Transports : les milliards du Grand Paris passent mal à Marseille
D'abord sur les réseaux sociaux puis par voie de communiqué, les élus locaux montent au front pour dénoncer l'inégalité de traitement entre Paris et les grandes villes de France. Ils comparent les sommes débloquées pour l'amélioration des transports autour de la capitale et l'absence de perspective pour le réseau de la métropole marseillaise.Mercredi, en conseil des ministres, Jean-Marc Ayrault a donné le coup d'envoi du "Nouveau Grand Paris", qui "ne se fera pas sans un programme d’investissements historique en matière de transports". Lequel "coûtera beaucoup plus cher que ce qui avait été annoncé par le précédent gouvernement : 29,5 milliards d'euros au lieu de 20 milliards". Gloups.
Ce tweet grinçant du vice-président du conseil régional chargé des transports l'illustre bien : certains élus locaux ont du mal à voir passer le train des 200 km de métro du Grand Paris express, et surtout les milliards d'euros apportés par l'État à cette opération. Toujours chez Europe Écologie-Les Verts, le président de la RTM Karim Zéribi se dit "scandalisé. Avec seulement 3 à 5 milliards d'euros on métamorphoserait Marseille et ses environs".
"Mais que font donc les Mennucci Carlotti Caselli et consorts pour que le gouvernement aide enfin Marseille ?", a lancé sur Facebook Yves Moraine le président du groupe UMP au conseil municipal, jamais avare d'une pique pour les candidats à la primaire socialiste. Pour l'instant, de ceux-là, seule la sénatrice socialiste Samia Ghali a réagi, avec un communiqué acerbe diffusé ce matin :
Nous avons à Marseille, 2 malheureuses lignes de métro qui ne font que 12 kilomètres et un tramway qui ne dessert que le centre ville. Notre retard est considérable. Nous avons besoin nous aussi d’un engagement financier fort de l’Etat au travers d’un « Plan pluriannuel de développement des transports collectifs en site propre » pour Marseille.
Le constat n'est pas nouveau - et avait motivé un coup de gueule sur Marsactu de Fabien Pécot - mais la maire du 15/16 ne manque pas de relever que le gouvernement a depuis tenu un comité interministériel pour Marseille, le 6 septembre dernier. Lequel était particulièrement maigre en la matière, avec principalement la promesse de pouvoir concourir, comme toutes les villes, au futur 3e appel à projet de l'État.
Une lacune soulignée par de nombreux opposants au projet de métropole comme seule perspective d'amélioration des transports. Dans la foulée de Samia Ghali, un autre sénateur, l'UMP Bruno Gilles, y est allé de son communiqué dénonçant un "deux poids deux mesures", oubliant que le gouvernement actuel ne fait que reprendre le projet laissé par le précédent. En tout cas, cela ne semble pour l'instant pas émouvoir la ministre de l'Égalité des territoires Cécile Duflot, interpellée par Sophie Camard, une camarade Europe Ecologie-Les Verts (encore) :
Argument contredit par les 4 milliards d'euros injectés par l'État en 2010 dans la société ad hoc chargée des travaux du supermétro et les nouvelles pistes de financement évoquées pour boucler le budget (reversement de taxes, augmentation des amendes de stationnement pour aider les collectivités...). Mais de toute façon, Cécile Duflot avait fermé le ban :
C'est vrai : avec environ 160 millions de voyageurs par an, la ligne B égale l'ensemble du réseau de la RTM. Mais combien de "métropolitains" marseillais coincés dans leur voiture faute de mieux ?