par Thor Navigator » 04 Nov 2018 23:13
Sur ton premier point, j'ignorais que Réseau avait imposé des VL particulières (VLP) pour les Regio2N sur Lyon-SAG, d'autant plus surprenant que l'essentiel du parcours a vu l'armement de la voie renouvelé récemment. Cela s'explique peut-être par des craintes d'usure accélérée d'un ou plusieurs tabliers de pont-rails. L'Ingénierie de Réseau a récemment mis en évidence un comportement particulier du Regio2N sur certains tabliers, conduisant dans certaines conditions à des phénomènes de résonance, qui n'avaient pas été observés sur les précédents matériels à deux niveaux, dont la configuration de masse (au niveau des efforts dynamiques en particulier) est différente. Sur Orléans-Nantes, plusieurs VLP 120 ou 140 ont pour cette raison été mises en place (la problématique est désormais prise en compte par Réseau pour le futur matériel TGV, qui aura également un diagramme de charge différent des Duplex actuels).
Le sujet des VLP liées au matériel est préoccupant car tendant à se multiplier avec les engins récents. Et l'impact est fortement accentué du fait du bornage de ces VLP que met en oeuvre l'EF. En effet, comme il n'existe pas de signalisation particulière et qu'il n'est -sauf cas particulier- pas question d'étendre cette VLP à un ensemble de circulations non concernées, des points d'application encadrants, facilement identifiables (de jour comme de nuit ou par mauvais temps) par les conducteurs, sont retenus, aboutissant à un lissage (par le bas) des VL. Ainsi, pour 30 m de limitation (je prends volontairement un cas extrême pour illustrer), on peut aboutir à 5 voire 8 km de ralentissement... Double peine, une fois encore !
Sur ce sujet très particulier de l'interaction entre les R2N et certains OA (Réseau invoque d'autres motifs, les Régiolis comme nombre de locomotives récentes -à vocation Fret- subissent aussi des VLP), il y a à mon sens une réflexion de fond à mener entre experts Matériel et Infra car la problématique posée est p-ê plus liée à la "fatigue" résultant de sollicitations répétées qu'à la protection contre la ruine de l'ouvrage (*). Dans cette hypothèse, les données prises en compte devraent être représentatives des circulations concernées, sur la durée d'utilisation du matériel (vis à vis de la ruine d'un ouvrage, on prendra évidemment en compte le niveau de charge maximal (CN4) et même exceptionnel (>CN4), avant d'ajouter une marge de sécurité). Or l'occurence de circulation de Regio2N en CN4 ou CE sera très faible (voire quasi-nulle), vu le type de service assuré (pour mémoire, un R2N "long" emporte 950 à 1000 voy en CN4, le double donc en UM2). Il en irait évidemment différemment s'il s'agissait d'un matériel RER sur une infra située en zone dense...
On évalue aujourd'hui de manière beaucoup plus précise et rigoureuse les sollicitations des matériels roulants neufs sur l'insfrastructure. Avec pour corollaire des restrictions d'utilisation qui ne cessent de croître sur le RFN. Si cette même approche était appliquée sur les matériels anciens, très peu pourraient circuler en mode nominal (ils auraient des restrictions un peu partout)... On a une approche un peu similaire avec les courbes de freinage ETCS, sous couvert d'objectif de "freinage garanti". A vouloir être trop vertueux, le "malade" mourra guéri, vu le traitement administré... Le rail ne vit pas dans un monde clos.
(*) Lors de la construction d'un ouvrage, on le dimensionne à la fois pour éviter sa ruine (on parle d'état limite ultime) et aussi pour qu'il résiste dans la durée (état limite de service), compte tenu de l'exploitation qui en est prévue. Les hypothèses de charge retenues pour les deux cas ne sont évidemment pas les mêmes, dans le cas général, et on applique dans les deux cas des coefficients "majorateurs" de sécurité.
Sur Lyon-Ambérieu, un renforcement est envisagé dans le cadre du schéma directeur des installations de traction électrique de la zone lyonnaise mais hélas pas au même horizon...