J'ai lu un chapitre d'un livre sur le tramway (voir fin de message) sur l'histoire du tramway de Reims, le 1er projet abandonné en 1990, et contrairement à ce que l'on nous a dit, c'est bien dans le but de tuer politiquement Mr Schneiter et non la pression des commerçants et habitants de Reims
Voici l'histoire résumé du projet :
Histoire du premier projet tram Reims :A partir de 1984, après avoir mis en service la ligne H, Jean bernard Plet directeur de la TUR contacte un cadre nouvellement embauché à la TUR (qui a travaillé à la SNCF), lui demande de mener des réflexions préliminaires pour le long terme toute solution pour développer le réseau TUR, et les alternatives à la ligne H, qui est victime de son succès, toutes les solutions doivent être sur la table :
Du BHNS en site propre, au métro en passant par le tramway, c’est à partir de cette date que la SOFRETU s’engage à faire une étude sur la ligne H en reconversion.
Sachant que la TUR n’a pas de service propre, la SOFRETU propose son aide gratuitement.
Le projet de Tramway en 1984, en coût était estimé à 462MFrs pour 7.50km
En 1985, en juillet, la TUR commande une étude de pré faisabilité sur cet axe, en septembre, elle réussit à convaincre le District de Reims (ancêtre de la CU de Reims) de prendre à sa charge le projet.
Jean Louis Schneiter président du District ne semble pas emballer dès les premiers mois, et fait comprendre que ce ne sera pas avant 10 ans.
En décembre 1985, le dossier d’étude démontre que le potentiel est là, en terme de fréquentation, de coût d’exploitation et c’est une bonne solution pour le long terme.
Le projet a été revu à la hausse en coût, passant de 480 à 580MFrs, mais l’étude démontre que c’est à la portée financière du District.
Mais comme les élus ne semblent pas emballés par le projet, le directeur de la TUR trouve une idée intéressante, le faire par un système de Concession de construction, et d’exploitation, en quelques sortes le PPP. Le directeur doit convaincre les industriels pour pouvoir réaliser le projet de tramway, ce qui sera le cas avec Alsthom, Bouygues, CGEE Alsthom, Citra, De Dietrich, SGTE, Spie Batignolles, Spie Trindel et la SOFRETU.
Ce directeur Mr Plet, réussi à convaincre le district et son président, Mr Schneiter, grâce à ce montage financier, que la TUR paiera le projet et exploitera le projet.
Tellement convaincu que le président du district promet le tram pour 1989, et le gère le dossier du projet, sachant que tout se fait normalement, et il ne reste plus que l’accord de concession.
En juillet 1986, la convention est signé avec le Groupement Tramway et engage les études d’avant-projet sommaire.
Le projet de matériel roulant sera le TFS identique à Grenoble et le T1 de Paris IdF.
Des visites sont organisées en Allemagne et en Suisse pour les représentants de la SOFRETU et la TUR pour trouver des solutions intéressantes pour réduire un peu la facture sur l’exploitation du réseau, l’entretien des futures rames de tramway.
A ce moment-là, le projet de tram pour le directeur de la TUR était surtout avant tout un projet de productivité du réseau, le secret est tellement bien gardé qu’il fallait évité que le personnel le sache pour éviter tout conflit, d’où le fait de les écouter pour savoir et connaître les revendications sur le futur tram, notamment l’ergonomie et le travail.
Pour avoir les Rémois dans la poche, il y a eu une communication très poussée, visite du réseau de Grenoble, de Nantes, puis la venue en gare de Reims du TFS de Nantes en octobre 1986.
En 1987, le projet suit son cours, et il devient un dossier de prise en considération vers le ministère des transports pour avoir des subventions.
Le coût est passé à 750MFrs.
En novembre 1989, le ministère donne son accord, pour financer une partie du projet.
Mais pendant ce temps-là, le maire de Reims Jean Falala, était fuyant sur le dossier tram de Reims, contrairement à Mr Schneiter, très partisan, Mr Falala
En 1990, Mr Plet, va prendre sa retraite, et vend la société TUR à VIA GTI, il reste président jusqu’à la fin décembre 1990, mais la nouvelle société fait savoir que le projet sera plus coûteux que prévu de 10M Frs.
