Latil 22 Wrote:C'est une vision de notre ville en 1923 avec un constat surprenant, des rues quasi désertes alors que je m'attendais à voir nombre de piétons et de fiacres et autres charrettes.
Sur les films de 1923 est inscrite l'heure : 8 h 30. Peut-être cette heure n'est-elle pas à prendre au pied de la lettre car elle est la même sur tous les clichés. En tout cas c'est tôt le matin, ce qui peut expliquer une animation assez réduite. mais, comme le dit Cramos, sur les photos aériennes, où que ce soit, même dans des agglomérations immenses on ne voit guère de foules, sur Street-View non plus.
Nous avons beaucoup de chance pour Angers de voir gratuitement des clichés de 1923. Beaucoup d'autres villes ne sont visibles qu'à partir de 1948. Rennes est visible en 1923 au 1/5000
e, mais les clichés sont très flous. Les autres dates sont seulement disponibles à l'achat et chères (par cliché : 20 € pour un tirage par contact, 75 € pour un cédérom). Pour télécharger gratuitement il faut d'abord télécharger un utilitaire de l'IGN, ensuite on peut télécharger les clichés, mais c'est long (3 à 5' par cliché). C'est au format jpeg 2000. Attention : les clichés ne sont pas forcément orientés sur le nord, il faut alors les faire pivoter. Les clichés sont très gris, ne pas hésiter à augmenter le contraste pour mieux voir.
— Clichés de 1923 (cert : ils sont à deux échelles : 1/5000e et 1/10 000e. Le 1/10 000
e concerne surtout la périphérie et date plutôt de 1926 (au-moins pour les Ponts-de-Cé) ;
— Clichés de 1949 : 1/25 000e, on ne voit pas de détails ;
— Clichés de 1958 : au 1/25 000e, on ne voit pas de détails ;
— Clichés de 1964 : au 1/8000e ;
— Clichés de 1968 : au 1/8000e.
Les clichés de 1964 et 1968 sont de meilleure qualité que ceux de 1923 au 1/5000e et on voit de très bons détails.
La campagne est plutôt photographiée au 1/25 000
e.
Sur les clichés de 1964 et 1968 on peut différencier les Renault R4201, R4211, et les Berliet PH80 et PH85 :
— différences entre Renault et Berliet : les Renault ont des angles arrondis, les Berliet sont plus carrés ;
— différences entre Renault R4201 et R4211 : les R4201 sont plus courts que les R4211, mais tous ont un capot de ligne, les aérateurs de toit peuvent être différents ;
— différences entre Berliet PH80 et PH85 : les PH80 ont un capot de ligne, les PH85 n'en ont pas, les aérateurs sont différents. Je ne sais pas si en 1968 il y avait déjà des Berliet PH100 (plus longs, pas de capot de ligne).
Sur les clichés montrant la rue Paul Bert on voit la bretelle qui permettait aux trams de Trélazé de changer de voie pour aborder la place André Leroy en venant du Ralliement (passage de droite à gauche). Ces aiguillages sont toujours existants sous le goudron.
Sur les clichés de 1923 (1/5000) on voit le chapiteau d'un cirque place Leclerc (alors place du Champ-de-Mars).
On peut aussi s'amuser à retrouver
l'ancienne mine de fer près de l'actuel bd du Doyenné et de la voirie municipale,
les fours à chaux entre Carrefour-St-Serge et la rue de la Chalouère : on voit un réseau de voies ferrées dont il reste un tronçon actuel, près d'une station de lavage de voitures. Dans cette même zone on voit aussi le canal qui permettait à de petits chalands d'accéder aux grands moulins, le canal passe sous les voies d'accès à la gare St-Serge.
