TER Tours-Blois-Paris : le grand chambardement
Région Centre, RFF et SNCF ont présenté lundi à Blois la future circulation ferroviaire cadencée. Sous un tollé de protestations d'élus et d'usagers. Usagers et élus locaux, face à la grille présentée par la SNCF, RFF et la Région Centre, n'ont pas ménagé leurs critiques.
Le 11 décembre prochain, les usagers des trains qui assurent la liaison de Tours à Paris en passant par Blois et Orléans et vice-versa, risquent bien... de rater leur train. Ce jour-là en effet sera celui du passage de l'ensemble du réseau ferroviaire de la région Centre au « cadencement » : un nouveau système de circulation des trains (lire ci-dessous) qui se traduit par une réorganisation complète, modifiant près de 80 % des horaires actuels.
Lundi soir à Blois, ils étaient près d'une centaine, élus locaux, usagers, à découvrir pratiquement en direct (*) la grille définitive des TER Tours-Blois-Orléans et leurs prolongements vers Paris, présentée par les représentants des quatre partenaires de ce cadencement : la Région Centre, l'Etat, la SNCF et Réseau ferré de France (RFF).
Malgré les efforts de Jean-Michel Bodin, le vice-président de la Région en charge des transports pour aiguiller sereinement les débats, la présentation a vite déraillé. « Ce que vous faites, ce n'est pas une évolution, c'est une régression ! » lançait le maire de la petite commune de Saint-Ay (Loiret) à laquelle le cadencement supprime 7 arrêts sur 15 par jour. « Tout ce que je vois, c'est une dégradation des liaisons ferroviaires, notamment vers Paris », renchérissait la directrice de l'Ecole nationale du paysage. « Nous étions à un train de la louange, mais avec cette grille, Blois est purement et simplement sacrifié sur l'autel du cadencement » affirmait Charles-Antoine de Vibraye, de l'association Blois-Paris Illico.
Sans oublier les inquiétudes exprimées par plusieurs usagers : arrêts supprimés et horaires de trains décalés rendant impossible pour beaucoup l'arrivée au travail, ou au lycée, en temps et en heure le matin. Que ce soit de Blois vers Paris ou d'Onzain vers Blois.
Rapport de forceSoumis au feu virulent des critiques, en tant que représentant de l'autorité organisatrice des transports régionaux, Jean-Michel Bodin a fini par admettre que cette grille de cadencement ne convenait pas non plus vraiment à la Région Centre. « Mais, malgré tous nos efforts, nous n'avons pas pu obtenir de RFF les sillons ferroviaires indispensables. » Une fatalité que les élus et usagers réfutent haut et fort. En exigeant du pouvoir politique qu'il joue son rôle de défense du service public. En appelant aussi au rapport de force, de la pétition au blocage de trains. Le cadencement n'est pas encore sur les rails.
repères> Le cadencement consiste à organiser la circulation des trains de manière répétitive tout au long de la journée : toutes les heures les mêmes trains desservant les mêmes gares par exemple.
> Le développement du trafic de fret est la raison essentielle de sa mise en place. Il s'agit pour RFF de dégager des plages horaires, y compris en journée, pour commercialiser ce trafic, ouvert à la concurrence.
> Il intègre aussi la mise en service des nouvelles lignes à grande vitesse (TGV Rhin-Rhône).
> Il prévoit enfin des créneaux sans circulation ferroviaire, pour faciliter l'avancement des travaux de remise à niveau des réseaux.
> Le 11 décembre, outre le Centre, sont concernées les régions Limousin, Languedoc-Roussillon, et Nord-Pas-de-Calais.
Colère à Blois et ailleursLundi soir, c'est entouré d'une délégation d'une dizaine d'élus que Marc Gricourt, le maire de Blois, a fait irruption dans la salle de réunion. Pour rappeler combien la ville et l'agglo s'étaient mobilisées depuis plus d'un an sur le dossier. « Malgré nos interventions, auprès du président de la SNCF et au ministère des Transports, nous n'avons toujours pas de réponse satisfaisante, notamment sur la création d'un train rapide supplémentaire vers Paris à 7h58. »
Dans la salle également, un représentant du collectif Gares Val de Loire, en cours de création pour défendre la desserte des petites gares entre Tours et Orléans a fait circuler une pétition. Avec succès.