Midi Libre - Edition du 06 Avril 2007
Vers la réouverture de la ligne SNCF Nîmes Pont-Saint-Esprit
Encore une paire d’années et on pourrait entendre siffler le train. C’est en tout cas l’espoir que fonde Laurette Bastaroli, conseillère régionale communiste membre de la majorité de gauche qui dirige Languedoc-Roussillon.
Dès le début, aux côtés de Jean-Claude Gayssot, l’ancien ministre des Transports du gouvernement Jospin, et lui-même membre de la majorité de Georges Frêche, la Bagnolaise a pris ce dossier à bras-le-corps. Désireuse de réussir là où d’autres ont pu, par le passé, baisser les bras devant l’administration, ou ne pas s’en préoccuper.
Mieux vaut être têtue pour se coltiner les cols blancs des autres administrations ferroviaires dont les vertus ne sont pas forcément, à l’heure de la très grande vitesse - et des records du monde de vitesse sur rails - de se pencher sur les dessertes régionales, surtout lorsqu’elles sont fermées depuis une trentaine d’années.
Il faut croire cependant que le transfert de la compétence "transport" aux régions a fini par avoir raison de certaines réticences administratives.
Avec, de surcroît, la création par la loi des comités de lignes qui réunissent élus, usagers des transports, syndicats, associations… L’union fait la force et peut aider à soulever ce qui peut paraître des montagnes.
Ainsi va bon train-train (à vapeur) le dossier de la réouverture de la ligne SNCF voyageurs entre Nîmes et Pont-Saint-Esprit. Un dossier complexe qui s’inscrit dans un schéma plus large, puisque pas moins de trois Régions sont concernées : Languedoc-Roussillon ; Provence-Alpes-Côte-d’Azur, pour une histoire de "virgule" destinée à relier Avignon ; et Rhône-Alpes puisque la ligne pourrait théoriquement partir de Nîmes pour arriver à Lyon.
Chaque Région avance à son rythme, au gré des difficultés ou facilités à traiter le dossier. Pour ce qui nous concerne, après l’engagement des trois Régions pour financer une étude d’opportunité et de faisabilité de la réouverture aux voyageurs de la ligne ferroviaire de la rive droite du Rhône, le 26 septembre 2005 ; après la création d’un comité de pilotage le 24 octobre suivant à Bourg-Saint-Andéol et, dans la foulée, de sept comités de lignes, dont celui de "Cévennes Petite Camargue Gard rhodanien" ; voilà que les résultats de l’étude (menée par le cabinet TTK) ont été proposés au comité de pilotage le 20 décembre 2006.
Après un diagnostic de la situation, où il apparaît un potentiel de 143 500 habitants qui pourraient être desservis par la ligne rive droite, l’étude propose six scénarii. Avec une évaluation de l’impact de chaque scénario sur la demande ; leur faisabilité en matière d’exploitation du réseau ferré avec les investissements nécessaires ; l’évaluation financière des scénarii, et une analyse multicritères pour aider au choix de meilleur scénario. « Les critères de population desservie et de coût vont déterminer le choix du scénario », explique Laurette Bastaroli. « Au final, il s’agit de cibler le maximum de population au moindre coût. »
Dernièrement, un comité de ligne propre à la rive droite du Rhône a été créé le 27 mars dernier. Et prochainement, en avril, « un protocole doit être signé entre la SNCF, RFF et la Région pour la réouverture de la ligne rive droite, avec priorité au fret », révèle-t-elle. Sachant que le projet de réouverture suppose a priori une fréquence journalière de sept allers-retours. En 2009, espère Laurette Bastaroli.
Fred GAUTIER