SNCF : les perturbations d'hier ne sont pas imputables ni au matériel ni à l'organisation
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La directrice générale de SNCF Voyages, Barbara Dalibard, a affirmé mardi matin que les fortes perturbations de la veille sur le réseau nord n'étaient pas dues à une impréparation de la compagnie nationale, ni à la vétusté du matériel.Interrogée sur RTL pour savoir si les problèmes en cascade survenus lundi et ayant entraîné la pagaille sur le réseau SNCF , parfois importants, n'étaient pas davantage dus à une impréparation et à la maintenance des matériels plutôt qu'aux intempéries, Mme Dalibard a répondu: « En l'occurrence, non, pas du tout », reconnaissant que « ça a été une journée très, très difficile pour nos clients ».
La circulation a été fortement perturbée à la fois sur le réseau francilien et sur les lignes à grande vitesse, du fait de plusieurs incidents non liés.
Mme Dalibard a expliqué que le malaise d'un passager alors que le train se trouvait dans un tunnel à la station parisienne Châtelet avait perturbé les lignes B et D du RER tandis que l'incendie d'un dépôt aux abords des voies de la ligne H du Transilien avait contraint la SNCF à mettre en place des navettes, toujours actives mardi matin.
Par ailleurs, la ligne à grande vitesse entre Lille et Arras, a été bloquée après la chute d'un pylône à haute tension de RTE, filiale d'EDF, sur une caténaire perturbant la circulation des TGV, Thalys et Eurostar, a-t-elle expliqué, considérant que les fortes chutes de neige étaient sans doute responsables. « On a été amenés à détourner tous nos trains, donc TER, TGV, Thalys, Eurostar se sont donc retrouvés sur les mêmes voies. Et sur les deux itinéraires de détournement, on en avait un (...) qui était noyé à cause des intempéries », a-t-elle expliqué.
« Donc tous les trains se sont retrouvés finalement sur une seule voie avec un TER qui a subi une avarie électrique, sans doute mais à confirmer, à cause des intempéries », a-t-elle poursuivi. « Ce qu'on sait c'est qu'on a vu un éclair, les agents disent une +boule de feu+, au-dessus du TER. Il y a eu ce problème électrique dont on pense qu'il peut être lié (aux intempéries). Mais c'est à l'enquête de le dire », a-t-elle souligné.
Elle a également rejeté les accusations d'un manque d'information des passagers : « On avait des cheminots dans les trains, donc on s'est assurés autant faire se peut que l'information circulait. On a fourni des smartphones à tous nos contrôleurs pour leur donner l'information ». Mais « là, c'était difficile parce qu'il fallait dégager tous les trains, les uns après les autres sur cette voie unique ».
SNCF : trafic TGV rétabli dans le Nord-Pas-de-Calais, avec encore quelques retards
Le trafic ferroviaire à grande vitesse, interrompu pendant plusieurs heures dans le Nord-Pas-de-Calais lundi à la suite d'importantes chutes de neige hier matin, est totalement rétabli depuis mardi à 5h30, a indiqué un porte-parole de la SNCF. Le principal incident, un poteau électrique tordu et des lignes Edf tombées sur les caténaires de la voie TGV à Oignies, avait entraîné l'interruption de la ligne à grande vitesse, hier en fin d'après-midi. Cette nuit à 1h30, le poteau et ses fils ont été relevés et, à 3h, le trafic était rétabli. Grâce à cette liberté de manoeuvre retrouvée, la SNCF a pu lancer un vaste redéploiement de ses trains, positionnés vers les gares de départ durant toute la nuit, avec les conducteurs et le personnel (bloqués jusque là, eux aussi).
Du coup, ce matin, peu avant 6h, le trafic a repris à un niveau proche de 100% sur le TGV. Il y aura cependant encore « quelques retards pour trois TGV au départ de Lille », a précisé la SNCF.
C'est également le cas sur le réseau TER qui a aussi bénéficié d'une embellie durant la nuit : les voies ne sont pas touchées par la vaste panne de courant qui s'est produite dans l'Avesnois. Et côté Béthunois et Flandres, "ça passe" dans les zones inondées. Il subsite tout de même quelques problèmes, notamment sur la ligne Arras-Douai-Lille.
La remise en route a donc profité également aux centaines de voyageurs, pris en charge hier soir à Lille. Ils étaient arrivés dans les derniers TGV retardés par les intempéries: la SNCF avait préféré les garder à Lille pour la nuit, une grande partie dans les hôtels mais aussi, selon la SNCF, une soixantaine dans une salle chauffée de l'hôtel de ville de Lille, où des repas et des lits picots avaient été mis à disposition.
