Montpellier : ça fait quatre mois que l'escalator de la gare est en panne !
L'engin reliant l'étage au rez-de-chaussée de la gare Saint-Roch devrait enfin à nouveau fonctionner à la mi-avril.... mais seulement pour quelques semaines. Explications.A moins d’une centaine de jours de l’inauguration de la première tranche du pôle d’échanges multimodal, ça la fout plutôt mal. Voilà plusieurs mois que la gare offre aux voyageurs le spectacle désolant de son escalator bloqué en descente. Depuis la mi-novembre, aux heures de pointe, la cohorte des usagers charriant à bout de bras bagages et poussettes sur cet engin paralysé donne à Saint-Roch des airs de gare de Calcutta, un jour de panne d’électricité.
Des courriers répétésCar cette liaison entre le premier étage et le rez-de-chaussée constitue la porte d’entrée du centre-ville pour des milliers de riverains qui habitent au sud de la gare. Et ce lieu est actuellement incapable, pour une bête histoire d’usinage de pièce, de supporter le flux des piétons. "J’ai l’impression que cet escalator n’a jamais marché", remarque une vendeuse du Relais H. Avant de se faire prophète : "Ils attendent la fin des travaux pour s’en débarrasser."
Cette attitude dilatoire est démentie par la SNCF. "On est conscient du problème. On a tout fait pour trouver une solution. Disons que le fournisseur a fait preuve d’une certaine mauvaise volonté", reconnaît-on du côté de l’entreprise publique, qui met en avant "les courriers répétés" adressés par le gestionnaire au fabricant tout en se réjouissant de l’intérêt que porte la presse à ce problème : "Ça leur mettra la pression !"
Une signalétique plutôt discrèteGare et connexions, l’une des filiales du transporteur spécialisée dans la mobilité, a même envisagé de démonter l’appareil, vieux de onze ans, pour en installer un nouveau, avant d’y renoncer, essentiellement "pour des raisons de coût". En attendant, une signalétique, plutôt discrète, prescrit aux passants l’usage d’ascenseurs habituellement réservés aux handicapés et pas vraiment conçus pour absorber une telle quantité de voyageurs : quelque 6,7 millions de passagers par an.
Un rotor cassé en causePour faire simple, c’est le moteur même de l’escalier qu’il faut changer. Pourquoi autant de temps ? Le fabricant de l’engin, Kone, reste muet sur les raisons de ce délai. Cette société finlandaise évoque, sans plus de précision, "des contretemps qui ne sont pas toujours de (son) fait" et se retranche derrière "le secret absolu des relations contractuelles".
Le contrat, justement. Des clauses de ce document semble être enfin sortie la fumée blanche. "Nous avons une bonne nouvelle, l’escalator sera réparé le 15 avril", promet Bruno Hillion, de la communication de la SNCF. "Le prestataire de service a une obligation de résultat." Traduction : c’est à lui qu’incombe la charge de la réparation. Et pas seulement. L’entreprise publique envisage de faire payer au fabricant des indemnités de retard qui "pourraient être négociées". Une marche lente vers la reconnaissance d’un préjudice.
Réouverture éclairLe retour à la normale ne durera qu’un mois et demi ! Car à peine rétabli dans sa splendeur d’antan, l’escalator fermera dès juin pour plus d’un an, le temps de la deuxième phase des travaux du pôle. Avec, pour lot de consolation, indique-t-on avec fierté à la SNCF, "le doublement du nombre d’accès", fin 2014.
Odysseum, les éclopés de SchindlerLa guerre entre Odysseum et le constructeur des travelators (ainsi sont appelés les escaliers mécaniques du centre commercial) n’a pas eu lieu. À l’origine du problème, des glissades répétées, les jours de pluie, sur ces engins fabriqués par le Suisse Schindler. Et quelques chevilles foulées.
Zélés, les agents de sécurité ont eu pour consigne d’établir une liste de tous ceux qui s’étaient cassé la figure, avec témoignages, photocopies de pièces d’identité et parfois prise en charge des radios de contrôle aux urgences (merci l’assurance responsabilité civile).
Cette liste - d’une quarantaine de noms - a alimenté une procédure de dommage-ouvrage, ouverte en 2011, "et qui a abouti à la nomination d’un expert", explique le directeur d’Odysseum, Stéphane Rombauts.
Ce spécialiste "a constaté le problème. Puis a pris connaissance qu’il existait, toujours chez Schindler, un autre produit antidérapant qui n’existait pas en 2007, année de la construction du centre commercial. Il a donc ordonné le remplacement total !" C’est ainsi qu’à quelques jours du rush de Noël 2012, toutes les marches ont été changées. Avec un coût nul pour Odysseum.
Qui paiera la facture finale ? "Ah, ça, c’est une bataille d’experts. Chaque assureur a le sien. Moi, ce que je vois, c’est que le problème est réglé !" À croire que les autocollants qui alertent toujours le chaland des risques de glissade les jours de pluie ne servent plus à rien.