La défense de la ligne Clermont-Nîmes-Marseille a mobilisé des dizaines de personnes dans les gares
Réunis autour du député de Haute-Loire Jean-Pierre Vigier et du maire de Brioude, Jean-Jacques Faucher, élus et anonymes ont manifesté pour le maintien du Cévenol, hier, à travers le département.«Le Cévenol irrigue le territoire. Soit on veut des déserts et on le supprime, soit on maintient la politique d'aménagement du territoire et on le sauve », s'agaçait Jean-Pierre Vigier, député de Haute-Loire, hier après-midi, en gare de Brioude, l'une des étapes de la manifestation pour la défense du Cévenol, qui a mobilisé des dizaines de personnes dans le Puy-de-Dôme et la Haute-Loire.
Très impliqué sur le dossier du rail, qu'il défend à l'échelle de l'Europe, au sein d'un comité informel de quatre parlementaires, l'élu poursuit : « On ne veut pas être des réserves d'Indiens ! »
Égalité du service public en territoire ruralLoin des logiques de rentabilité, le député défend son idée de l'aménagement du territoire. « Les zones rurales accueillent 20% de la population sur 80% du territoire. Elles participent à l'équilibre du pays », argumente-t-il. Désireux d'enfoncer le clou, il ajoute : « Le Cévenol est un symbole, une partie de notre histoire. Le supprimer serait amputer une partie de notre patrimoine. Sur son parcours, il n'y a parfois que la rivière et le train, pas de route. Les usagers y sont viscéralement attachés ! »
Si la décision de fermer des guichets, le week-end, dès le 1er juin dans les gares du Languedoc-Roussillon, a remis le feu aux poudres, c'est la lente dégradation du service que les élus condamnent également.
Beaucoup voient dans cette précarité galopante le signe avant-coureur d'une fin annoncée.
Jean-Jacques Faucher, maire de Brioude et président de l'association des élus pour la défense du Cévenol, a fustigé « les dérapages de plus en plus fréquents de la ligne Clermont-Nîmes ». « La SNCF dégrade de jour en jour la qualité de ses prestations. Pannes, retards, climatisations en panne, guichets clos sont volontairement entretenus pour décourager les passagers. Plus aucun effort commercial n'est fait ! ».
Scandalisé, il promet : « Nous sommes mécontents et déterminés. Guillaume Pepy, le président de la SNCF et Frédéric Cuvillier, ministre délégué chargé des Transports, ont été saisis. »
Bien décidé à évoluer dans ce sillage de la contestation, Pierre Pommarel (Europe Ecologie-Les Verts), représentant le Conseil régional, a réaffirmé l'engagement de la Région dans ce combat et réclamé un retour sur le quai marseillais. « Il faut se battre pour la pérennité de la ligne jusqu'à Nîmes. Mais nous désirons un rétablissement de la desserte jusqu'à Marseille, suspendue à l'automne 2012 ! », a insisté l'élu écologiste.
« On ne veut pas être une réserve d'Indiens »Soucieux du maintien de cet itinéraire employant une dizaine d'agents, la CGT Cheminots a symboliquement rejoint les rangs des élus. Par la voix de Xavier Bousset, le syndicat a livré sa position : « Face à ce défi de taille, nous sommes capables de consensus. Nous sommes tous alignés aujourd'hui, par-delà les clivages ». Irrité par le flou statistique entretenu par la SNCF, le syndicaliste analyse : « Dimanche, le Cévenol était plein. Les gens voyageaient debout. Ce n'est peut-être pas le cas tous les jours de semaine, mais la demande est là, elle doit être prise en compte ». Agitant la corde très sensible des finances, le Cégétiste convient : « Le TGV, c'est environ 100 euros par personne. Franchement, les gens préfèrent passer une heure de plus dans le Cévenol pour 45 euros en première classe ! »
La prochaine échéance est fixée à la fin de cette année, date à laquelle la convention signée entre l'État et la SNCF sur la prise en charge de ce train classé TET (Train d'équilibre territorial) prendra fin. Année de toutes les incertitudes, 2014 s'annonce agitée sur les rails.