cisalpin Wrote:et la solution à la Suisse : on augmente les recettes en augmentant les fréquences , en modernisant la ligne , en rationalisant et optimisant l'exploitation , en misant sur un effet réseau …
on connait par cœur les résultats radicalement opposés de l'une et l'autre politique ….
Oui enfin attention aux comparaisons avec la Suisse (même s'il y a une politique plus volontariste qu'en France), la densité de population n'étant absolument pas la même, ce qui change fondamentalement les choses. On peut bien augmenter les fréquences, mais si les trains sont vides parce qu'on est dans un désert avec extrêmement peu d'habitants le long de la ligne, cela ne va pas changer grand chose au problème (au lieu de financer l'infrastructure on finance l'infrastructure et des trains à moitié vides). Surtout que dans des zones relativement plates, le train ne peut pas desservir tous les villages, qui sont trop éparpillés (alors qu'en montagne les villages sont concentrés dans des vallées bien délimitées et forment souvent une ligne facile à desservir).
En Suisse on est environ 215 habitants/km2, et si on prend en compte le fait que 40 à 50 % de la superficie du pays n'est pas du tout habitable (zones de haute montagne) on doit monter à presque 400 habitants/km2 de densité moyenne "effective", en plus dans un modèle polycentrique où il n'y a pas vraiment d'agglomération dominante, mais une sorte d'énorme agglomération à plusieurs centre qui recouvre quasiment tout le plateau suisse et s'étend dans certaines grosses vallées des Alpes (Vallée du Rhône, du Rhin et de l'Inn principalement, vers le Valais, Thun-Spiez-Interlaken et la région de Coire).
Si on prend en compte la zone la plus dense de la Suisse (le Plateau qui ne couvre que 30% du territoire suisse), celle qui est de loin le mieux desservi, on a grosso-modo la superficie de l'Ile de France, mais avec 2/3 de sa population seulement (qui est cependant mieux répartie sur le territoire qu'en Ile de France).
Le reste de la Suisse comprend, au niveau ferroviaire, principalement :
- deux transversales Nord-Sud qui relient des bassins de population importants (ainsi que l'Italie et l'Allemagne). Qui servent souvent assez peu les besoins locaux (la rampe nord du Gothard n'est par exemple plus desservie par des trains régionaux, et celle du Lötschberg ne couvre que les villages situés avant Frutigen).
-une liaison ouest-est ( MGB : Brig-Coire) qui relient les bassins de population de la Vallée du Rhône et du Rhin (des lieux touristiques importants). Et qui est la seule liaison possible en hiver entre ces régions sans faire un détour par le plateau (les cols de la Furka et de l'Oberalp sont fermés au moins 6 mois par an et seul le train peut y passer (par un tunnel ou des galeries de protection)).
-une liaison de moindre importante entre les bassins (très touristiques) de Spiez/Interlaken et de la Riviera vaudoise (avec des trains cadencés aux deux heures dans les gares les plus petites jusqu'au prochain changement d'horaire*), qui dessert cependant la zone très touristique de Gstaad.
Le reste des lignes (réseau RhB, MGB, TMR, BOB, Zentral Bahn, etc.) dessert principalement des zones comprenant un grand centre touristique : Zermatt, Verbier, Davos, St-Moritz, Grindelwald, Wengen, Engelberg, etc. où la population en hiver peut atteindre les 50'000 personnes voir plus. C'est d'ailleurs ces grands centres touristiques qui ont fait que ces liaisons ont existé (et existent toujours : d'autres vallées moins peuplées ayant vu leurs trains être supprimés, par exemple la vallée de Loèche en Valais ou de Mesocco au Tessin). Et ont souvent très peu de desserte fret (seul le MGB entre Viège et Zermatt et le réseau RhB ont encore une desserte fret).
* il y a une alternance entre un train régional cadencé aux deux heures qui dessert toutes les gares et un train interrégional qui ne dessert que les gares principales, lui aussi cadencé aux deux heures.