Bonjour Greg,
Merci de ta visite. Pour ce qui concerne les futurs trams lignes B et C je suis très sceptique pour ces raisons :
— la ligne A actuelle va décliner sur sa moitié entre Avrillé au nord et le centre d’Angers : elle sera chassée du Ralliement, notre Grand-Place, et ses fréquences seront réduites bien que l’hôpital apporte une très forte clientèle ;
— la ligne B future (Belle-Beille — Monplaisir) va tangenter l’hyper-centre mais sans le pénétrer, les voyageurs devront donc s’astreindre à plus de correspondances qu’ils ne le souhaiteraient. En heures de pointe il n’y aura guère d’attente mais il y aura sûrement un surcroît d’affluence, donc d’inconfort. En heures creuses ou très creuses il y aura des temps d’attente excessifs, et les gens détestent ça, en plus ça allonge le temps de trajet ;
— la ligne C n’est pas une vraie ligne, c’est seulement une ligne de doublage car elle ne propose aucune destination supplémentaire : avec trois lignes il y aura seulement quatre terminus (Roseraie, Avrillé, Belle-Beille, Monplaisir) et non pas six comme on pourrait l’espérer. Mais ce n’est pas tout : le besoin de doublage ne sera pas permanent : pendant les vacances scolaires les deux campus seront très dépeuplés, et le dimanche, en soirée et même aux petites heures du matin et le samedi matin le doublage sera peut-être superflu. Que se passera-t’il alors ?
Je crains que ces périodes creuses ne justifient des interruptions de service sur la ligne C : seules les lignes A et B fonctionneraient toute l’année, mais la ligne C ne serait que saisonnière ou pire. Dans ce cas le service ne serait pas permanent entre Molière et Foch-Maison Bleue et alors le Ralliement ne serait pas desservi en permanence, ce serait très possible en juillet et août. Or cette place du Ralliement est le cœur de l’hyper-centre, à la rencontre des deux plateaux piétonniers (St-Aubin et St-Laud/Lenepveu). Jadis le Ralliement était le point central de la plupart des anciennes lignes de tramways, et quand le réseau fut entièrement converti à l’autobus toutes les lignes y passaient.
Par ailleurs, quand il fut question de construire un nouveau tramway à Angers il y eut beaucoup de controverses, avec les habituels fantômes utopiques de tramways sur pneus. Le maire qui en lança l’idée voulait un tramway
« sans rails et sans fils électriques », c’est dire ! Angers fit équipe un moment avec Caen pour ce projet, mais quand le TVR fut écarté nous fumes tout de même à deux doigts, voire moins, de passer commande à Translhor, qui avait ses entrées dans les services municipaux et dont on voyait couramment dans la presse des photos et articles sur ses représentants en visite à Angers, où ils étaient fort bien reçus. Ouf ! Nous y avons échappé. Je me demande pour quelle raison, mais, sans la moindre preuve, je suppose volontiers que le bel aspect des voies gazonnées d’un tramway sur fer pourrait avoir joué un rôle décisif contre le Translhor dont les triples longrines de béton sillonnant les pelouses faisaient tache. À quoi tiennent donc parfois les choix décisifs ? Peut-être à une pelouse…
Mais ce n’est pas tout : dans la perspective des municipales les listes adverses qui briguaient la mandature avaient pris position contre le tramway, même sur pneu. Bien sûr un BusWay n’aurait pas du tout été pestiféré : ces listes étaient radicalement hostiles à un tramway, mais pas à un trambus !
Et ce n’est pas terminé : la municipalité qui avait lancé l’idée du tramway avait, après des années de réflexion, décidé qu’il traverserait l’hyper-centre par la place du Ralliement, tandis que les concurrents, quant à eux, étaient définitivement hostiles à ce tracé, préférant que la ligne emprunte les boulevards (boulevard Foch, Bessonneau, des Martyrs de la Résistance, jusqu’à la place Mendès-France, puis les boulevards Carnot et Ayrault). Ils proposaient aussi d’autres variantes d’itinéraire, pas forcément rationnelles, dédaignant Avrillé au profit de Belle-Beille et son campus. Mais la mairie d’Avrillé, pourtant d’une tendance adverse à celle d’Angers, était favorable au tram, ce qui fut décisif. Son maire, soit dit en passant, une fois que sa commune fut servie, se prononça en faveur du busway pour les lignes futures…
Et il y a encore autre chose : la municipalité actuelle d’Angers, quand elle était dans l'opposition, avait jadis refusé le passage des tramways par le place du Ralliement. Cette idée ne pourrait-elle pas resurgir ?
