Si quelqu'un a un meilleur titre, je suis preneur .
Première ouverture de topic !
Les usagers du TER « sacrifiés » au profit des clients du TGV ?
Chez les habitués du Grenoble-Valence, l'angoisse progresse à mesure qu'approche la date fatidique. A partir du 9 décembre, et pendant un an, aucun train ne circulera entre Valence (Drôme) et Moirans (Isère), à 15 km au nord-ouest de Grenoble. Les quelque 7500 voyageurs, surtout des étudiants et des salariés, qui empruntent le train chaque jour sont priés de se tourner vers la "desserte routière de substitution" mise en place par la compagnie ferroviaire. En clair, ils prendront le car.
"Mon temps de parcours va doubler", constate amèrement Yves Gimbert, qui monte chaque matin dans le train à Vinay (Isère) pour se rendre à Grenoble, où il travaille comme chercheur. Les arrêts fréquents, les lentes manœuvres du car dans les villages, les encombrements qui saturent la région de Grenoble (comme rapporté ici) et les travaux de la ligne E du tramway rendent la durée du trajet aléatoire. M. Gimbert, par ailleurs président de l'association des usagers crée il y a dix ans, redoute à l'avance les soubresauts et l'inconfort. "Dans le train, je travaille, mais dans le bus, c'est impossible", souligne-t-il.
Alpes-Méditerranée. Les travaux, qui coûteront au total 500 millions d'euros, sont motivés par "la modernisation du Sillon alpin sud", comme dit Réseau ferré de France, qui a consacré une page Internet à ce chantier. Il s'agit, comme le confirme la GCT-cheminots, d'électrifier la ligne, de poser des panneaux d'isolation anti-bruit et de construire un raccordement, à la gare de Valence-TGV, entre la voie venant de Grenoble et la ligne à grande vitesse Paris-Marseille. Un tronçon de 3,5 kilomètres de ligne nouvelle doit être créé et des ouvrages d'art seront construits. Des TGV pourront ainsi relier, sur cette voie électrifiée, les Alpes et la Méditerranée. RFF et la SNCF, qui bientôt ne feront plus qu'un, assurent que ces travaux "permettront d'assurer de nouveaux services voyageurs entre les principales agglomérations situées entre Annecy et Grenoble, d'une part, et la façade méditerranéenne, d'autre part". Bon, "services voyageurs", encore cette novlangue sans préposition, mais passons.
Les usagers du Grenoble-Valence comprennent la nécessité d'électrifier la ligne et savent que la durée des travaux est incompressible. Ces dernières années, les habitués se sentaient sacrifiés. Trains supprimés sans préavis, matériel vieillissant, retards pour cause de gel ou de panne de signalisation... Quelques habitués témoignent sur le site de l'ASULGV. D'autres envoient des mails à Yves Gimbert pour raconter leur "galère". A force de multiplier les retards, une passagère craint "ne plus être crédible auprès de (son) employeur".
Qui prendra le TGV ? Une fois que les travaux seront achevés, fin 2013, le service devrait s'améliorer sensiblement. Le Grenoble-Valence ne bénéficiera en revanche pas de trains supplémentaires. Selon Yves Gimbert, "les horaires qui seront réservés aux TGV coïncident avec ceux des TER, notamment aux heures de pointe". En outre, la configuration de la ligne Grenoble-Valence, qui partage une vingtaine de kilomètres avec Lyon-Grenoble, interdit l'ajout de trains. Privilégie-t-on une ligne TGV au détriment des usagers du TER ? Yves Gimbert le pense. Le raccordement à Valence TGV, dont le coût, d'abord estimé à 38 millions d'euros, pourrait grimper à "44 millions", n'est pas nécessaire, estime-t-il. "150 'very important persons', parmi lesquels les grands élus, tiennent à pouvoir se rendre de Grenoble à Marseille sans changer de train ; et pour cela on désorganisera les trajets quotidiens de milliers de passagers", assure-t-il.
Multiples témoignages. La SNCF affirme pourtant, de plus en plus nettement, son souhait de privilégier les trains du quotidien. M. Gimbert n'est pas le seul à marquer son scepticisme. Lorsqu'un accident interdit l'emprunt de la ligne à grande vitesse Paris-Lyon, les TGV sont détournés par la ligne classique. Or, comme raconté ici, les voyageurs au long cours s'accommodent des retards, car il leur suffit de reporter un déjeuner ou une réunion. Les usagers du TER, qui pour certains doivent pointer en arrivant au travail, sont beaucoup plus embêtés. Entre Nice et Marseille, j'ai vécu des moments similaires. Assis dans un train régional à l'arrêt, les voyageurs regardent passer les TGV. Les amoureux du mythique "Cévenol", qui relie Clermont-Ferrand à Marseille par la vallée de l'Allier, s'inquiètent du sort réservé à leur train préféré.
Bordeaux-Marseille. Un lecteur, M. Colombel, qui vit dans le Gers, a écrit au Monde il y a quelques mois pour raconter ses mésaventures sur la ligne Bordeaux-Marseille. "Les prestations sont dégradées", tonne ce lecteur. Et de raconter "les Téoz, vieux Corails rebaptisés, dont la climatisation tombe toujours en panne quand il fait trop chaud", "les WC souvent condamnés ou bien sans eau", "les retards systématiques" et "les mises sur voie de garage pour laisser passer les TGV". Vous avez dit priorité ?