L'avenir du ferroviaire passe par Douai, un train d'élus l'a rappelé hier chez AFR
Hier, dans les locaux d'AFR, élus et syndicalistes ont redit la nécessité d'un pôle ferroviaire régional.
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Pôle régional ferroviaire. Trois mots magiques qui abattent les clivages politiques et font rêver les salariés d'une industrie moribonde. Élus de tous bords et syndicats de la filière, réunis hier chez AFR, poussent pour qu'il voie le jour à Douai. En allant frapper jusqu'à la porte du ministère des Transports. Le potentiel est là mais il faut s'organiser d'urgence.
Tout le monde s'accorde à le dire : c'est le moment de donner un bon coup de collier, sous peine de voir la filière disparaître. Une question de « semaines », d'après Alain Bocquet, député du Nord qui vient d'ausculter durant six mois l'industrie ferroviaire du pays en présidant une commission d'enquête parlementaire.
AFR-Titagarh a été sauvé l'été dernier à grands frais (social : 140 emplois ont été supprimés et économique : des millions d'euros ont été injectés) mais navigue toujours à vue. Et les salariés licenciés arriveront en fin de droit dans quelques mois. « La situation est telle que si aucune disposition n'est prise d'ici à 2012, c'est l'avenir même de notre industrie nationale, dont 65 % est concentrée dans le Nord - Pas-de-Calais, qui est menacée », résume Jean-Pierre Delannoy, responsable régional de la CGT métallurgie, devant des élus de toutes tendances (PS, PCF, UMP) venus, dans un consensus rare, apporter leur soutien et élaborer un plan d'action.
Pour tous, l'idée d'un pôle industriel ferroviaire régional fret et voyageurs, inventé il y a deux ans par la CGT métallurgie, doit maintenant entrer dans sa phase active. Urgemment. En s'appuyant sur le site d'AFR, à Douai, l'un des deux derniers constructeurs français de wagons de fret. Car la filière a de l'avenir. « Dominique Riquet, vice-président des transports au parlement européen m'a affirmé qu'il faudra fabriquer 100 000 wagons de fret en Europe dans les années qui viennent ! », poursuit M. Delannoy.
Qu'est-ce qui cloche ? Là aussi, les voix sont unanimes : la SNCF. « Il y a une potentialité extraordinaire mais il ne peut pas y avoir de filière si l'opérateur historique et l'État ne prennent pas leurs responsabilités », dit le député Marc Dolez. En clair : la SNCF est invitée à acheter ses wagons en France plutôt qu'à l'étranger. Ce serait logique. « On a tout ici : l'Institut de recherches technologique (IRT), I-Trans, la boucle d'essai, note Alain Bruneel, conseiller régional. Mais demain, on va penser pour fabriquer ailleurs ! »
Pour éviter cela, les élus s'activent en coulisse. Pierre de Saintignon, vice-président du conseil régional, a interpellé le PDG de la SNCF Guillaume Pépy et verra le n°2 de l'entreprise dans quelques jours. Marc Dolez, Jean-Jacques Candelier et Jacques Vernier travaillent, eux, de concert pour s'ouvrir les portes du ministère des Transports. Ils devraient rencontrer prochainement Thierry Mariani, secrétaire d'état chargé des transports.