Ce matin, les naufragés de l'hôtel de ville ont été les premiers à partir par le TGV de Paris de 6h40. Les autres ont suivi rapidement vers d'autres destinations.
Aujourd'hui, la cellule de crise restera active toute la journée: "on reste attentifs au fonctionnement des trains du matin, et on le sera aussi pour l'heure de pointe de ce soir", explique la SNCF.
Selon la SNCF, quelque 7 000 cheminots ont été mobilisés dans le Nord-Pas-de-Calais et dans la région parisienne pour faire face à la situation dans la journée de lundi et la nuit suivante. Une centaine de trains et 40 000 voyageurs ont été retardés, selon la SNCF, qui a prévu des mesures « commerciales » pour dédommager les victimes: remboursement total du voyage pour plus de quatre heures de retard, deux allers-retours gratuits pour des retards allant de 5 à 7 heures. « Aucun voyageur n'a été bloqué dans un train entre deux gares », a indiqué le porte-parole. En revanche, plusieurs centaines de passagers, en rupture de connexion, ont été accueillis dans des rames chauffées ou dans des hôtels à Paris, à Lille ou à Roissy.
Le ministre des Transports, Thierry Mariani, a déclaré ce matin sur Europe 1 que tous les voyageurs dont le train avait enregistré plus de quatre heures de retard seraient remboursés à 100% du prix du billet.
Avec plusieurs heures de retard, des centaines de voyageurs débarquent à Lille
Après des heures de retard, des centaines de passagers de la SNCF, pour certains désemparés, ont enfin pu rejoindre tard dans la nuit de lundi à mardi la gare de Lille, après avoir été bloqués en rase campagne en raison des intempéries et de l'avarie d'un TER. La plupart continuent leur périple en bus, voiture ou taxi, d'autres ont choisi de dormir dans le train. Et enfin, les derniers ont accepté d'être hébergés pour quelques heures à la mairie de Lille. « On a mis autant de temps pour aller d'Istanbul à Paris que de Paris à Lille », s'amusent Eddine et Redouane, deux amis d'une vingtaine d'années. « On n'a pas dormi depuis 42 heures », confient-ils, pressés de rentrer de retour de Dubaï.
Béatrice, partie de Grenoble à 15H, est montée dans le train sans rien savoir des problèmes rencontrés sur les rails. « A Lyon, on nous a juste dit que le train avait 25 minutes de retard car le conducteur était en retard ». Au final, la jeune fille débarque à Lille plus de 4 heures après l'horaire prévu. Mais à 1H du matin, plus de transports en commun. Gros sac sous le bras, Béatrice décide de rentrer à pied : une heure de marche. Dehors, sous la bruine, la file pour prendre un taxi s'allonge.
Sur le quai, les agents SNCF se démultiplient pour guider les voyageurs qui ont encore besoin d'un coup de pouce pour parvenir à destination. « Dunkerque, cinq personnes », recense soigneusement un agent en gilet rouge. « Je vous invite à patienter, on va faire des annonces », explique-t-il à un groupe. Pour ceux qui continuent leur voyage dans la région de Lille, il faut trouver une solution. Des bus affrétés attendent devant la gare.
Patrick voyage avec son fils depuis Nîmes. Arrivé avec près de 4 heures de retard, il doit rallier Somain. « Ce qui est incompréhensible, c'est (ce qui se passe) ici », note Patrick, qui affirme avoir été bien informé dans le train. « Ils auraient pu voir avec une société de taxi pour leur payer une astreinte ».
Odette est plus inquiète. Pour l'instant, la SNCF ne lui a pas confirmé qu'elle pourrait être ramenée jusqu'à Aulnoy-lez-Valenciennes. « Il n'y aura plus de taxi à cette heure-ci », s'inquiète-t-elle.
« On a entendu au moins trois excuses différentes : les intempéries, le poteau électrique qui tombe, des rames qui devaient arriver à Nantes qui sont arrivées au Mans », raconte Saïd Laouadi, accueillis sous les applaudissements de trois amis lillois. « En tant que fumeur, c'était dur », sourit-il.
Dans le hall de la gare, quatre Anglais de Manchester dévorent des snacks. Arrivés à bon port, ces membres du groupe The Fall joueront sans problème ce mardi soir à l'Aéronef, une salle de Lille.