Josiane Beaud : Directrice régionale de la SNCF
Depuis maintenant deux ans, Josiane Beaud est directrice de la région Rhône-Alpes à la SNCF. Supervisant les équipes, en dialogue constant avec les élus, les membres du Conseil régional et les usagers de la SNCF, Josiane Beaud est un peu comme le chef d'orchestre qui permet à tout le monde de travailler ensemble.
Quelle est votre principale qualité ?J'essaye toujours de faire bouger les choses, d'avancer. Je possède un certain sens de l'efficacité et je suis exigeante, surtout avec moi-même.
Votre plus grand défaut ?L'exigence est également mon plus grand défaut. Ce n'est pas de tout repos pour les autres, surtout pour ceux qui travaillent avec moi. Comme je fonce toujours en avant, je ne fais peut-être pas suffisamment attention à ceux qui se trouvent derrière moi. Un adjoint dans le Sud de la France m'a d'ailleurs dit un jour qu'avancer, c'était très bien, mais qu'il fallait prendre garde que le fil derrière soi ne casse pas.
Votre devise ?La vie, c'est comme quand vous roulez à vélo. Si vous vous arrêtez, vous tombez.
Quel est votre dernier coup de coeur ?Il y a trois semaines, lorsque je me promenais sur le plateau de la Féclaz. J'ai trouvé la vue splendide : l'herbe jaune en automne, les feuilles des arbres de toutes les couleurs. Tous mes coups de coeur se trouvent en montagne !
Votre premier souvenir ?Un soir, juste avant Noël, mon père m'avait offert une petite voiture à pédales qu'il avait fabriquée de ses mains. Il l'avait placée sous la cheminée.
Le métier que vous rêviez d'exercer étant petite ?J'adorais le sport. Je faisais beaucoup d'athlétisme. J'avais, à un moment donné, imaginé que je pouvais devenir sportive de haut niveau, mais je voulais aussi faire de longues études. Et à l'époque, la section sport-études n'existait pas. Alors, je me suis inscrite à l'université pour faire du droit.
Quelle est votre formation ?De 1969 à 1974, j'ai effectué des études de droit public à Chambéry et à Grenoble. J'ai obtenu mon diplôme en études juridiques générales, qui équivaut aujourd'hui à un master. Le droit public me passionnait. Cela correspondait bien à mon état d'esprit. J'ai d'ailleurs pratiqué le droit en tant que magistrat durant cinq ans.
Vos débuts professionnels ?En 1975, je suis d'abord entrée à la préfecture de Chambéry après avoir obtenu mon concours de rédacteur, qui correspond à un grade de cadre, puis de cadre supérieur. J'y suis restée dix ans. Années durant lesquelles j'ai pu effectuer de l'urbanisme, de l'aménagement de territoire, etc. Ensuite, je suis partie à Paris pour suivre une formation raccourcie à l'ENA (Ecole nationale d'administration). Plus tard, ma rencontre avec la SNCF s'est faite par hasard. La SNCF cherchait quelqu'un pour la région Rhône-Alpes, quelqu'un pour dialoguer, quelqu'un qui commence à familiariser l'entreprise avec son environnement extérieur. C'était en 1992, j'ai été embauchée en tant que chargée de missions auprès du directeur régional. Ensuite, j'ai inventé le poste de directeur-délégué du transport express régional. En échos à la régionalisation des TER. Avec l'équipe que j'avais autour de moi, nous avons construit la première convention des TER, signée par Pierre Dumas, vice-président des transports en Rhône-Alpes, et Louis Gallois, à Chambéry le 17 janvier 1997. En tant que directrice régionale de la SNCF, j'ai d'abord oeuvré en Auvergne en 2000, puis en Bourgogne-Franche-Comté en 2003, à Marseille en 2007 et enfin en Rhône-Alpes depuis deux ans. J'ai donc passé dix-sept ans sur les chemins de fer.
En tant que directrice régionale, quel est votre rôle ?Mon rôle est de manager les équipes pour que tout le monde travaille bien ensemble. Comme un chef d'orchestre qui fait jouer tout le monde ensemble. Il faut s'assurer que la parole de la SNCF existe sur tout le territoire Rhône-Alpes et soit suffisamment représentative de la qualité de ce que font les cheminots. De plus, une grande partie de mon travail consiste à dialoguer avec le conseil régional, avec Jean-Jack Queyranne, Bernadette Laclais, etc. Je dois veiller au respect de la convention TER, à l'amélioration du système ferroviaire, et veiller à ce que cela se déroule en toute sécurité pour les voyageurs.
Quelle qualité indispensable faut-il posséder pour exercer votre métier ? Il faut être bien organisé, posséder une bonne mémoire, avoir un bon sens relationnel et une vision des choses à 360 degrés. Il faut également être polyvalent.
La personne qui vous a le plus marquée dans votre carrière ?De nombreuses personnes m'ont énormément appris. En commençant à l'université, avec mon professeur de droit constitutionnel et celui de l'histoire des institutions. Il y a aussi eu Raymond Barre, alors maire de Lyon et président de la communauté urbaine de Lyon, qui était un homme d'engagements.
Ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?La richesse des hommes et des femmes qui composent la SNCF. Ce qui m'intéresse, c'est de travailler au contact de toutes ces personnes.
Ce qui vous plaît le moins ?Lorsque la SNCF se fait attaquer à tort. Nous avons une forte demande de transport, avec un réseau saturé. C'est comme une horloge suisse : tout ceci tourne bien, mais au moindre aléas, nous devons retarder les trains, parfois les annuler, changer les modes de transports, mais nous ne pouvons pas faire autrement. Parfois les trains roulent sur des voies uniques avec seulement quatre minutes de décalage les uns des autres. Vous vous doutez que nous n'avons pas le droit à l'erreur. Mais lorsque des problèmes surviennent, les cheminots font tout ce qu'ils peuvent pour rétablir le trafic. Ce qui me chagrine vraiment, compte tenu des aléas extérieurs, comme un accident ou une tempête, c'est quand les usagers disent que la SNCF ne fait pas son boulot, alors que les cheminots se démènent. J'aimerais rectifier ce jugement, améliorer la situation, mais ce n'est pas toujours facile.
Quel est votre meilleur souvenir professionnel ?La mise en place des TER en région Rhône-Alpes. C'était un dossier porteur d'avenir que nous avons réussi à mener à bien, même si ce n'était pas évident tous les jours.
Comment conciliez-vous vie professionnelle et vie personnelle ?Ce n'est pas facile quand on travaille douze heures par jour. Mais mon week-end, je le consacre à autre chose que travailler : je dors, j'organise des repas avec des amis, je fais beaucoup de sport également, je vais à la montagne, etc. J'aime aussi regarder des âneries à la télévision et lire des polars.
Trois livres que vous emporteriez sur une île déserte ?Je prendrai un Dan Brown, un Jean-Christophe Grangé et un Mary Higgins Clark.
Un cadeau à vous offrir ?J'aimerais un vélo de route, très léger, en carbone, que l'on pourrait soulever avec une seule main.
Ce que vous appréciez particulièrement en Savoie ?La montagne. J'adore le Beaufortain, la Chartreuse. J'aime bien le barrage de Saint-Guérin, le col du Joly, etc. J'aime beaucoup la randonnée : l'aiguille de l'Epaisseur, la pointe des Ratissières, le rocher de la Grande-Tempête, le pic du Lac Blanc, etc.