Je voudrais relancer ce nouveau sujet, sur le thème "réouverture réussie ou exemple de ce qu'il ne faut pas faire ?"
Parmi les petites lignes, au devenir incertain, celle-ci a fait figure d'élève modèle en bénéficiant d'un important programme de rénovation au cours des années 2000.
Pour ceux qui ne sont pas familiers avec l'Ain, elle relie Bourg-en-Bresse à Bellegarde-sur-Valserine. Initialement petite ligne de l'arrière pays, reliée à la Ligne des Hirondelles allant vers Oyonnax, elle a toutefois bénéficié d'un regain d'intérêt car située sur l'axe Paris-Genève. Fermée pour une rénovation complète et pour son électrification entre 2005 et 2010, elle constitue depuis lors un maillon essentiel de la liaison TGV Lyria Paris-Genève. Elle constitue l'alternative à la LGV des Titans, un projet abandonné censé relier la LGV Sud-Est depuis Mâcon jusqu'à Genève et permet un long détour par Ambérieu et Culoz.

Rénover une infrastructure existante bien placée plutôt que de faire une nouvelle ligne à plusieurs milliards ? En théorie une bonne idée. Cependant, la réalité montre plusieurs erreurs, voir aberrations concernant cet axe qui relève d'une vision de l'exploitation déconnectée de la réalité des territoires. Ce qui est scandaleux, c'est que les conseils généraux de l'Ain et de la Haute-Savoie, la région Rhône-Alpes et la ville de Bellegarde ont participé au financement des travaux, alors que leurs habitants n'en profitent que très peu
Dans les années 2000, il était prévu de proposer 10 TGV Paris-Genève, et 2 ou 3 (je suppose avec découplage d'UM) allant vers Saint-Julien, Annemasse puis le Chablais ou la vallée de l'Arve. Ces liaisons ont été réduites, avec aujourd'hui seulement 8 à 9 Lyria et des TGV aléatoires vers Annemasse (quelques un le week-end, surtout l'hiver).
La durée : Avant la mise en service, il était promis de tracer les Paris-Genève en moins de 3h. En moyenne, c'est plutôt 3h15, sans que la politique d'arrêts intermédiaires (Bellegarde, Nurieux, Bourg, Macon) n'en ait profité.
Plus embêtant : les TER. Les seuls TER empruntant la ligne le sont sur Bourg-Oyonnax, mais la majorité des dessertes le sont en autocar. La section Brion-Oyonnax a un avenir incertain, la voie est à renouveler et sa durée de vie est aujourd'hui comptée. Oyonnax-Saint-Claude est désormais fermée. Plus curieux, il n'y a aucun TER entre Brion et Bellegarde. Les gares intermédiaires n'ont pas rouvert (Nantua, sous-préfecture, voit donc passer des trains mais n'a plus de gare !). L'intérêt de la ligne pour des dessertes régionales est donc plus que limité. Autre aberration, la ligne est électrifiée en 25kV mais est fréquemment parcourue par des AGC B81500 un matériel bimode... seulement adapté pour le 1500V cc, il y circule donc en mode diesel ! On retrouve également des X73500.
Une gare moderne a été construite à Nurieux (pas la situation idéale, mais ils l'ont fait là où il y avait de la place) pour permettre au bassin d'Oyonnax d'avoir une desserte TGV. C'est un peu devenu une gare fantôme, avec un unique A/R pour aller passer la journée à Paris, et quelques TER Bourg-Oyonnax.
Bref, cette ligne a surtout bénéficié aux parisiens et aux genevois, mais très peu à son environnement local. D'où mon interrogation. Cette rénovation d'une petite ligne pour le TGV est-il un exemple à suivre pour d'autres petites lignes ?