TGV Lille - Paris : que faire quand les prix déraillent ?
Scène quotidienne d'un quai de gare, à Lille-Europe: tarifs plus élevés que sur les autres réseaux TGV de France ou pas, les Nordistes travaillant à Paris sont pourla plupart obligés de prendre le TGV.
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Aux heures de pointe, en tarif loisirs, son prix au kilomètre peut atteindre le double de celui des autres lignes : l'heure de TGV qui sépare Lille et Paris frôle parfois le service de luxe. Sauf que rejoindre la capitale en une heure, pour le plaisir ou pour raisons professionnelles, ça reste souvent plus pratique et surtout plus rapide que les autres moyens de transport.
Entre le conseil régional et la SNCF, les relations n'étaient déjà pas au beau fixe avec la saisie du conseil d'État le 14 octobre par la Région quant aux prix élevés du TGV-Nord, les choses ne vont pas s'arranger. Une démarche résumée par Daniel Percheron, président du conseil régional : « La SNCF a-t-elle le droit de nous faire payer le TGV deux fois plus cher qu'ailleurs ? » Premiers éléments de réponse espérés dans un mois ou deux.
En attendant, il suffit de sortir sa calculette pour descendre du marchepied. TGV Lille - Paris, tarif loisirs, en seconde classe, aux heures de pointe : 41 ou 56,6 E les 221 km (kilométrage routier), respectivement 18 et 25 centimes du kilomètre. Pour espérer un tarif légèrement dégressif, il faut réserver minimum deux semaines à l'avance. Et payer son billet... 37 euros. En comparaison, les 2 h 30 de voiture vers Paris coûtent en moyenne 43 euros (diesel) et 46 euros (essence), péage compris. Mais le TGV met une heure. Plus que jamais, le temps, c'est de l'argent.
Péage et charges fixes Pour autant, l'adage n'a plus la même valeur sur les autres réseaux du TGV. Lorsque les Nordistes se rendent à Bordeaux ou Strasbourg, le kilomètre coûte en moyenne 13 centimes, 12 centimes vers Marseille, 16 centimes pour aller à Lyon. Daniel Percheron demande donc au conseil d'État de « rétablir l'égalité de traitement entre tous les usagers ».
Du côté de la SNCF, on justifie les tarifs pratiqués sur la ligne TGV-Nord par le péage, plus élevé qu'ailleurs, dont elle doit s'affranchir auprès de RFF (réseau ferré de France), propriétaire et gestionnaire du réseau ferroviaire. Ce à quoi il faut rajouter les charges fixes propres à l'emprunt d'un TGV, proportionnellement plus importantes sur les trajets courts, comme le Lille - Paris. Explications techniques mises à part, qu'en pensent les principaux intéressés ?
Quai 46, gare Lille-Europe, un jeudi matin : les voyageurs attendent le TGV de 8h02. Parmi eux, Nicolas, qui se rend à Paris pour le travail une fois par semaine environ : « Je sais que c'est la ligne la plus chère de France. En revanche, je ne savais pas que la Région avait saisi le Conseil d'État. Si ça pouvait faire un peu baisser les prix, ce serait pas mal. » Pour Christian, Lillois, aucune ambiguïté quant aux tarifs : « C'est hors de prix. Mon entreprise n'est pas abonnée. En première classe, l'aller coûte 80 euros. On demande de plus en plus aux gens de prendre les transports en commun et on ne met rien en ordre pour leur faciliter la tâche.
Pareil pour la SNCF, on ne lui donne pas les moyens de remplir sa mission. » Quant à Floriane, deux trajets professionnels par semaine, elle reconnaît que « c'est assez cher ». Mais pour aller travailler à Paris régulièrement, « il n'y a pas mieux que le train. Je ne vais quand même pas prendre l'avion ! »
Trop cher aussi pour les Parisiens D'avion, il en est aussi question, avec Matthieu, quatre voyages hebdomadaires : « Je suis au courant que la Région a attaqué la SNCF. C'est une bonne nouvelle parce que c'est hors de prix. Moi, j'ai un abonnement, mais les gens qui payent plein tarif se retrouvent avec un aller-retour à 120 euros. Quand on compare avec les vols low cost, pour ce prix-là, on va beaucoup plus loin ! » Enfin Valérie, qui s'apprête à monter dans le train, confie que ses « amis parisiens ne viennent jamais en week-end à Lille, à cause des billets de TGV trop chers ».
Un « choix » que n'ont quasiment pas tous ceux qui, vivant dans le Nord, travaillent à Paris. Sûr qu'eux et leurs entreprises, qui prennent souvent en charge le transport, verraient d'un bon oeil une décision du conseil d'État en leur faveur.