le choix de la CFT, nous avions dû choisir rapidement sans avoir toutes les données du problème que nous devions résoudre», se justifie aujourd'hui ce dernier.
Un nouveau gestionnaire pour les bus, une décision sur un éventuel tramway et des débats sur le TGV: l'année sera cruciale en matière de transports publics.
Deux décisions cruciales. La première, attendue en avril sera à effet immédiat sur les usagers des bus: choisir le futur gestionnaire du réseau Amétis pour les six années à venir, après la parenthèse malheureuse de la CFT depuis2009.
La seconde décision, attendue à la fin de l'année, concerne l'avenir de l'agglomération pour les trente ou cinquante années à venir: choisir entre un tramway et ou bus à haut niveau de service (BHNS).
Des deux décisions, la plus sensible est à coup sûr la première. Après le retrait du leader du marché, Veolia Transdev, deux candidats sont toujours en lice pour gérer le réseau amiénois: Kéolis, filiale de la SNCF; et RATP Dev, associé à la bonne vieille SEMTA, (Société d'économie mixte des transports amiénois) qui reprend ici du service.
Pour les élus, le choix paraît simple: Kéolis, c'est l'assurance d'avoir affaire à un professionnel très fiable qui gère avec un parfait professionnalisme les plus grands réseaux (Lyon, Bordeaux, Lille...).
RATP Dev, filiale du mastodonte parisien, est un nouveau venu dans ce marché des réseaux urbains où elle n'avait pas le droit de se développer, il y a peu.
Mais quel que soit le prochain délégataire, deux chantiers sensibles l'attendent. En premier lieu -c'est prévu au cahier des charges-, il devra totalement redessiner («graphiquer», dans le jargon du métier) le réseau. Nouvelles lignes, nouvelles dessertes, nouveaux horaires: une campagne de communication aura lieu d'ici la fin de l'année. Le nouveau réseau entrera en service en janvier2013.
La fin d'un cauchemar
Mais surtout, second chantier, le prochain délégataire devra être un orfèvre en matière de relations sociales. En premier lieu, il devra redonner confiance aux 482 salariés (en sureffectifs, à la suite de recrutements non maîtrisés) qui ont été malmenés et déchirés par trois années et demie de gestion par la CFT. Non seulement cette dernière n'était pas à la hauteur de la tache qui lui a été confiée; mais surtout, elle n'a pas reçu le soutien qu'elle aurait dû recevoir de la Métropole lorsque des difficultés imprévues ont surgi. Pas de logiciel d'exploitation, une intégration mal préparée de la sous-traitance de la CAP, une succession affolante de directeurs, des conflits internes qui ont opposé les salariés, des dérives -clairement mises en lumière par deux audits accablants, l'un sur la gestion de l'atelier, l'autre sur celles des ressources humaines-, tout cela laissera encore des traces en2012 sur des salariés désabusés.
En outre, nombre d'entre eux en sont persuadés: le prochain délégataire sera amené à dénoncer les accords d'entreprise. Ce qui ouvrirait alors une période de 18mois où de nouveaux accords seraient à négocier. Explosif.
Thierry Bonté, vice-président d'Amiens-Métropole en charge des transports, se veut rassurant à cet égard : «Nous avons demandé aux deux candidats encore en lice, de conserver l'essentiel des accords. Ils prendront l'entreprise telle qu'elle est, avec les accords tels qu'ils sont. Mais de toute façon, ils ne sont pas dans une logique de conflit mais de projet d'entreprise: mettre en œuvre une organisation efficace, remotiver le personnel, apaiser le dialogue social.»
Autre certitude, qui n'est pas anodine: cette nouvelle gestion se fera dans un cadre juridique -et économique- différent: non plus une régie intéressée (où la responsabilité de la Métropole est très engagée dans les erreurs commises et les dépenses incontrôlées); mais un affermage où les risques et... les gains seront pour le délégataire.
Bref, les 24 millions d'euros (chiffres 2010) que coûte le réseau Amétis n'emprunteront plus les mêmes circuits. Mais les élus n'auront qu'un contrôle lointain à assurer, voyant ainsi la fin d'un cauchemar qui dure depuis 2009.
Mieux, ils pourront même faire rêver les Amiénois avec un éventuel tramway. La décision politique est pour fin 2012 donc. Mais celle-ci aura pour principal effet de déclencher des études techniques et financières. Le vrai projet sera présenté en 2014... Juste avant les élections municipales.
