Après le TGV Rhin-Rhône, les lignes qui se feront... et les autres
La nouvelle version du Schéma national des infrastructures de transport annonce une « hiérarchisation » des projets ferroviaires, qui pourraient sonner le glas de certains d'entre eux.
Les amoureux des chemins de fer comme les élus locaux des régions concernés vont devoir se faire une raison. Une fois passée la mise en service du TGV Rhin-Rhône, le 11 décembre prochain, il y aura bien quelques inaugurations de nouvelles lignes dans les années à venir. Mais l'état dramatique des finances publiques devrait obliger le gouvernement issu des urnes en 2012 à des choix douloureux parmi les nombreux projets dans les cartons. En juillet 2010, Jean-Louis Borloo, le ministre de l'Environnement de l'époque, avait pourtant fait saliver les élus friands de grande vitesse et les entreprises spécialistes des travaux d'infrastructure en dévoilant un avant-projet du schéma national des infrastructures de transport (SNIT) plus qu'ambitieux. Conçu comme une vision stratégique à horizon de 30 ans, le document recensait, dans la foulée du Grenelle de l'environnement, plus d'une vingtaine de projets ferroviaires.
Mais la crise de la dette et la dégradation des comptes publiques ont sonné le retour au réalisme. La nouvelle version du document, publié mi-novembre, est désormais précédée d'un avertissement qui précise que la « raréfaction des ressources publique » va pousser à des « arbitrages » et à une « hiérarchisation des projets envisagés ». Reste à savoir au détriment de qui se fera celle-ci.
Les élus vont se battreDans plusieurs cas, le financement est bouclé, avec parfois des travaux déjà lancés. La deuxième phase du TGV Est, la liaison Tours-Bordeaux, celle entre la Bretagne et les Pays de Loire ou encore le contournement Nîmes-Montpellier sont notamment dans cette situation, et ne souffrent pas de risque d'annulation.
D'autres sont plus vulnérables. C'est le cas pour les projets encore en phase de débat public, comme la ligne Paris-Orleans-Clermont-Lyon, qui suscite pourtant un fort intérêt du public, ou encore sur la ligne envisagée pour relier Paris à la Normandie. Le projet concernant la région Provence-Alpes Côte d'Azur, dont la concertation vient d'être interrompu par les préfets dans le Var et Bouches-du-Rhône pour cause de réunion houleuse, est dans le même cas de figure. Même les élus dont le projet est en phase d'enquête préalable à une déclaration d'utilité publique ne sont pas rassurés. « Tant que le financement n'est pas bouclé et signé, rien n'est acquis », assure un observateur familier de ces questions.
Pour l'heure, les pouvoirs publics se gardent bien de donner des signes dans un sens ou un autre, les arbitrages étant renvoyés à l'après-2012. Les élus concernés, eux, se battront bec et ongles.
Pour Dominique Bussereau, président du conseil général de la Charente-Maritime et ancien ministre des Transports, « rien dans le SNIT ne paraît irréaliste, à part peut-être la ligne Paris-Amiens », qui ne se justifierait pas. Et parmi les projets à sauver absolument ? « La priorité, aujourd'hui, c'est le raccordement TGV de Toulouse, plaide l'ancien ministre. On ne peut tenir la quatrième ville de France à l'écart du réseau de la grande vitesse. »