Transports : Le redémarrage des trains de nuit fait peu à peu son chemin
Le pari réussi de la compagnie autrichienne OBB
Le vent serait-il en train de tourner ? C’est ce que tend à montrer le pari réussi de la compagnie autrichienne OBB. En octobre 2016, elle a repris la moitié des liaisons nocturnes de la Deutsche Bahn. Ses trains couchettes – les « Nightjet » – desservent aujourd’hui une dizaine de lignes, au départ de Hambourg, Berlin, Munich et Düsseldorf, à destination de l’Autriche, de la Suisse et l’Italie. Plus cinq autres dessertes vers la Pologne, la Hongrie et la Croatie, assurées par des compagnies partenaires, précisait Le Monde, début juin. La fréquentation ravit OBB, qui comptabilise 1,4 million de passagers par an dans ses « Nightjet » et dit la tendance à la hausse.
Sur les prix, le train de nuit rivalise rarement avec les compagnies aériennes, surtout lorsque celles-ci proposent un vol low-cost. « Mais le train de nuit offre l’avantage, souvent oublié, de vous transporter pendant votre sommeil et de vous faire économiser une nuit d’hôtel, rappelle Karima Delli. Pas négligeable quand on part en vacances avec un budget serré. » La députée songe particulièrement aux jeunes, « mais ça peut aussi intéresser une clientèle affaire, poursuit Nicolas Forien. Pour un Toulousain qui doit assister à une réunion avant 11h à Paris, le train de nuit est la seule solution qui lui évite de devoir arriver la veille et de prendre une chambre d’hôtel. »
Paris-Berlin, mais aussi Bordeaux-Nice ou Strasbourg-Perpignan…
Reste à choisir les trains de nuit à relancer. L’État s’est engagé à se pencher sur la question dans un rapport qui sera remis en juin 2020. C’est l’une des mesures pour l’instant obtenues dans le projet de loi Mobilités [toujours en cours d’examen]. Karima Delli dit aussi vouloir engager ce même travail à l’échelle européenne. « C’est l’un des premiers dossiers que je veux mener au sein de la commission transport du Parlement européen », indique-t-elle.
Nicolas Foret, comme Loreleï Limousin, ont déjà un plan de relance en tête. Ils aimeraient que le gouvernement prenne conscience de l’utilité des trains de nuit sur les liaisons internationales. « Nous aimerions revoir des Paris-Berlin, Paris-Barcelone », lance le premier. « Il serait aussi pertinent de les relancer sur des liaisons nationales transversales », ajoute la responsable des politiques de transport du RAC. Autrement dit, les Brest-Lyon, Bordeaux-Nice, Strasbourg-Perpignan. Ces liaisons peuvent se faire de jour, mais avec l’inconvénient de devoir passer une bonne partie de la journée dans le train. Des compagnies aériennes se sont aussi positionnées sur ces trajets. « Mais sur ces vols régionaux, le bilan carbone de l’avion est plus lourd encore, rappelle Loreleï Limousin. C’est loin d’être une bonne solution. »
Une écotaxe sur les billets d’avion comme piste de financement
Le hic est que tout plan de relance du train de nuit nécessitera d’investir de l’argent. Pour remettre sur les rails les lignes comme pour investir dans du matériel roulant offrant le confort moderne. Voilà à quoi pourrait servir une écotaxe sur les billets d’avion, avancent les partisans du train de nuit. Le 9 juillet, Elisabeth Borne a annoncé l’instauration, dès 2020, d’une taxe pouvant aller de 1,50 à 18 euros sur les billets d’avion au départ de l’Hexagone. Sauf les vols en correspondance et ceux vers l’Outre-mer et la Corse. De quoi rapporter 182 millions d’euros, selon les premières estimations. « Une telle écotaxe est aussi à l’étude à l’échelle de l’Union européenne », précise Karima Delli.
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