Voici un Chausson vu en 1967 à Nantes, sur la place Pirmil (tête sud du grand pont).
Il s'agit du n° 298, 642 FM 44, sans doute livré au milieu de l'année 1958, selon le site
http://plaque.free.fr/f_f.html.
Il est en service sur la ligne 41 (Le Val d'Or — St-Nicolas — Lion d'Or) et va vers le sud (Lion d'Or). Il fonctionne avec deux agents avec montée par l'arrière.
Le poste du receveur était assez rudimentaire : un simple bureau de bois peint en marron, sans vitre de séparation. Le receveur était assis latéralement contre le flanc droit, derrière lui la vitre était (je crois ?) teintée en vert, un peu comme des lunettes solaires, pour tamiser les rayons du soleil (ou était-ce une plaque de plexiglas ?). De son pupitre le receveur commandait l'ouverture et la fermeture des portes arrière et centrale — le conducteur s'occupait de la porte avant — et il disposait d'un bouton pour faire tinter la sonnerie que le conducteur attendait pour pouvoir redémarrer. Le receveur annonçait de vive voix les stations (dans certaines villes et sur certains matériels il disposait d'un micro, ce que j'avais vu à Lyon).
Avant la pose de cadres publicitaires il y avait trois plaques d'itinéraire sur chaque flanc, indiquant les deux terminus et la station centrale (par exemple : DALBY COMMERCE ZOLA).
Avec la publicité il ne restait de place que pour deux plaques, aussi sur le flanc droit on ne garda que la plaque de destination ; mais sur les lignes suburbaines des photos montrent l'usage de deux plaques (par exemple : COMMERCE COUËRON), tandis que sur le flanc gauche on perdit l'usage d'y placer des plaques et l'on voit des photos où leurs supports avaient même disparu. Ça faisait de la manutention aux terminus, avec l'avant et l'arrière !
Derrière ce bus on aperçoit un Chausson plus ancien à pavillon bas, peut-être sur la ligne 42 vers Sèvres. Ces deux lignes 41 et 42 étaient en tronc commun sur 75 % de leur parcours et leurs horaires étaient sans doute imbriqués (?).
À droite, en arrière-plan on voit un mirador pour agent de police faisant la circulation.
À cette époque (en 1967), le réseau de Nantes était exploité en semaine avec deux agents sur toutes les lignes sauf, je crois, la ligne 23, Léon Bureau — Commerce — Roche Maurice, qui était probablement intermittente (?, à confirmer).
Le dimanche il est probable que le service fût jadis aussi à deux agents, mais par la suite, à une période que je ne saurais dater, les bus furent exploités ce jour-là avec un seul agent. Ce que l’on voit sur Flickr dans les photos de jhm0284, prises en 1974 un jour de fête (avec drapeaux tricolores sur le front) : la ligne 30 nord-sud, une des plus fortes, avec trois antennes à chaque bout, était exploitée en semaine à deux agents :
https://secure.flickr.com/photos/jhm028 ... 9647481410Sur un plan de 1962 on voit que le réseau CNTC de Nantes avait une structure de lignes très simplifiée, elles étaient numérotées par dizaine :
— ligne diamétrale 11 et
11 ;
— lignes diamétrales jumelées 21, 22 et
22 ;
— ligne 23, à un seul agent ;
— ligne 30 diamétrale à 3 antennes à chaque bout ;
— ligne diamétrale 34 ;
— lignes diamétrales jumelées 41, 42 et
42 ;
— ligne circulaire 51 dans un sens,
51 dans l'autre, avec deux antennes au nord, cette circulaire ressemblait plutôt à deux parenthèses jumelées en (), une sorte de jonction de deux lignes radiales ;
— lignes 52, 53 et
53 diamétrales jumelées et tangentes en partie à la circulaire ;
Il y avait aussi deux lignes suburbaines partant de la place du Commerce :
— ligne Y (La Montagne), à un seul agent ;
— ligne Z (Couëron), à un seul agent.
Les indices barrés indiquaient un service partiel ou le sens sur la circulaire.
Il y avait deux stations centrales avec chacune un local :
— la place du Commerce pour les lignes 11,
11, 23, 30, 34, 51,
51, 52, 53,
53, Y et Z ;
— St-Nicolas pour les lignes 21, 22,
22, 41, 42,
42. Mais en semaine à partir de 21 h environ et toute la journée des dimanches et fêtes elles étaient déviées par la place du Commerce, via un autre itinéraire.
