BRIVE-LA-GAILLARDE
INDUSTRIE / ENTREPRISE AGROALIMENTAIRE
JEUDI 10 NOVEMBRE 2011 - 05:13
Andros investit à Brive

Les anciens locaux industriels de Jacob Delafon, zone de Beauregard, à Brive, vont être repris par le groupe Andros. La voie ferrée qui traverse les entrepôts donne des idées au géant de l'agroalimentaire. A condition que...
C'est la nouvelle étape d'un enracinement briviste. Après avoir rejoint le club fermé des principaux partenaires du CABCL, le groupe Andros s'installe véritablement dans la cité gaillarde.
Il va en effet se porter acquéreur, pour 2,5 millions d'euros, des anciens locaux industriels de l'entreprise Jacob Delafon, historiquement installée zone de Beauregard, à l'ouest de Brive. Une implantation de choix à moins de cinq cents mètres de l'échangeur de l'autoroute A 20-Paris-Toulouse.
Faire voyager les marchandises par wagons pour alléger la route
L'objectif de cette acquisition ? Faire du site de Brive, après cinq millions d'euros de travaux, une base logistique et de préparation d'épicerie susceptible de pouvoir résoudre, tout au moins partiellement, le problème récurrent de l'enclavement routier du site historique du groupe Andros : Biars (Lot). À la clé : la possibilité de créer une quarantaine d'emplois dans la cité gaillarde.
Ce problème de desserte routière du bassin de Biars a, à de nombreuses reprises, inquiété les dirigeants du géant de l'agroalimentaire. Il y a trois ans, Frédéric Gervoson, le très discret P-DG de l'entreprise, avait laissé craindre un repositionnement de son groupe aux portes de la région parisienne si rien n'était fait pour faciliter les conditions de circulation de ses camions entre le bassin de Biars et l'autoroute.
Ce « coup de gueule » avait remis en selle un projet de route piloté par le Conseil général du Lot, en lien avec le Conseil général de la Corrèze. Mais voilà, cette route n'avance pas. Les études se succèdent aux études et aucune décision n'est encore prise. Pour Andros, la bonne solution serait que les camions passent par Turenne mais les associations de protection du patrimoine et de l'environnement ne le voient pas ainsi.
Conscient du blocage possible, Frédéric Gervoson sort, une fois n'est pas coutume, de son silence pour faire une proposition. Une proposition liée directement au fait que sa nouvelle acquisition, les locaux de l'entreprise Jacob Delafon, dispose d'un outil rare : un raccordement à la voie ferrée. Qui permettrait, selon lui, d'assurer, par le rail, des transports de marchandises (matières premières ou produits finis) entre Biars et Brive, où seraient positionnés des camions.
Au nom de son entreprise à la pointe de la protection de l'environnement, Frédéric Gervoson propose même de se porter acquéreur de tout le matériel de transport : huit wagons, deux locomotives...
Mais il pose une condition : « Je veux pouvoir utiliser la voie ferrée gratuitement pendant 20 ans ». En clair, il propose d'investir dans le transport par rail, à condition que le « sillon » ferroviaire lui soit offert. Il deviendrait directement opérateur sur une ligne qu'il utiliserait pleinement : « Je ne veux pas que m'installer à Brive me coûte plus cher que rester à Biars ».
Les études faites par les logisticiens d'Andros montrent cependant que ce projet ne serait pas moins cher que le transport par route (1,7 millions d'euros supplémentaires par voie ferrée, selon l'entreprise).
Cette option aurait, selon lui, l'avantage de permettre d'alléger la charge sur la route Biars-Brive : « Si la moitié des camions d'Andros, qui voyagent actuellement sur la route, font les transferts par le rail, la route s'en trouvera plus tranquille. Elle ne sera plus un problème ».
Pour être encore plus clair, Frédéric Gervoson prend un engagement : « À partir du moment où j'aurai, sur ce projet, le soutien politique local, je suis prêt à m'engager pour qu'il n'y ait pas de camions sur la route de Turenne. A l'inverse, si ça ne marche pas, je suis prêt à m'engager à ce qu'ils passent par la butte et qu'ils klaxonnent à chaque passage », ajoute-t-il, un brin provocateur.
A ceux qui pourraient lui reprocher de mettre son projet de développement économique en balance d'une aide des élus locaux, il rétorque qu'il demande quelque chose de juste : « Je donne les moyens aux élus de désenclaver Biars dans de bonnes conditions. Nous sommes prêts à faire un effort important pour montrer que nous sommes Brivistes, mais ça ne peut pas être toujours le même qui fait tout ».
Olivier BONNICHON
olivier.bonnichon@centrefrance.com