Le fret ferroviaire continue à plomber les résultats de la SNCF
EXCLUSIF L'activité la plus déficitaire de la SNCF ne parviendra pas à réduire ses pertes au niveau prévu. Et l'essentiel de l'amélioration observée cette année tiendra à la réduction des effectifs. Les pertes de Fret SNCF devraient s’élever, pour 2011, à 446,8 millions d’euros – pour un chiffre d’affaires de 1,2 milliards d’euros.
La SNCF peine toujours à sortir son activité fret de l’ornière. Ce mercredi, à 9H00, lors du Comité d’Etablissement de la branche la plus déficitaire de la SNCF, les chiffres qui seront annoncés feront encore état de très lourdes pertes – même si l’amélioration, depuis trois ans, est sensible.
Les pertes devraient s’élever, pour 2011, à 446,8 millions d’euros – pour un chiffre d’affaires de 1,2 milliards d’euros. C’est beaucoup mieux qu’en 2010 (598,6 millions d’euros) et surtout qu’en 2009 (940 millions d’euros). Cependant, trois points sont encore très inquiétants.
- Fret SNCF semble incapable d’être aussi compétitif que ses concurrents et continue de perdre du terrain, année après année : "le secteur du transport ferroviaire de marchandises connaît un rebond de son trafic de plus de 7% au premier trimestre, alors que le trafic de Fret SNCF progresse de 1% seulement", note la direction dans un document interne dont Challenges a pu avoir connaissance.
Toujours, au premier trimestre, Fret SNCF aurait encore perdu des parts de marché face aux opérateurs privés (ECR – filiale de Deutsche Bahn, Europorte, filiale d’Eurotunnel…). Et la situation n’a pu que se dégrader depuis. D’une part parce que la crise revenant, les volumes ont beaucoup baissé depuis l’été, d’autre part parce que Fret SNCF a perdu en septembre l’un de ses clients les plus importants, GEFCO, filiale de PSA.
- Jouer sur la masse salariale est le seul moyen d’améliorer le résultat : La direction note que "la réduction des frais de personnel constitue le principal levier de réduction des pertes de Fret SNCF". Les effectifs ne cessent de baisser, de façon extrêmement importante : en décembre 2010, les effectifs s’élevaient à 11.144 agents. En décembre 2011, ils ne devraient être plus que 9.616 agents, soit 1.528 de moins. Ceux-ci sont soit partis à la retraite (pour un tiers d’entre eux), soit transférés vers d’autres activités de la SNCF. Mais 200 sont toujours dans les "pôles emplois" du groupe, où ils attendent d’être reclassés.
Au final, le poids des charges de personnel devrait passer de 53% du chiffre d’affaires en 2010 à 48% en 2011, soit une contribution de 5 points à l’amélioration du résultat. La direction elle-même voit le danger et craint, que, à force de supprimer des postes, elle coure le "risque d’atteindre un plancher susceptible de fragiliser davantage (et de façon irrémédiable ?) les positions commerciales de Fret".
- La dette a encore progressé, pour atteindre 2,9 milliards d’euros (2,5 milliards en 2010, 2,1 milliards en 2009). Fret SNCF n’a plus beaucoup d’options : les cessions d’actifs possibles sont à peu près achevées, et l’Union Européenne a interdit toute nouvelle recapitalisation de l’activité avant 2015.
Pepy reste ferme sur les objectifsLa direction ne renonce cependant pas à son objectif d’un retour à l’équilibre en 2014, à condition de réduire les charges de 200 à 250 millions d’euros. Par ailleurs, Guillaume Pepy, le président de la SNCF, se bat devant les Assises du Ferroviaire qui ont lieu depuis le mois de septembre et se termineront en janvier, pour obtenir un "cadre social harmonisé" entre les différents opérateurs.
En effet, le groupe supporte 30% de charges en plus que ses concurrents, ce qui lui fait courir la course, comme le rappelle Guillaume Pepy régulièrement "avec des semelles de plombs". Pour comparaison, en Allemagne, un tel cadre existe : la différence de charges est de… 6% maximum. Du coup, la compétition se fait sur l’agressivité commerciale et l’excellence opérationnelle, mais pas sur les salaires ou les effectifs.