Suite au post de Thor sur la contraction du parc TGV et la réduction associée des dessertes intersecteurs, force est de constater que la politique récente a des effets très négatifs pour le produit TGV Air. Pourtant, la plupart des voyageurs IS au départ et à destination de CDG TGV sont des passagers aériens, et leur contribution totale au remplissage des IS est dans certains cas très significative.
La desserte
Le niveau de desserte à l'heure actuelle est comme suit :
* Lille: c'est la seule ville avec une desserte relativement satisfaisante, pas de trou de plus de 2h entre 8h et 21h, des temps de trajet compétitifs
* Bruxelles : l'offre TGV vers CDG est bien inférieure à celle vers Schiphol, avec des trous de desserte significatifs (jusqu'à 3h entre deux trains) et temps de trajet supérieurs dus au rebroussement à Lille Europe. Au global, CDG est compétitif uniquement sur les villes non desservies par Amsterdam. Affaire à suivre, le gouvernement néerlandais envisageant une taxe pour les passagers en correspondance qui pourrait pousser Air France - KLM à se recentrer sur CDG.
* Lyon : l'offre TGV est rapide et relativement fréquente, mais le développement de Ouigo (qui ne vend pas de TGV Air) rend la desserte relativement bancale: aucun départ de CDG entre 11.59 et 14.59, aucun départ de Lyon Part Dieu entre 11.00 et 14.00. Pourtant, la desserte Air France s'est affinée ces dernières années, et la combinaison accessibilité de Lyon Part-Dieu + temps de trajet et prix du Rhônexpress devrait aider à rendre le TGV Air plus compétitif.
* Rennes : 3 trains par jour, des trous de desserte de plus de 6h en journée. La desserte Air France directe vers CDG n'a pas de souci à se faire.
* Nantes: 4 trains par jour, mais des trous de desserte de plus de 5h en journée. Idem.
* Strasbourg: 5 trains par jour, des trous de desserte de 4h, la ville est pour l'instant épargnée par les Ouigo. Temps de trajet très compétitifs, et peu de concurrence aérienne.
Au global, le développement de Ouigo a directement nui au produit TGV Air. Les dessertes peu fréquentes amènent régulièrement à des correspondances de plus de 4h, ce qui rend le train bien moins attractif. Les horaires des premiers et derniers trains sont aussi souvent problématiques,
Il faut aussi citer les quelques zones pour lesquelles la desserte TGV Air est la seule solution pour prendre un long-courrier avec un ticket unique et une garantie de voyage de bout en bout : Nancy / Metz via Lorraine TGV, Le Mans, Laval, St Pierre des Corps, Poitiers, Valence, Avignon / Orange. La desserte y est inégale, mais dans tous les cas jamais à un niveau satisfaisant (trous de desserte supérieurs à 2h en journée).
La commercialisation
Les partenaires aériens de TGV ne se bousculent pas au portillon. Le partenaire principal reste Air France, ce qui a du sens au vu de sa taille prépondérante à CDG et ORY. On peut s'étonner que les 2 grandes alliances concurrentes, malgré des dessertes relativement étoffées au départ de CDG, n'ont pas choisi de nouer un partenariat avec la SNCF. Ca peut s'expliquer par un système de réservation SNCF incompatible avec celui des compagnies aériennes et donc peu pratique à interconnecter. Ainsi, pour un ticket en partenariat avec Air France, le passager devra s'enregistrer de manière indépendante vis à vis de la SNCF et d'Air France – chose peu courante dans le monde aérien où il est devenu quasi transparent de gérer un ticket avec des vols sur plusieurs compagnies. On peut imaginer de la même manière que les retards éventuels de train ne soient pas directement transmis aux compagnies aériennes pour pouvoir gérer leur remplissage à la dernière minute.
Un progrès a été fait en 2022, avec l'introduction du e-billet SNCF. Auparavant, il fallait se présenter au guichet de la gare pour retirer son billet SNCF, et par précaution, aucun billet n'était vendu pour des départs en dehors des horaires d'ouverture du guichet. Dans certaines gares, cela voulait dire aucun ticket vendu sur les week-ends. Le e-billet est désormais directement accessible aux passagers sans passage au guichet, ce qui rend les connexions possibles bien plus nombreuses – mais il a fallu près d'un an après l'introduction du e-billet pour voir ces nouvelles dessertes apparaître dans les systèmes de réservation.