Sinon publication aujourd'hui d'un article dans le journal Sud-Ouest dans lequel le maire d'Agen parle du futur réseau envisagé à l'occasion du renouvellement de la DSP en 2025.
Le moins que l'on puisse en dire, c'est que l'offre risque de se réduire encore lors de la prochaine délégation. Comme déjà entendu plusieurs fois au cours des récents conseils d'agglo de la part de plusieurs élus et du maire/président lui même, le mot d'ordre sous jacent semble être "réduire la voilure"... Le développement des TC ne semble plus être la priorité de nos élus. L'interview de ce jour suit cette logique en considérant que le réseau Tempo est un échec en dehors des heures de pointes.
Ils en sont à envisager un réseau uniquement scolaire ! et pourquoi pas un retour en arrière de 40 ans à ce bon vieux réseau STAA des années 80...
Il y aurait pourtant tant à faire pour tenter de convaincre plus d'actifs d'emprunter ce réseau : abribus à chaque arrêt de montée, borne d'information voyageur, en finir avec ce réseau en étoile qui ne permet aucun trajet direct vers les zones d'emploi, et (rêvons un peu) BHNS ou au minimum des couloirs de bus, inexistants à ce jour à part sur le Pont de Pierre mais qui vont être supprimés à l'occasion de futurs travaux de rénovation à venir...
Le maire d'Agen évoque quelques pistes en ce sens, espérons que les élus de l'agglo ne massacrent pas totalement ce réseau...
Extrait de l'article:
Vitesse, fréquentation, parcours : le président Dionis veut « un choc de l’offre de bus sur l’Agglo d’Agen »
Mauvaise fréquentation, lent, trop d’arrêts, le réseau Tempo cumule des défauts que le chef de l’exécutif communautaire veut gommer à l’occasion du débat qui va précéder l’appel d’offres à délégation de service public, prévu avant la fin de ce mandat
Quel bilan faites-vous aujourd’hui du réseau de bus Tempo, de Keolis ?
Avant un bilan, quelques constats. Le fonctionnement est à considérer dans la globalité des moyens de déplacement sur l’Agglo. Il faut une vision claire, car souvent, les idées sont imprécises sur l’utilisation de la voiture, des transports en commun, du vélo, de la marche. Ce qu’il faut retenir d’Agen et de son agglomération, c’est que dans 81,5 % des cas, les kilomètres sont parcourus en voiture. À pied, c’est 7,1 %. Les transports en commun et le vélo se partagent le reste. Ce territoire est, plus que les autres, dépendant de la voiture. Il est en retard sur la moyenne française. Si ça bouge, c’est plus sur la marche que sur le vélo ou le bus.
Qui monte dans les bus ?
Les personnes dépendantes et, il faut le saluer, en priorité les scolaires, pour des déplacements intra-muros et de la périphérie vers l’intérieur. En dehors des créneaux entre 7 et 9 heures et 16 et 18 heures, il n’y a pas grand monde. Ce constat était difficile à faire avant ; aujourd’hui, il est partagé au Conseil communautaire. Les statistiques sont implacables. On est en échec sur les bus en heures creuses.
Combien coûte ce service à la collectivité ?
Sept millions d’euros. Sur ce montant, 700 000 proviennent de la billetterie. Aujourd’hui, alors que le débat sur la gratuité existe, il faut savoir que le bus est quasiment gratuit en termes de prix de revient. Puisque les administrations et entreprises de plus de 10 personnes paient les 90 % restants, via le versement mobilité.
Êtes-vous favorable à la gratuité des transports en commun de l’Agglo ?
Le prix n’est pas un obstacle à l’utilisation. Si vous demandez à un Agenais s’il préfère que les bus soient gratuits, il vous répondra oui. Mais la réponse est différente quand vous lui demandez s’il prendrait le bus s’il était gratuit. Certains, comme à Villeneuve-sur-Lot, ont fait ce choix. Ils ont plutôt fait monter les piétons dans les bus, plutôt que changer les automobilistes en usagers des transports en commun. Nous, nous n’avons pas envie de siphonner dans les rangs des marcheurs et cyclistes. Et puisqu’on parle de gratuité, allons-y jusqu’au bout : Pourquoi faudrait-il que le bus soit gratuit pour les familles qui ont de bons revenus ? Comme les travaillistes anglais l’ont conceptualisé, je pense que la gratuité universelle est un cadeau fait aux riches. Mais si certains veulent faire du social, rien n’empêche d’avoir une réflexion autour d’une gratuité ciblée pour un certain public ; les jeunes par exemple.
