Arnaud68800 Wrote:Peut-on m'expliquer le rapport entre le report sur route de cette ligne (ce qui est plus exact que le terme "fermeture") et la SNCF ?
A ce que je sache, il s'agit d'une ligne TER, donc c'est la Région Lorraine qui prend des décisions, et non pas la SNCF, qui n'agit qu'en simple exploitant pour le compte de la Région ! (...)
Bref, avant de torpiller une fois de plus la SNCF de façon injustifiée et croire que l'herbe est plus verte chez nos voisins, il faudrait peut-être mieux décrypter la situation...
Le problème est celui du monopole de la compagnie ferroviaire et de son "environnement politique".
En France les autorités politiques sont obligées de recourir aux services de cette compagnie pour exploiter des trains.
L'alternative est le car uniquement.
Le coût du TER souvent évoqué serait de 14EUR/KM. Ce sont les chiffres annoncés par la SNCF, difficilement vérifiables, les régions se plaignent d'une comptabilité opaque.
Le coût du car serait lui de 2EUR/KM.
Une ouverture à la concurrence pourrait permettre de baisser ce coût. Peut etre à 12EUR, 10EUR voir moins, y compris de la part de la SNCF qui pourrait faire des efforts sur ses coûts et/ou les répercuter sur le client que sont les autorités organisatrices.
Dans le cas de la ligne Sarguemine - Bitche, il n'est pas possible qu'un autre exploitant, y compris allemand, propose d'opérer cette ligne, en proposant des solutions innovantes comme le tram train.
La SNCF quand à elle continue d'aller faire à l'étranger ce qui n'est pas autorisé en France, c'est à dire répondre à des appels d'offre pour exploiter des lignes face à des sociétés concurrentes et développer son activité routière (Keolis, IDbus).
Ce monopole arrange à la fois la compagnie et ses employés:
- la compagnie: la SNCF s'est rendue indispensable pour tout ce qui concerne le chemin de fer, a une fonctionnement de société privée avec une liberté tarifaire totale (cf les tarifs TGV) et touche des subventions pour les activités non rentables. Les bénéfices sont soit reversés à l'actionnaire (mais qui la finance tout de même très fortement), soit investis dans le développement à l'étranger. La puissance de la compagnie est telle qu'elle a repris la gestion de l'infrastructure (RFF), alors que la séparation avait été pourtant le fait de l'un de ses ancien employé/leader syndical, se rendant ainsi incontournable en cas d'ouverture à la concurrence, permettant de contrôler encore mieux ses rivaux. La mise sur route de liaisons ferroviaire la dérange moins qu'un opérateur concurrent: les lignes de car sont souvent opérées par sa filiale Keolis. En clair tout reste dans le groupe.
- les employés: très chatouilleux sur la concurrence, n'ayant pas peur de bloquer leur compagnie pour obtenir gain de cause et la conservation de leur statut très généreux (comme la retraite à 50 ans) pourtant fortement financé par l'argent public (y compris les régions quand elles exploitent les TER). Eux également préfèrent voir une ligne fermée et partir par car, leur statut et leur conditions de travail n'est ainsi pas contesté. Lorsque la SNCF développe des services ce sont des sous traitants ou filiales qui s'en occupent (exemple les Gilets Rouges pourtant travaillant pour la SNCF mais n'appartenant pas à la compagnie).
Le handicap de cette situation est une extrême lourdeur, une compagnie monopolistique qui dicte son bon vouloir à toute ouverture de ligne, ne faisant pas forcément le nécessaire pour empêcher des fermetures. Il n'est pas sur que
Ouvrir à la concurrence, non pas de façon sauvage, mais par le biais d'appels d'offre, pourrait à la fois réduire la facture, développer le service, améliorer la qualité de service,
Ça ne peut paraître pas grand chose, mais si le prix du TER diminue de 14 à 10EUR le km, c'est 30% d'économies pour les régions ou 40% de services en plus.
Ce qui est choquant dans la situation française, c'est que la compagnie qui prône et bénéficie de ce monopole ne s'interdit pas de faire de telles pratiques à l'étranger et en fait même un pilier de son développement.
Qu'une compagnie de chemin de fer concurrence des services ferroviaires par des cars, à la fois ses propres services (cf idBus) que d'autres compagnies nationales (cf Montreal Quebec opéré par Keolis face à VIA RAIL CANADA)
Et question qui fache... le tout financé par le client et le contribuable français? Sur les 14EUR/KM de TER, combien est consacré au développement à l'étranger alors qu'il pourrait l'être à développer/ouvrir des lignes? 1EUR? C'est déja trop!
Après c'est pratique de reporter la "faute" sur les autorités politiques qui décident du service. L'explication "allez voir les politiques" est un peu courte, surtout vu le contexte financier contraint et les efforts financiers nécessaires.
PS: même si c'est HS, raisonnement identique avec la RATP...