Je me souviens de tout ça et c’est pourquoi je suis sceptique au sujet de cette ligne C : s’agirait-il d’une façon discrète de préparer, pour plus tard et à petits pas, la suppression de la desserte de la place du Ralliement par les tramways ? Cette ligne C paraît tout de même un peu fragile et, dans quelque ville que ce soit, les revirements municipaux ne sont pas à écarter.
Je rêve peut-être, mais il n’en reste pas moins que cette ligne C n’est pas une véritable ligne, c’est une ligne de supplémentaires, et rien que ça ; à Bâle par exemple, un réseau formidable, il y a de telles lignes, mais elles ne roulent qu’en heures de pointe, et c’est tout, quant au dimanche je ne suis pas sûr qu’elles fonctionnent. À Angers la ligne C passera au Ralliement, c’est certain, mais le fera-t’elle 365 jours sur 365, et même pendant toute la journée des jours où elle roulera ?
Les dimanches sont mortels partout, à Angers c’est très mortel et les transports urbains sont très rares, il s'agit d'un service minimal. C’est autour du Ralliement et le long du boulevard Foch que se situe l’animation : l'absence de tram C le dimanche au Ralliement serait un rude coup pour le centre-ville. Quand aux gens de Belle-Beille et Monplaisir il leur faudra une belle trotte à pied pour aller au cinéma des 400 coups (à un jet de pierre du Ralliement) ou pour prendre un verre dans une brasserie.
Justement, la marche à pied est un mode de déplacement de plus en plus déconsidéré : quand on est suffisamment aisé et qu'on suit les tendances de la mode on ne roule qu'en voiture (mais pas dans une poubelle) ou bien à vélo (mais pas à mobylette), de toute façon on roule, c’est le triomphe de la roue. Tandis que les transports urbains et la marche à pied sont de plus en plus considérés comme bons pour les prolos et les marginaux. Il y a là une véritable ségrégation sociale. D’ailleurs le domaine des piétons est continuellement taillé en pièces au profit des automobilistes et des cyclistes. Qui aujourd’hui accepte de faire 500 mètres à pied ? Très peu de monde car beaucoup préfèrent les parcourir en voiture, à vélo, sur une planche à roulettes, une trottinette, un monocycle électrique, ou un segway pour les snobs, etc. La paupérisation de la population étant en marche, les transports urbains ont tout de même de belles perspectives d'avenir…
Le centre d’Angers est tout en pentes. Ce n’est pas le Mont-Saint-Michel, mais c’est souvent bien pentu, donc pénible à la montée. Aller à pied de la place Molière au boulevard Foch, lors de correspondances entre les lignes B et A, est long, incommode et ça tire à la montée, ce serait le meilleur moyen de décourager l’usage du tram. Il ne faut pas sous-estimer l'importance du temps : pourquoi les automobilistes et les cyclistes seraient-ils à bon droit si pressés, tandis que les voyageurs des trams et bus disposeraient d'un temps inépuisable (ils leur faut déjà marcher pour aller de leur domicile à l'arrêt de bus) ? Bien sûr il y aura la ligne C, mais je la vois un peu comme une arlésienne assez versatile, capable de nous laisser en plan.
Deux lignes auraient parfaitement suffi, avec d’éventuels services partiels :
— A. Roseraie — Gare — Foch — Avrillé avec un possible service partiel entre la Roseraie et l’Hôpital ;
— B. Belle-Beille — Ralliement — Monplaisir. Un éventuel service de renfort de Belle-Beille à la Gare ou de Monplaisir à la Gare, à certaines heures, n’aurait pas été à exclure, en utilisant les actuelles voies en attente mais qui ne serviront pas.
Un tel programme, plus simple, aurait été moins fragile et aurait bien mieux assuré la pérennité de la desserte du Ralliement par les tramways.
Bien sûr je préférerais me tromper.