La gratuité pour tous a pourtant ses partisans parmi les élus communautaires…
Cela fait partie des éléments du débat. Mais la grande majorité des villes n’y vont pas, car elles font l’analyse que la qualité et la quantité de l’offre sont plus importantes que le prix du billet.
Quels sont les autres éléments de ce débat ?
Laisser les bus sur les créneaux horaires du début de matinée et de fin de journée, cibler sur les heures de pointe et assumer ce réseau comme un réseau scolaire. En dehors, soit on allège la fréquence, soit on coupe la circulation. Cela a une logique. Après, il faut trouver un opérateur intéressé.C’est votre choix ?
Non. Mon avis sur ce réseau est qu’il a un problème de qualité d’offre. À Agen, à vélo, on dépasse les bus. Ils ne vont pas assez vite et il y a un problème de fréquence. Vous ne pouvez pas faire monter quelqu’un qui fait Agen-Le Passage en dix minutes, dans un bus qui en met 20. Moi, je propose un choc de l’offre, avec plus de fréquence, plus de vitesse et moins d’arrêts, avec des lignes qui cessent le ramassage buissonnier. Pour ça, il faut redonner la discipline d’aller chercher un arrêt en marchant quelques centaines de mètres, et expliquer que les lignes ne feront plus de détour pour aller chercher le voyageur. Ce n’est peut-être pas simple politiquement… Mais pour ma part, j’appelle de mes vœux un réseau moderne avec des fréquences plus régulières, des lignes plus directes et des vitesses commerciales supérieures à celle actuelle, qui est de 17 km/h.
Comment gagner de la vitesse ? Avec une circulation en site propre ?
Ce serait le paradis. Mais je ne vois pas où il serait possible d’en faire sur Agen, à moins de refaire un plan de circulation global. On peut gagner de la vitesse avec des tracés plus courts, plus droits, des arrêts moins fréquents, une distance domicile-point d’arrêt plus longue. Comme on l’a sur la ligne 1 où, bizarrement, nous sommes mieux. Je plaide pour cette vision d’avenir, pour une refondation… Pourquoi aujourd’hui, Agen est en retard dans le basculement sur les moyens de se déplacer ? Parce que la ville n’a pas bougé assez fort sur les questions centrales. Pour la marche, nos trottoirs ne sont pas assez larges. Or, on ne les élargira pas avec des rues à double sens. Il faudrait donc plus de sens uniques. Nous sommes aussi à l’étroit sur les pistes cyclables alors que sur la distance de zéro à cinq kilomètres, ce n’est plus la voiture qui doit primer, mais la marche ou le vélo. C’est ça la ville nouvelle qui se dessine.
Pourquoi des bus alors ?
Parce qu’ils sont pertinents pour les parcours entre 5 et 10 km. Au-delà, c’est la voiture, ou plutôt, j’insiste, le covoiturage ou le transport à la demande.
Vous avez repoussé la date de l’appel d’offres à délégation de service public : quel est le calendrier envisagé ?
Il faut se laisser le temps d’un bon débat. À la sortie de ces échanges, il y aura l’écriture d’un cahier des charges de délégation de service public. Cette production n’existera que s’il y a un vote majoritaire et servira à organiser l’appel d’offres de délégataire. Nous serons sur ce mandat pour la prise de décision et une mise en œuvre en 2026, après les élections. Le nouveau lauréat, qui ne sera pas forcément Keolis, disposera de temps pour s’installer et mettre en place les nouveaux services et son organisation. Je suis pour la concurrence, et il y aura match. D’autant plus qu’il y a un autre changement important que nous voulons impulser. À ce jour, notre collectivité est propriétaire des cars. Nous voulons un délégataire avec ses propres véhicules. C’est logique de penser que c’est celui qui utilise la flotte qui la maintient.