Bonsoir à Bernard et à tout le monde,
Je n’avais jamais vu ces deux dernières photos de Bernard, ni les trois d’avant. Quel plaisir de voir ces documents ! Comme qualité photographique c’est très médiocre, mais une photo médiocre c’est tellement mieux que pas de photo du tout !
1. Le bus RenaultPour celle de la place Saint-Serge j’ai d’abord pensé au Renault R4190 ou R4191 que les Transports A. Démas ont possédé et qui était carrossé en autobus, avec une unique porte à l’avant, à trois panneaux, et sans doute une porte battante à l’arrière (peut-être à gauche ?), mais pas de porte au milieu. Chose inhabituelle sur un autocar : il était équipé d’un capot de ligne à l’avant, au-dessus de la girouette. Il servait régulièrement sur la ligne de Montreuil-Belfroy, la seule exploitée par Démas. Je me demande toujours si ce n’était pas un bus ex-RATP de grande banlieue qui aurait été racheté d’occasion par Siroux ou Démas (c’est la même entreprise mais elle avait changé de nom lors de la reprise par M. Démas). Il était très semblable à celui-ci vu sur la ligne 262 de la RATP (voir en 1949 le R4190 et en 1950 le R4191 à :
http://renault.38.free.fr/les%20bus/les%20bus.htm).
Mais ce Renault avait un cul rond or celui de la photo semble plutôt avoir un arrière plat, ce serait donc un des trois R4231 de Nancy, rachetés par Démas. Un quatrième bus de Nancy est resté longtemps à vendre à Saint-Jean-de-Linières, près d’Angers, chez Landrau-Dénéchère, un vendeur de poids lourds et matériels de travaux publics d’occasion. Je pense que vers 1971 il était encore là.
Ces quatre R4231 ex-Nancy-CGFTE étaient arrivés à Angers en livrée d’origine (haut gris clair, bas bleu moyen). Ils portaient une girouette latérale au-dessus de la fenêtre du receveur et un capot de ligne à l’arrière. Leurs portes étaient en 433. Ils étaient aptes à un service à un ou deux agents, avec entrée par l’avant ou par l’arrière, deux cadres lumineux indiquant la bonne porte, chacun près d’une des deux portes.
Ces bus ex-Nancy étaient semblables à celui-ci :
http://www.casimages.com/i/150914022021658858.jpg.html. Il y avait en plus une large ouïe d’aération sur le toit, vers l’avant, après le capot de ligne. Parmi ceux de Démas il y avait, sauf erreur le n° 54 de la CGFTE. Je suppose, mais sans aucune justification, que ces quatre R4231 de Nancy auraient pu avoir été achetés en lot par M. Démas, lequel n'en avait conservé que trois.Je crois que, lors de l'achat des trois Chausson ex-78, un petit avion monomoteur, à l'allure vaguement militaire, faisait partie du lot. Il était resté un bon moment sur le terre-plein du quai Félix Faure, garé avec les autobus.
Sur la photo ce bus Renault est en livrée de deux tons : vert moyen pour le haut et beige clair pour le bas, avec une grande signature peinte à l’arrière. Si l’on ne compte pas les premiers véhicules des cars SIROUX, du temps de M. FLOEGE qui avait monté l’entreprise avec du matériel disparate, c’était la deuxième livrée.
Au fond de la photo, au milieu, on voit le clocher de l'église Saint-Serge avec, devant, une maison : peut-être la maison du chef de gare ? J'en ai une diapo mais non scannée. Derrière le bus Renault on croit voir un château d'eau en tôle. Il y en eut bien un, mais je ne suis pas certain de l'endroit, j'en doute même fortement, peut-être était-il plus près de la maison ?
2. L'autocar SC3 et la place MolièreL’autocar Chausson SC3 de Démas, vu place Molière avec l’usine Cointreau dans le fond à droite, portait cette même livrée.
Cette photo aussi est très intéressante parce que :
– à gauche on voit la nouvelle (et regrettable) voie des Berges qui va être hélas maintenue ;
– la ligne d’arbres du quai Gambetta qui est dans l’alignement du quai Félix Faure, lequel est dans le fond. La voie ferrée du port longeait cette ligne d’arbres à droite pour nous, à peu près dans l’axe de l’autocar ; un peu avant l’usine Cointreau elle obliquait vers notre gauche et se terminait en trois voies parallèles : une le long du quai, pour la ou les grues, une parallèle à la première pour les wagons et une plus à droite. Entre la deuxième et la troisième il y avait un entrepôt en bois qui avait appartenu aux ardoisières. Ces trois voies se terminaient à peu près à la hauteur du photographe ou derrière son dos, à quelques dizaines de mètres près.
C'est cette même place Molière, ce même endroit où était le photographe, qui servira de station centrale à la future ligne B du tramway ! Ça me paraît tout sauf sérieux quand on sait que tout autour c'est plein de vide : la Maine, la voie des berges, d'anciens quartiers démolis pour construire cette voie et des parkings, des commerces dont certains sont vides depuis longtemps, des rues pas bien riches (comme la rue Maillé), voire délabrées comme la rue Petite-Romaine…
Comment va réagir la clientèle ? On ne peut pas dire qu'on va la chercher où elle se trouve pour la conduire là où elle veut aller. L'hyper-centre, le vrai, est à 300 mètres plus haut, en grimpant la forte pente de la rue de la Roë. La future ligne C du tram reliera la place Molière à la place du Ralliement, via la rue de la Roë, mais ce sera une ligne de doublage, quelle sera la qualité de l'offre pendant les vacances scolaires, les dimanches et les soirées ? Fonctionnera-t'elle seulement lors de ces périodes ? J'ai quelques doutes, connaissant bien ma ville et ses défauts. Depuis cette année, Montreuil-Juigné, terminus de l'ancienne ligne Siroux-Démas (*), n'est plus desservi le dimanche sauf par taxi et en réservant au moins la veille ; la commune compte environ 7 500 habitants. Idem pour Sainte-Gemmes-sur-Loire, 3 500 habitants, avec l'hôpital psychiatrique départemental. On peut donc avoir de sérieux doutes sur l'évolution qualitative du réseau angevin, d'autant plus que par le passé nous avons traversé de longues périodes indigentes qui ont laissé de regrettables traditions.
(*) À leur époque les Transports Sirous puis Démas avaient toujours maintenu un service du dimanche, certes maigre, mais c'était une exploitation aux risques et périls, sans un sou de la collectivité. En 2017, après environ 87 ans de service du dimanche, c'est la quasi suppression car un taxi à réserver la veille, ce n'est pas du transport urbain, et ce n'est qu'une caricature de service public.