Autres détails très intéressants : le
Palais des marchands (1923), le
Cirque-Théâtre, le
quartier de la République, l'ancienne
usine Bessonneau de l'Ecce Homo (actuel quartier de la Blancheraie), le
quai Ligny,
les gares St-Laud, St-Serge, Maître-École, Les Noyers (Anjou), le
quartier St-Nicolas, le
faubourg St-Michel, le
château avec une caserne dans l'enceinte, les péniches et bateaux-lavoirs, les grues et trémies sablières, l'ancienne usine Cointreau. Toutes les usines Bessonnneau sont à voir (les trois usines du Mail (*), celles de Montrejeau, de la Brisepotière et de l'Ecce Homo), il y avait un réseau ferré interne, partiellement électrifié, au Mail et à Montrejeau. Au bord de la Maine, au bout de la rue Faidherbe, il y avait un dépôt pétrolier avec des citernes et un appontement pour les péniches.
En 1964 (IGNF_PVA_1-0__1964-06-09__C1522-0301_1964_CDP5046_3584) on voit,
sur les voies du port, place Molière, deux voitures de la SNCF. Ce sont d'anciennes voitures de voyageurs, sans doute des OCEM, transformées pour l'une en voiture-cinéma, pour l'autre en voiture d'hébergement pour l'équipe d'accompagnement. Parfois, lors de la foire-exposition qui se tenait place La Rochefoucauld, la SNCF faisait venir le « wagon-cinéma » dans lequel des films ferroviaires étaient montrés, par exemple le record de 1955 à 331 km/h.
Toujours au sujet des
voies du port, place Molière on voit en 1923 une péniche de sable accostée au quai et, au-dessus,
une grue qui charge trois wagons-tombereaux (IGNF_PVA_1-0__1923-08-21__C1522-0401_1923_NP11_0020).
Enfin, et non le moindre :
les ardoisières, leurs chevalements (avec leur ombre portée) et leurs petits trains (les wagonnets sont visibles), un très court plan incliné à deux voies qui rattrapait une déclivité.
Le paysage des ardoisières est surprenant avec les vieux fonds, les monticules de débris et de minuscules hameaux enclavés dans le site industriel. Voir aussi les carrières de La Pouëze (du moins je suppose qu'il y a des clichés disponibles) et les mines de Segré (pas faciles à voir, c'est au 1/25 000
e). Dédicace spéciale pour Bernard BB : on voit l'
aérodrome d'Avrillé et les vestiges forestiers du Bois-du-Roy.
Pour les tramways on aperçoit leurs voies sur les clichés de 1923, mais les évitements sont quasi invisibles. Pour les amateurs, voir un vieux tram, silhouetté par son ombre portée sur la chaussée de la rue des Ponts-de-Cé, ça fait forte impression ! Et, au carrefour des rues Blaise Pascal et des Ponts-de-Cé, un tram semble attendre sur l'évitement le tram croiseur que l'on voit venir d'Érigné ou au-moins du dépôt ! Les passionnés me comprendront… (**)
Sur
Flick-r, cherchez une photo (
3046446807_ef46140227_o.jpg) prise en 1944 par un Spitfire britannique : elle montre les très nombreux cratères et les destructions du bombardement du 12 juin 1944 sur la zone Blancheraie, gare St-Laud avec sa rotonde, les rues de Frémur, Éblé, etc…
Une chose m'a étonné : la ligne de chemin de fer entre la gare St-Serge et la bifurcation d'Écouflant était à double voie (sauf erreur de ma part), tandis qu'elle est actuellement à voie unique.
Sur les clichés de 1949 on voit les baraquements en bois qui servaient de logements d'urgence pour les victimes des bombardements : places Marengo et La Fayette, avenue Jeanne d'Arc, bd du Château près de la statue du Roi René. Peut-être aussi places Lorraine et St-Serge, il y a bien des constructions, mais il n'est pas sûr qu'il s'agissait bien d'habitations. À St-Barthélemy il y avait aussi une cité d'urgence, dans le parc de Pignerolles.
______________
(*) le château de la famille Bessonneau est visible entre le palais de justice et l'usine.
(**) pour le dépôt, voir le cliché IGNF_PVA_1-0__1923-08-21__C1522-0401_1923_NP11_0047
__________________
modifié et complété