Sud Ouest a écrit:
Mercredi 17 Décembre 2008
ENCLAVEMENT. Où l'on reparle de la ligne ferroviaire vers Penne, vieux « serpent de fer » villeneuvois... Vos réactions dans notre forum + l'album photos et les archives de la rédaction
Et si le train revenait...
À Saint-Germain, vue de l'ancienne voie ferrée entre Villeneuve et Penne. Sept kilomètres à reconstruire entièrement. (PHOTO SUD OUEST)
À Saint-Germain, vue de l'ancienne voie ferrée entre Villeneuve et Penne. Sept kilomètres à reconstruire entièrement. (PHOTO SUD OUEST)
Même « The Economist », relayé par « Courrier international », s'en est aperçu voici quelques semaines. Oui, en France ces derniers mois, on a assisté à la réouverture de gares ferroviaires. Plus récemment, et plus près de nous, du côté de Blaye en Gironde, la vieille ligne de fret Blaye centre-Saint-Mauriens se prend à rêver de voir revenir les trains.
Et à Villeneuve ? Voici soixante-huit ans qu'on n'a pas vu une voiture de voyageurs pénétrer dans la bastide. Dix-sept ans pour les wagons de marchandises. Pourtant, on parle toujours d'une éventuelle réouverture. Et plus seulement les doux rêveurs.
En juin dernier, à peine élu vice-président du Conseil général en charge des transports, le premier adjoint au maire de Villeneuve Patrick Cassany affirmait que le retour du train n'était plus une utopie.
Négociations en cours
Le mois dernier, c'est le Préfet qui recevait les acteurs du dossier (dont un représentant de Réseaux ferrés de France) pour faire le point sur le projet. Tout récemment encore, Pierre Camani, président du Conseil général et son vice président Patrick Cassany, ont écrit au président de la Région, pour lui dire toute leur volonté de voir le dossier aboutir.
En pleine négociation de son budget, Alain Rousset, l'ultime arbitre à la Région pourrait trancher (ou pas) en faveur de Villeneuve-Penne dans les jours à venir. Sachant que l'État a souhaité se retirer du dossier depuis longtemps, et sachant aussi que dès 2002, la Région s'était dite prête à s'engager pour un tiers du financement. A l'époque, l'ancienne majorité avait refusé. Mais depuis, la donne a changé à Saint-Jacques.
Faut-il, dès lors, se prendre à rêver ? Rien n'est gagné dans ce dossier. Si les défenseurs de la réouverture de la ligne font remarquer qu'il suffirait de sept petits kilomètres pour relier Villeneuve à Penne, et les Villeneuvois à Agen en 31 minutes, ils n'ignorent pas que tout est à refaire. En effet, l'ancienne voie ferrée n'est plus qu'un souvenir. Certes, des bouts de rails longent encore ce qui est devenu un chemin de randonnée pour certains, un pré où laisser paître vaches et chevaux chez d'autres.
Des estimations circulent sur les coûts de construction d'une voie ferrée jusqu'à Penne. Il pourrait en coûter 17 millions d'euros pour la seule ligne, plus 8 millions pour le matériel roulant. Ce qui ne se trouve bien évidemment pas sous les sabots d'un cheval.
Lourds investissements
Le 3 décembre dernier, Maria Garrouste, la présidente du comité de ligne Agen-Périgueux a réaffirmé sa volonté de voir le dossier aboutir, une manière aussi de pérenniser la ligne Monsempron-Agen qu'elle préside et défend âprement. Mais elle remarquait que le coût de construction d'une ligne ferroviaire entre Penne et Villeneuve pourrait doubler après les déclarations du ministre des transports, qui souhaite la fin des passages à niveau en cas de réouverture de lignes.
Or, sur ces sept fameux kilomètres, se trouvent huit passages à niveau. Sans compter la gare, pour laquelle il faudra trouver un nouvel emplacement, les quais de l'ancienne accueillant désormais le parc François Mitterrand.
Bref, la tâche ne sera pas facile. Les défenseurs du rail disposent pourtant de quelques arguments. Comme l'augmentation du chiffre d'affaires de la « gare » de Villeneuve, où l'on vend encore des billets, et la hausse notable de la fréquentation de la ligne de bus exploitée par la SNCF entre Villeneuve et la gare d'Agen, qui a vu son nombre de voyageurs progresser de 36 % depuis 2002, et de 17 % rien qu'en 2007.
La preuve que les Villeneuvois n'ont pas tout sacrifié à la voiture.