Trains : la sécurité trace son sillon dans le Midi
La police doit être mieux coordonnée.
Pour mieux accompagner la hausse du trafic, la police aux frontières va créer une brigade à Montpellier en 2014. Le 6 octobre 2011, un contrôleur est blessé de huit coups de couteau dans le Lyon-Strasbourg. L’agression, particulièrement violente, suscite une grande émotion et une prise de conscience générale. "Il y a eu des débrayages partout", souffle un collègue. Depuis, la lutte contre l’insécurité trace son sillon à la SNCF. C’était le sens, mardi, d’un forum à Sup de Co, à Montpellier, avec la signature d’une convention avec les procureurs de Nîmes et Montpellier. Elle parachève une "réponse pénale déjà satisfaisante avec parfois de la prison ferme à la clef", indique Didier Schwartz, directeur national de la sûreté.
Patrice Bonhaume, contrôleur général de la police aux frontières "On dénombre quelque 100 000 faits de délinquance sur le réseau national. Avec, en 2011, une hausse de 1,5 %", confie Patrice Bonhaume, contrôleur général de la PAF (Police aux frontières) qui compte 670 membres en France, dont 105 entre Paca et Languedoc-Roussillon.
Dans la zone de défense Sud, de Marseille à Perpignan, cette hausse atteint 9 % "avec un phénomène marquant d’atteinte aux personnes" et "plus précisément d’atteintes sur agents", note Michel Serrano, responsable régional de la sûreté qui met cette forte hausse sur le compte de Paca. Patrice Bonhaume évoque "le contexte socio-économique tendu avec des passages à l’acte plus fréquents : comme on dit dans le jargon : “on aboie moins, on tape plus”". Parmi les réponses possibles figure un meilleur quadrillage des forces de police dans l’arc méditerranéen.
Pour cela, la PAF va se renforcer d’ici l’été 2014. Outre ses brigades historiques à Nice et Marseille, celle de Cerbère (P-O) migrera à Perpignan et une quatrième sera créée à Montpellier avec "vingt fonctionnaires" pour se mettre "en ordre de bataille" face à la montée en puissance du trafic. "C’est une région où les effectifs de sécurité sont déficitaires", précise Patrice Bonhaume.
Avec 2 700 fonctionnaires armés, en France, dont 10 % dans le Midi, la Sûreté générale (Suge) est l’autre principale force de police ferroviaire qui doit être mieux coordonnée avec la Paf. Enfin, a été créée il y a un an une unité nationale d’intervention rapide (Unir) avec 50 policiers capables d’agir sur les voies dans tout l’Hexagone. Ses effectifs seront bientôt triplés. Pour mieux intervenir, y compris à la Feria de Nîmes ou à la Saint-Louis, à Sète.
« 80 contrôleurs sont agressés chaque année »« En 2011, il y a eu 80 agressions de contrôleurs dans la région. ». C’est Stéphane Marcerou, contrôleur lui-même et délégué CGT, qui l’affirme, précisant qu’il y a « une hausse des incivilités depuis cinq à six ans, notamment sur l’axe Lunel-Sète ».
« C’est dû principalement à l’afflux touristique avec un pic remarquable de juin à septembre », précise-t-il, pointant le « manque de personnels dans les gares », sauf pour l’expérience du train à 1 € où des « moyens ont été mis, notamment du filtrage de voyageurs en gares ». Selon d’autres personnels, « les samedis et mercredis après-midi sont parfois tendus dans les trains, notamment sur la ligne Nîmes-Sète. »
Pour Michel Serrano, directeur de la sûreté dans la région, la délinquance a marqué le pas en Languedoc- Roussillon, si l’on se réfère à la base de la SNCF, César. De 3 300 faits en 2010 on passe à 3 183 en 2011. Mais si l’on ajoute les bases de la police et de la gendarmerie, les faits sont bien à la hausse.
La généralisation de la vidéosurveillance, y compris dans les TER, a permis de limiter les dégâts. Enfin, les vols de métaux restent une plaie, mais moins vive : « En 2010, on a enregistré 35 M€ de préjudice en France, générant 350 000 heures de retard. En 2011, le préjudice baisse de 7 % », confie Didier Schwartz, directeur national de la sûreté. « En Languedoc-Roussillon, on est passé de 230 à 167 vols, soit - 27,4 % », se réjouit Michel Serrano.
TRAIN À 1€Formule payante, le colonel Pierre Poty, commandant le groupement de gendarmerie du Gard, l’assure : « Il n’y a eu aucun fait constaté sur la ligne Nîmes-Grau-du-Roi. » C’était la crainte sur une ligne expérimentale qui, de plus, est vouée à se généraliser dans la région.
« Les quatre trains les plus sensibles, deux le matin et deux le soir, étaient systématiquement surveillés par nos gendarmes. En amont, nos brigades interviennent en milieu scolaire et, comme elles connaissent les jeunes, font régulièrement de la médiation.
Ainsi, une bagarre à la sortie d’un bus s’est vite calmée », confie encore le colonel Pierre Poty qui résume : « On travaille sur l’insécurité et le sentiment d’insécurité. »