Fin de l'enquête publiqueRépublicain Lorrain 29/10/2009: Gare TGV à Vandières : la dernière étapeL’enquête publique sur l’éventuelle gare TGV de Vandières est close depuis hier soir. Un millier d’observations doivent maintenant être dépouillées pour motiver l’avis définitif du Conseil d’Etat.
De toutes les enquêtes publiques qu’a menées René Sartelet, celle qui concerne la gare de Vandières n’aura pas été la plus périlleuse. Le commissaire enquêteur se souvient d’autres dossiers, qui ont motivé la présence, autour de ses permanences, de CRS et de gendarmes. Ou de l’irruption, dans une mairie, d’un bouc, amené là par des opposants à un projet de décharge d’ordures pour imprégner le dossier de la vérité olfactive… Pas la plus agitée certainement, l’enquête sur Vandières ; mais sans doute la plus importante, pour l’aire géographique qu’elle concerne, autant que pour les enjeux d’avenir qu’elle implique.
C’est pour cette raison sans doute que René Sartelet a vu défiler les délégations les plus illustres, en cohortes de sénateurs, députés, présidents de toute sorte, aux côtés des visiteurs qui se sont bousculés au cours des cinq permanences tenues dans la petite mairie de Vandières. «Ça doit faire dans les mille contributions », estime René Sartelet. Et parmi les derniers citoyens à venir exprimer leur opinion, un célèbre moustachu : l’ancien ministre Jacques Chérèque, ancien préfet à la reconversion de la Lorraine, enfant de Pompey et toujours président d’honneur du Val-de-Lorraine.
Chérèque ne pouvait faire moins que détailler son appui au projet d’interconnexion TER-TGV à Vandières. «Pour la bonne raison que c’est moi qui ai promulgué en mai 1991 le schéma national des liaisons ferroviaires, qui donnait à la ligne à grande vitesse Est un statut prioritaire », se souvient-il. Dès les années 90, Jacques Chérèque rêvait d’une gare TGV à Vandières, et il n’a pas changé d’avis. «A mon âge (il a 81 ans), on doit regarder vers l’avenir ! Et l’avenir de la Lorraine, c’est un épicentre entre le Nord et le Sud. Le centre de la Lorraine, c’est ici ! »
Dix-neuf mois de suspense
Heureusement pour la démocratie, les avis collectés par René Sartelet ne sont pas unanimes. Ni de la part des citoyens qu’on dira ordinaires, sans que nul ne s’en offusque ; ni de celle de leurs élus. Du côté des pro-Louvigny, Vandières a reçu entre autres les responsables du MoDem lorrain, menés par la députée européenne Nathalie Griesbeck, ou encore le président du conseil général de la Moselle, Philippe Leroy dont le commissaire enquêteur regrette qu’il ait choisi de venir hors du calendrier officiel des permanences, mais enfin … Et du côté des Vandièristes, parmi d’autres encore, les élus communistes de Lorraine ou, hier après-midi, les premiers secrétaires des quatre fédérations socialistes de la région.
René Sartelet dispose maintenant d’un mois pour faire le récolement de toutes les observations et, si nécessaire, questionner les services de la Région avant de rendre son rapport au préfet de Meurthe-et-Moselle. Celui-ci le transmettra au Conseil d’Etat, qui tranchera en dernier ressort dans les dix-huit mois au plus. Le suspense reste intenable.
L'enquête publique a été influencée par le début de la campagne des régionales. Je pense que c'est une erreur de présenter ce débat comme un simple clivage gauche-droite (même si on sent que la tentation d'instrumentalisation est grande dans les section partisanes locales). Par exemple sur
cette vidéo on voit les deux présidents UMP du CG 55 (Christian Namy) et 88 (Christian Poncelet) qui sont résolument pour Vandières depuis des années. Et à l'autre bord, il n'y a pas non plus unanimité pour la gare: celui qui fait preuve d'un "bel enthousiasme" à 2mn25 sur la vidéo, c'est Dominique Gros, actuel maire (PS) de Metz. On sent qu'il aimerait mieux être ailleurs et, à mon avis, il a monnayé ce "soutien" contre l'aide financière, annoncée le 15 octobre par le conseil régional, pour l'annexe Pompidou qui se construit dans sa ville.
Par contre l'opposition du modem m'a surpris, d'autant qu'elle est récente. Je ne reviendrai pas sur les arguments (
que l'on peut trouver ici), qui défendent un nouveau barreau (Metz-Nancy ou Thionville-Epinal, je n'ai pas bien saisi) passant par le plateau de Louvigny: il y a déjà
un sujet consacré à cette hypothèse sur le forum. Pour le coup, je soupçonne une reprise en main de Nathalie Griesbeck, ancienne adjointe du précédent maire de Metz (Jean-Marie Rauch), et actuellement membre de la majorité de Philippe Leroy au CG 57. Peut être est ce aussi un moyen de ce singulariser: ça leur permet une visibilité médiatique qu'ils n'auraient pas eu si ils s'étaient prononcé pour.
Le dossier devrait maintenant quitter provisoirement la scène politique pour être examiné par le commissaire enquêteur puis les conseillers d'état. A moins que l'avis du commissaire soit très défavorable, je ne pense pas qu'on aura beaucoup de nouvelles avant les régionales.
Sur le fond je ne sait pas si il faut être optimiste ou pas. Il semble y avoir un consensus relativement large pour cette gare mais on va tout de même demander aux conseillers d'état de renier le choix qu'ils ont fait lors de la DUP de 1996. Cela dit il est vrai que ce choix s'est fait sur la base d'une étude biaisée et, à un moment où c'est tout le projet de LGV qui était menacé, l'emplacement de la gare était un détail mineur du dossier.