Suite à ça, le projet commence à exploser, pour 2 raisons, la nouvelle société qui exploite le réseau :
- A ce moment-là, le VIA GTI a étudié le projet de tram de Brest, et c’est aussi son bébé, tandis que celui de Reims, ce n’est pas le cas, et il ne pouvait que financer un seul des deux projets (ce qui n’est pas vraiment le cas).
- Pour que le projet tram se fasse, Mr Plet a resseré le bénéficie prévisionnel du futur réseau, donc moins de marge que sans tram.
En juin 1990, le dossier avant-projet sommaire est publié, le coût passe à 831M Frs, l’étude d’impact est publié en aout 1990.
Dans le même temps, Bouygues sentant le projet prendre une mauvaise direction, force Jean Falala de faire le projet sans le Groupement Tramway, et sans en dire un mot au reste du groupement.
En Octobre 1990, Mr Plet est débarqué de ses fonctions par le VIA GTI, et remplacé par une autre personne.
A cette même date, le projet de tramway de Brest capote suite au référendum, le conseil du district valide à l’unanimité le projet le 13 novembre 1990. Lancement du projet début 1991.
C’est le triomphe de Mr Schneiter !
Le 5 décembre le district signe la convention du Groupement Tramway.
Mais à cette même date, une campagne anti tramway, d’une rare virulence, dénonçant les méfaits du tramway, abattage d’arbres, atteinte à perspective du tramway, impossibilité de sortir des rues perpendiculaires, vie de quartiers menacée, etc… Même le journal de l’Union est surpris que ce vent d’anti tram arrive presque ne bout de course du projet.
En fait, le coup de Trafalgar était orchestré par les proches de Mr Falala, qui désirent prendre sa place à terme à la mairie et sentant que Mr Schneiter est très populaire, alors pour le tuer politiquement, on tue le projet de tram d’une forte virulence.Lors du conseil municipal du 14 janvier, 16 adjoints vote contre le projet.
Le 22 janvier le maire Falala envoie une lettre pour dire qu’il refuse le projet de Tram, malgré le soutien du Groupement Tramway, de la TUR et du soutien de Mr Schneiter.
EDF entre dans la danse, et propose secrètement la version trolleybus
Le 29 janvier le conseil municipal votera son opposition au projet malgré l’avis favorable du projet par les Rémois à 74% selon l’IPSOS de l’époque.
Dans le malheur, le patron des TUR de l’époque était parti se reposer au ski dans les Alpes.
Malgré de forte arguments au sein du district en faveur du tramway envers les élus, le vote du 4 février 1991 révèle le vote contre du projet par 14 voix, 10 pour et 4 absentions même Mr Schnieter a voté contre (parce qu’il a subit une pression de la part de Mr Falala de se faire retirer les délégations du district.
La DUP ne fut pas prononcé, malgré que le commissaire enquêteur donna un avis favorable au projet.
Epilogue du projet :
Le Groupement Tramway saisi la justice et fini par négocier le versement des indemnités à hauteur de 12.60M Frs.
Jean Falala meurt en 1999, et Mr Schneiter reprend les rênes de la ville et relance le projet de tramway, avec un ensemble de condition que tout abandon du projet de tramway par les élus, la collectivité aurait dû débourser le 1/3 du projet soit 120 M€.
Le nouveau tramway a été inauguré 21 ans après son abandon, sur un parcours plus long et vers le Nord et la Gare TGV
Finalement, j’ai appris, que ce n’est pas les commerçants, ni même les habitants des quartiers traversés par le tramway qui est la cause de l’abandon, comme on l’a fait croire à l’époque, mais bien une manœuvre politique, pour tuer Mr Schneiter, car il ne voulait pas qu’il prenne la place à la mairie à terme, mais d’autres élus, les proches de Falala.
Pour en savoir plus sur le projet en question des années 1980 :
https://www.editions-libel.fr/maison-ed ... en-france/