À la suite d'une discussion sur les rames pelliculées des trams d'Angers, qui a dérivé vers la situation critique et inquiétante du déclin des centres-villes et de leurs commerces, je lance ce sujet pour y rassembler des éléments de discussion sur ce thème spécifique et de très grande importance.
Pour le démarrer je mets des liens vers des articles de presse récents.
Il serait sans doute souhaitable de nous limiter à cette question du commerce et des centre-villes des agglomérations moyennes et petites, voire très petites.
Mais je ne jetterai pas la pierre à d'éventuelles digressions car moi-même je digresse très souvent.
On n'y penserait pas d'emblée, mais ce déclin ne frappe pas seulement les petits commerces car même le devenir des zones commerciales périphériques est incertain : aux USA, inventeurs de la formule, il y a des malls abandonnés — le mall est un centre commercial couvert. Voir ces sites sur les dead malls :
- https://en.wikipedia.org/wiki/Dead_mall
http://www.deadmalls.com/
http://carfree.fr/index.php/2015/04/30/la-disparition-des-centres-commerciaux/
https://www.google.fr/search?q=dead+malls+usa&client=firefox-b&tbm=isch&tbo=u&source=univ&sa=X&ved=0ahUKEwitsLL8zMvVAhWQfFAKHQIPBekQsAQIPQ&biw=1600&bih=754
- http://www.pascal-madry.fr/dead-malls (attention : il y a un grand blanc dans la page, il faut la descendre)
http://deadmallseurope.blogspot.fr/p/blog-page.html (voir la liste en bas de page)
https://www.google.fr/search?q=dead+malls+france&client=firefox-b&tbm=isch&tbo=u&source=univ&sa=X&ved=0ahUKEwj_tNbyycvVAhVDZlAKHRX7C1YQsAQIPg&biw=1600&bih=754
Il faut préciser le terme de « périphérie » utilisé par C. Guilluy : il s'agit, grosso-modo, de nommer ainsi l’immense partie du territoire français qui ne fait pas partie d’une métropole (les plus grosses ne sont que treize en France, Paris compris). Il s'agit donc de l’essentiel de la surface du territoire, un mélange de zones suburbaines densément bâties, de villes moyennes et petites, voire toutes petites, et d’immenses zones rurales. Ce qui réunit ces territoires disparates, apparemment sans lien, est la modestie de leurs habitants qui sont considérés comme subalternes, leurs revenus réduits et leur précarité. Leur dépendance à l’automobile est aussi un des critères : ce sont des gens pour qui la voiture est indispensable, mais qui ne prennent guère l’avion, lequel est un critère des « métropolitains » qui l'utilisent souvent. En somme, est « périphérique » ce qui est en dehors du très petit territoire des métropoles riches, prospères, avantagées et assez arrogantes car elles prétendent guider le pays. Mais le guider vers quoi ? La feuille de route est assez imprécise.
Toutefois il n'y a pas que des géographes perspicaces pour s'intéresser à ce problème : dans les milieux du commerce et de la promotion immobilière, après des décennies très profitables qui ont transformé le pays et son aspect, on éprouve aussi quelques soucis.
Pourtant il suffit de se promener en France, en dehors des métropoles-Potemkine où tout va bien parce qu'il y a de l'argent et qu’elles sont avantagées, pour constater avec tristesse le déclin d’innombrables territoires. Ce déclin dure depuis très longtemps, au moins depuis la fin de la deuxième guerre, mais sans doute d’encore avant.
Parcourir la France, c’est traverser des petites villes pleines de charme, aimables et pittoresques, mais qui végètent pour la plupart sans espoir. On parcourt aussi des campagnes souvent très belles — à vrai dire il n'y en a pas de laides — qui sont toujours cultivées, mais on sait que beaucoup d'agriculteurs y vivent avec un revenu misérable et que le taux de suicides est très élevé.
Les services publics s'éloignent et souvent disparaissent. Internet y est souvent fort mal reçu, on a du mal à se connecter au réseau.
Le réseau ferroviaire y subit un délaissement général qui justifie des destructions définitives dont il y a lieu de craindre qu'elles vont devenir massives, faute d'argent et de motivation. C'est la rançon de la primauté absolue du TGV, de la dérive des coûts (RFF sous-traite l'entretien de ses voies à la SNCF qui impose ses prix, faute de concurrence) et du maintien de conditions sociales très favorables par rapport à l'immense majorité de la population.
Il y a bien sûr l’autocar, mais c’est de plus en plus un car express intercités qui ne dessert pas les bourgs et ne va pas plus vite qu'une rame TER omnibus qui s'arrête partout. Je ne sais si je suis dans le vrai, mais à vue de nez je croirais volontiers qu’en France seule une commune sur trois est desservie par autocar, et encore : pour une part ils sont scolaires et donc saisonniers. Quant au dimanche, nous sommes en France, dans la patrie du service public, c’est-à-dire qu’il n’y a presque rien.
Les commerces sont, pour une part nombreuse (de 10 à 20%, ou plus) des morts-vivants dont les vitrines sont occultées au lait de chaux ou par des grandes photos de vieilles boutiques, quand on peut se les payer. Les boutiques survivantes sont heureusement les plus nombreuses, mais beaucoup ne sont guère prospères. Les petites communes sont souvent désertées par les commerces, on est déjà bien content quand il reste une boulangerie, une épicerie et un bistrot. Dans les petites et toutes petites villes les rares rues piétonnières, jadis vivantes, sont aujourd’hui mornes et désertées.
Bref, il y a lieu de ressentir un certain cafard, mais on peut toujours aller se réconforter dans les zones commerciales périphériques à l'architecture festive, près d'un Casino, d'un Leclerc, d'un Auchan, etc.
Tout près y passe la vie : une autoroute, une rocade…