SNCF Entre Colmar et Kehl, un abonnement pour… nulle part
Le 17 juin dernier, une étudiante haut-rhinoise effectuant un stage, dans le cadre de ses études, à Kehl, en Allemagne, a découvert à ses dépens que l’abonnement que lui a vendu la SNCF est pour une destination inconnue nommée « Kehl Grenze ».
« Le 17 juin, en sortant de mon stage, je suis montée, en gare de Kehl, dans le train qui devait me ramener à Strasbourg pour prendre ma correspondance vers Colmar, raconte Caroline, étudiante de 19 ans, originaire d’Horbourg-Wihr. Avant le départ du train, j’ai été contrôlée par un employé des chemins de fer allemands, qui m’a fait remarquer que mon abonnement n’était valable que jusqu’à la frontière et non jusqu’à la gare de Kehl. Il m’a fait payer le complément, soit 3,20 €. »
La somme en soit n’est pas délirante. Elle est toutefois considérable si l’on sait que du quai de la gare de Kehl au point frontière, sur le pont ferroviaire sur le Rhin, il y a… environ 200 mètres. Plus fort encore : il est tout à fait impossible de descendre des trains sur le pont où il n’y a ni halte, ni gare !
Comment la SNCF a-t-elle pu vendre un abonnement pour une destination fictive ? Caroline l’ignore. « Quand j’ai été acceptée pour mon stage à Kehl, je me suis renseignée à la gare de Colmar où l’on m’a proposé un abonnement, explique Caroline. Sur le formulaire, j’ai indiqué comme point de départ Colmar et comme point d’arrivée Kehl. Quand j’ai eu mon abonnement, je ne me suis pas inquiétée, estimant que la gare de Kehl était la gare frontière. » Ce qui, de fait, est la réalité. Mais visiblement l’harmonisation tarifaire reste à faire dans l’Eurodistrict Strasbourg-Ortenau.
La SNCF, fort marrie de la mésaventure, a proposé à l’étudiante de lui rembourser les éventuels suppléments. « Mais surtout, personne ne comprenait pourquoi on m’avait vendu un tel abonnement », témoigne Caroline. La fin de son stage, il y a quelques jours, a heureusement mis fin à cette situation ubuesque.
Ubuesque parce que la décentralisation de la gestion des trains régionaux aboutit en effet, aujourd’hui, à une véritable balkanisation tarifaire des chemins de fer. Chaque région invente son système et ses conditions tarifaires mais n’entend pas en faire profiter ses voisins, fussent-ils proches.
Vous êtes Mulhousien. C’est l’été. Le triomphe du nouveau Centre Pompidou-Metz vous attire. Rien de mieux que le train pour y aller, puisque le musée se trouve à 2 minutes à pied de la gare. Mieux encore, vous disposez de la carte « Réflexe Alsace », un tarif subventionné par le conseil régional qui vous permet de voyager moins cher et de partir avec vos proches, les jours fériés…
Mais ne comptez pas en profiter ! Ce tarif est exclusivement réservé à l’Alsace. Même en étant très honnête, pas question d’acheter un billet Mulhouse-Sarrebourg, gare limite avec la Lorraine, puis un billet complémentaire plein tarif Sarrebourg-Metz. « Pour les déplacements hors région, il faut acheter un billet jusqu’à la destination finale. Il n’est pas possible de scinder le voyage en deux, la partie alsacienne et extérieure », explique le service communication de la SNCF à Strasbourg.
Ainsi, pour aller de Mulhouse à Montbéliard en profitant de la tarification « Réflexe Alsace », il faut, en théorie, acheter un Mulhouse-Belfort, gare « frontière », descendre du train, acquérir un ticket Belfort-Montbéliard au tarif en vigueur et attendre le train suivant…
Autant, dès lors, connaître les nouvelles frontières du rail alsacien. Ce sont les suivantes : Bâle, Belfort, Kruth, Metzeral, Sainte-Marie-aux-Mines, Saint-Dié-des-Vosges, Sarrebourg, Sarreguemines, Niederbronn-les-Bains, Wissembourg et Lauterbourg.