Le taux de couverture est un indicateur parmi d'autres, ce serait bien sûr absurde de l'utiliser avec des oeillères - certes comme les "costs killer" aiment souvent le faire.
Ce qui est intéressant dans le taux de couverture, c'est l'équation financière qu'il révèle.
Lorsqu'il y a progression de l'offre régionale - cela a été massivement le cas ces dernières années - s'il n'y a pas une amélioration globale du taux de couverture (à l'échelle régionale), cela veut dire qu'il y en valeur absolue une augmentation de la charge finale pour le Conseil Régional, et même si le service rendu est amélioré, cela signifie que tôt ou tard la progression de l'offre régionale ne pourra plus être financée et devra être plafonnée.
Je crois qu'on y est; l'exemple de Rhône-Alpes, plutôt volontariste jusqu'à présent, est révélateur. Alors quand en plus il faut que les collectivités financent massivement divers projets pharaoniques de LGV...
Après il est vrai qu'il y a de nombreux moyens de faire croître ce taux de couverture : augmentation de la productivité des trains, nouvelles recettes fiscales, exploitation à agent seul... Si on relit bien le communiqué de la FNAUT, la plupart des possibilités sont évoquées. L'augmentation du tarif - celle qui demande le moins d’imagination - n'arrive qu'à la fin. J'ajouterai que l'augmentation de l'offre TER participe normalement à l'augmentation des valeurs foncières dans les territoires desservis (en particulier dans les grandes agglos genre Lyon) et qu'il n'est pas illégitime que l'immobilier soit également taxé de façon ciblée.
Je suis totalement d'accord. En fait, croire que l'utilisation du taux de couverture servira aux "bonnes âmes bien intentionnées" pour faire fermer des lignes peu fréquentées reviendrait un peu à considérer que jusque là, elles n'ont jamais argué des faibles recettes desdites lignes eu égard aux coûts. Or, non seulement ça a toujours été le cas, mais en plus cet argument a été asséné de manière idéologique. Laissons ces âmes là où elles sont, car quoi qu'on fasse, leurs discours et leur volonté ne changera jamais d'un iota. D'ailleurs, comme le fait remarquer à juste titre Parisse, le taux de couverture est d'ores et déjà instrumentalisé par les adversaires du développement des transports publics.
A contrario, en regardant par exemple l'évolution du taux de couverture, cela peut permettre de conforter des politiques d'investissement dans le TER. Par exemple, sur la ligne Paris - Granville, le déficit (donnée quasiment identique au taux de couverture dans le cas présent) a diminué suite à l'augmentation de l'offre à la fin des années 90.
Comme on dit, casser le thermomètre n'a jamais fait baisser la fièvre, et je crois que pour pouvoir engager la politique la plus efficace possible pour développer le TER, on a besoin d'un maximum d'indicateurs pertinents, et ceux qui concernent l'argent sont indispensables car c'est bien ce qui sert à le financer.
Et derrière, une fermeture, il y a souvent l'effet domino (on ferme un bout de ligne, ce qui fait chuter le trafic sur le bout de ligne d'à coté, et ainsi de suite ...).
Cela était vrai dans les années 50 à 70 où les lignes étaient fermées de manière idéologique et en masse. En revanche, les quelques fermetures qui ont eu lieu dans les années 2000 n'ont affecté la fréquentation du réseau qu'à la marge, y compris sur les lignes attenantes aux tronçons fermés.