Si on se contente de regarder l'aspect commercial, bien sûr, cela semble évident.
Maintenant si on prend en compte toutes les contraintes techniques et financières listées plus bas, est-ce que cela en vaut encore la peine ? Le but étant quand même que ces relations ne soient pas des gouffres à millions, sinon leur avenir risque d'être assez vite compromis.
1) équiper du KVB, voir de la TVM (si l'ETCS ne suffit pas pour la LGV Est) des Eurosprinter ou des Vectron (qu'il faudrait à priori acheter) pour qu'elles puissent circuler en France, et bien sûr les homologuer. Au moins à V200, éventuellement à V230 avec les rames Nightjet. La "bonne" nouvelle, c'est qu'homologuer des Eurosprinter "AC" (1116) peut être suffisant, de quoi simplifier les choses par rapport à des Eurosprinter "MS" (1216) ou des Vectron (1293) polytension et déjà équipées pour circuler dans de nombreux pays (moins de risque d'interférences ou d'incompatibilités entre les systèmes de contrôle des trains)
2) homologuer les nouvelles rames Nightjet qui ne sont pas UIC et il me semble pour l'instant pas prévues d'être homologuée en France (encore que les relations vers Barcelone risquent de nécessité leur usage, vu les contraintes rencontrées coté espagnol). Non seulement à 200 km/h, mais potentiellement à 230 km/h. Et comme elles ne sont pas prévues pour la France il me semble (en tout cas à court terme), peut-être en commander d'autres, celles commandées allant déjà être nécessaires notamment vers l'Italie (où les rames actuelles ne pourront plus être engagées pour des questions de normes).
3) potentiellement équiper et homologuer les voitures pilotes pour qu'elles puissent circuler en réversibilité en France (ce qui est peut-être requis pour pouvoir circuler à 230 km/h sur LGV).
4) accepter d'avoir des compositions limitées en taille (grosso modo au grand maximum une rame de 7 voitures), sauf à dédoubler les moyens de traction (donc augmenter les coûts de fonctionnement). Ce qui est certes le mode de fonctionnement des rames Railjet diurnes (une locomotive par segment), mais n'est pas vraiment une pratique courante en France, et cela risque de compliquer l'homologation (ne serait-ce parce qu'il faudra aussi tester le comportement en UM de ces rames).
5) réussir à convaincre SNCF Réseau d'autoriser à V200/230 des locomotives ayant une charge à l'essieu de 22.5 tonnes sur LGV, en service régulier (plusieurs A/R par semaine, voir un par jour).
6) peut-être/probablement péages plus importants sur la LGV que sur ligne classique.
7) réussir à caser des sillons V200/230 sur une LGV de 400 km malgré le fort différentiel de vitesse entre un TGV circulant à 320 km/h et une rame Railjet circulant à 230 km/h maximum (sur deux sillons sans arrêt parcourant la LGV en entier, le différentiel doit être de l'ordre de 30 minutes, ie : même en dehors des périodes de pointe cela peut être compliqué à caser...). Si possible sans que la rame Railjet doive s'arrêter plusieurs fois sur la LGV pour laisser passer des trains rapides, sinon cela risque d'être facilement 10 à 15 minutes par arrêt de dépassement perdu. De quoi rapidement diminuer l'intérêt d'emprunter la LGV, surtout vis à vis des autres points indiqués plus haut.
etc.
PS : accessoirement, n'ayant jamais emprunté de rames Railjet, il faudrait aussi voir le confort à bord de ces rames quand elles circulent à 230 km/h. Après tout, les voyageurs aimerait pouvoir dormir, et non pas être "balancés" dans tous les sens à bord.
