Ligne de bus n° 37 : un aller-retour en moins, des usagers mécontents
L’insuffisance des transports publics entre le Plateau Vivarais-Lignon et Saint-Étienne ainsi qu'entre ce territoire et le Puy-en-Velay est mis en évidence par AT 43
Les nouveaux horaires actent la suppression d'un trajet par jour, sauf le mercredi, sur la ligne qui mène de Saint-Agrève à Saint-Étienne. L'association les Amis de la terre s'inquiète de cet abandon
« La décision de suppression de trajets de service public de transports va à l'encontre de l'histoire », s'alarment les Amis de la Terre 43. Après avoir organisé une manifestation, puis fait circuler une pétition, AT 43 a poursuivi sa mobilisation en prenant l'attache de la conseillère générale du canton de Tence, Jacqueline Decultis.
En sa présence, une rencontre avec les responsables techniques et politiques chargés des transports, MM. Vignancour, Laurençon et Malfreyt, à l'hôtel du département, a permis de préciser certains points, sans pour autant satisfaire totalement les attentes.
AT 43 conteste l'annulation d'un trajet sur trois (celui de 11 heures) de la ligne de bus N° 37 de Saint-Agrève à Saint-Étienne, sans préavis et sans discussion préalable avec les usagers. Cette décision a pris effet à la rentrée. Elle fait suite à une étude sur les transports menée par le conseil général.
Au terme de cette étude, on a décompté un nombre moyen de passagers par jour sur la ligne 37 de 72, pour trois trajets aller-retour en semaine, deux allers retours en week-end.
Pour comprendre le processus, il faut rappeler que l'entreprise de transports qui assure cette ligne est conventionnée par le Département, mais pas subventionnée. L'entreprise choisie sur un trajet donné, après une procédure classique d'appel d'offres, doit financer seule son budget, et donc financer, le cas échéant, son déficit. Le kilomètre parcouru par un autocar étant de 2 euros en Haute-Loire, avec un nombre moyen de passagers par jour limité à 72, selon le conseil général, « aucune entreprise n'aurait répondu à l'appel d’offres si le même nombre de trajets quotidiens qu'auparavant avait été maintenu ».
Le nouveau cahier des charges a donc validé la suppression d'un trajet sur trois de la ligne 37 et demandé à la société Armand Tourisme, pour continuer à assurer cette liaison, des aménagements tarifaires, réduction de 15 % pour les personnes handicapées ainsi que pour les étudiants.
Parallèlement, le conseil général met en œuvre une tarification sociale départementale. Cette réduction de 75 % est consentie en faveur des bénéficiaires du RSA, sans activité ou avec des revenus mensuels inférieurs à 500 euros.
Le coût pour l'usager pointé du doigtAutre point sensible, le coût pour les usagers. « Il est très élevé comparativement à ce qui se pratique dans les départements proches. Il faut compter de 2 à 3 euros par trajet dans la Loire et l'Ardèche. C'est 11 euros sur la ligne 37 pour un trajet équivalent alors le revenu moyen mensuel de la population de notre territoire est de 1 000 euros par mois, pour une famille de 4 personnes ».
Pour Yanni Hadjidakis, président d'AT 43, c'est une évidence : « La réduction du nombre de trajets et le coût exorbitant de ces derniers vont conduire à la diminution du nombre de personnes susceptibles de les utiliser et, donc, à leur annulation dans un futur proche. Alors que les coûts des carburants grimpent, les citoyens seront enclins à moins utiliser la voiture particulière au profit des transports publics, qui répondront aux besoins de la population si leurs coûts sont abordables. »
Vingt minutes qui changent tout Hortense Cornillon, élève en première S au Cévenol est une utilisatrice régulière de cette ligne
Outre des personnes âgées, des étudiants qui se rendent à Saint-Étienne, des scolaires du secteur utilisent cette ligne.
Ainsi, Hortense Cornillon, de Saint-Pal-de-Mons, élève au lycée international Cévenol du Chambon-sur-Lignon, depuis la classe de quatrième, apprécie sur ce parcours « le mélange des générations sur une ligne où l'on rencontre des étudiants qui vont prendre le train à Saint-Étienne comme des mamies ». Problème, avec le changement des horaires en vigueur depuis le 3 septembre, ça coince pour sa rentrée en première S. Le car passe désormais à 16h04 au lieu de 16h22. Ses parents, Patricia et Florian, assurent, pour l'heure, les trajets mais s'apprêtent à saisir le conseil général pour qu'une solution soit trouvée.