Dans les années 60, la couverture géographique était assez faible, mais il y avait de la fréquence, du moins sur les principales lignes.
Le réseau ne desservait pas toutes les communes périphériques : les lignes urbaines desservaient Rezé et faisaient des incursions à Orvault.
Les deux lignes suburbaines desservaient Bouguenais et La Montagne (ligne Y), St-Herblain et Couëron (ligne Z).
St-Sébastien, Ste-Luce, Vertou, La Chapelle-sur-Erdre, Carquefou étaient des communes ignorées de la CNTC.
La billetterie était au standard de l'époque : tarif à la section, avec tickets à lamelles que le receveur oblitérait dans la « moulinette ».
Dans les années 50-60 les Chausson régnaient sans partage à la CNTC (Cie Nantaise de Transports en Commun), du moins après la réforme des Renault 215D et avant l'arrivée des SC10 en 1968.
Les premiers Chausson de Nantes furent des nez de cochon (3 portes en 222), puis le réseau reçut des Chausson à avant plat et arrière bombé (3 portes en 222). Ensuite vinrent des Chausson à avant et arrière plats, à pavillon bas (3 portes en 422) dont certains étaient munis d'une galerie de toiture avec échelle arrière, comme des autocars. Ensuite arrivèrent des Chausson semblables, mais à pavillon haut (3 portes en 422) avec différents types de calandre.
Tous étaient équipés d'un poste de receveur à l'arrière droit, dans les 222 ce poste était décalé de la simple porte, mais dans les 422 il était contre la double porte. Mais tous ces bus pouvaient aussi servir avec un seul agent avec entrée à l'avant, du moins en principe car le nez-de-cochon de la CNTC qui a été restauré n'est pas équipé, sur le capot moteur, d'un support pour la moulinette, ni d"une sébile, ni d'un tiroir pour les tickets et la caisse, ce qui fait douter.
Certains Chausson subirent plus tard une importante modification de carrosserie pour les adapter au service à un agent avec oblitérateur automatique. Il fallut doubler l'entrée avant d'une seconde porte après la roue avant, supprimer la double porte arrière et doubler la sortie médiane (deux portes simples à deux panneaux séparées par un montant central). De 422 ces bus devinrent 0422.
Tous les types de Chausson furent reçus en livrée crème et bleu, mais ceux aux portes modifiées furent repeints dans la nouvelle livrée gris/rouge/gris, adoptée pour les premiers SC10.
La « méthode nantaise d'affichage de l'information » (capot de ligne lumineux sous le pare-brise et plaques métalliques de destination sur la calandre) a été appliquée sur tous les Chausson. Même les gris/rouge/gris aux portes transformées en 0422 conservèrent ce système.
Pour les 215D, j'ai un doute : le bus restauré à Nantes (avec capot de ligne lumineux sous le pare-brise) n'est pas nantais d'origine, c'est un ex-Mulhouse. Or on voit sur des cartes postales :
— un 215D avec une girouette frontale inutilisée, mais une plaque métallique de destination entre le pare-brise et la calandre, et il n'a pas d'indice de ligne ;
— un autre disposé de la même façon, mais avec, en plus, ce qui ressemblerait davantage à un plaque d'indice de ligne (peut-être surmontée d'une barrette d'éclairage) sous le pare-brise à gauche, plutôt qu'au traditionnel boitier éclairant.
Ces copies de cartes postales, très petites, laissent dans l'incertitude.
_____________
P.-S. : les Transports Démas d'Angers (ex-Siroux) ont possédé quelques Chausson identiques au modèle de la photo, celui du premier plan. Ils étaient trois, achetés d'occasion dans la région parisienne (je ne sais plus si c'était le département 77 ou le 78). Il y avait peut-être deux 422 (?) et un 402 (?), mais mes souvenirs sont assez incertains. Ils ont aussi possédé plusieurs Chausson à pavillon bas, plus anciens. Tous étaient à un seul agent : il n'y avait pas beaucoup de sous et c'était un trafic suburbain assez modeste.
Par ailleurs, l'usine de Montreuil-Belfroy des TLH (Tréfileries et Laminoirs du Havre), devenue ensuite Tréfimétaux puis Cégédur possédait trois Chausson pour son service de ramassage. Deux à pavillon haut dont un en 402, et un autre en 422 (?) ou 442 (?). Il y avait aussi un Chausson à avant plat et arrière bombé dont j'ai oublié s'il était en 402 ou en 202. Un des deux pavillons hauts était muni d'un capot de ligne au-dessus de la girouette.