par Thor Navigator » 13 Oct 2012 22:30
Salut,
le gain de 26 min (25 min de mémoire, + 2/3 min pour la partie Auxonne-Genlis) s'entend par rapport à la première phase du projet, sans raccordement court de Mulhouse, à desserte identique, i.e. en comparant une mission sans arrêt à Mulhouse (pour la première phase, via Mulhouse nord). Les dessertes qui ont été mises en place sur l'axe nord-sud ont sensiblement évolué par rapport à ce qui était prévu dans la DUP puis le dossier d'approbation ministérielle, conséquence pour partie de la réduction de l'offre de 8 à 6 A/R entre Strasbourg et Lyon et des ambitions revues à la baisse en trafic international (elles étaient pourtant modestes dans le DAM).
Les temps de parcours de référence étaient de 2h47 (arrondi à 2h50 dans le dossier d'EUP) avec la branche Est complète et 3h13 (arrondi à 3h15) avec la seule première phase pour Strasbourg-Lyon Part-Dieu, dans les deux cas pour une mission sans arrêt intermédiaire, assurée en matériel Réseau ou Duplex (marches en UM) et empruntant la LGV SE entre Mâcon et Lyon. Le temps de parcours de référence permet de faire des comparaisons objectives entre plusieurs scénarios d'infra, sur la base de la mission la plus rapide visée à l'horizon du projet. Les temps de parcours des dessertes de 2012 et 2013 sont plus élevés du fait de la politique d'arrêt retenue, du montage de la trame de sillons RFF avec du matériel PSE moins performant, et de la circulation par l'axe PLM pour tous les trains, hormis le bolide mis en service en 2013 (mais qui a de la détente pour d'autres raisons).
Le gain de temps important (rapporté au linéaire de LN) permis par le tronçon Petit Croix - Mulhouse sur l'axe nord-sud (il n'est que de 7 min sur l'axe est-ouest) s'explique par la suppression du rebroussement à Mulhouse ou du passage très lent par la bif de Wanne et Mulhouse nord. La réalisation du raccordement court change évidemment la donne et dégrade la rentabilité du tronçon nord de la LGV, même si celle-ci conserve des avantages (notamment la possibilité d'implanter une gare sur le racc, non prévue à l'origine), ce qui a rendu plus difficile son financement (les ambitions très modestes de développement du trafic également). De mon point de vue, il n'aurait pas fallu réaliser ce racc, qui relevait d'une logique de court terme (l'intéret pour le fret est à la marge, vu le niveau de trafic actuel et la possibilité pour ce dernier de passer par Mulhouse nord, n'étant pas à 10 min près - les échelles de temps ne sont pas les mêmes). Mais la Région Alsace, poussée par son président de l'époque, avait fait pression auprès de RFF et de l'Etat dans ce sens, dans une sorte de deal officieux, considérant qu'elle ne pourrait porter les deux secondes phases (LGV Est et RR) dans des délais rapprochés... acceptant de facto -mais sans l'affirmer officiellement- de renvoyer Petit Croix - Mulhouse aux calendes grecques.
Comme en parallèle, les élus de Bourgogne et surtout de Franche-Comté ont adopté une posture attentiste face à l'Etat et RFF (qui jouaient la montre - mission Rhin-Rhône BFC mise à part : cette dernière était prête pour conduire la seconde phase), voire ont même tiré en sens inverse en débarquant un des acteurs clé du projet (le secrétaire général de l'association de collectivités, sans qui la branche Est n'aurait probablement jamais vu de jour) pour cause de positionnement critique vis à vis de RFF (en particulier sur le dossier de la branche Sud... avec raison vu ce que celle-ci est devenue), le résultat lamentable atteint aujourd'hui était plus que prévisible. La Région Franche-Comté a joué avec le feu en tardant à réagir sur le dossier de la branche Sud parti sur de mauvaises bases depuis le début des études préliminaires (et honteusement plombé par le contournement Fret de Bourg en Bresse, qui n'a pas de rapport direct avec la LGV).
Les collectivités avaient la possibilité de lancer -sans engager des sommes très conséquentes- les travaux préparatoires et quelques chantiers de la seconde phase de la branche Est, pour rendre le processus irréversible (ce qui assurait notamment le maintien des compétences sur place, côté MOA). Ils ont considéré qu'un protocole d'intention était suffisant... qui n'engageait personne dans les faits, surtout pas l'Etat. Le résultat final est que même cette modeste seconde phase se retrouve aujourd'hui dans la liste des projets remis à plat dont l'Etat ne fait plus mystère qu'elle fera de nombreux déçus (quant aux échéances qui seront annoncées à l'issue de cette démarche). On a les élus que l'on mérite...