Les autobus Chausson APV du réseau de Saint-Louis (Haut-Rhin).Certains doivent sûrement le connaître, pour ma part j’ignorais complètement l’existence du réseau urbain de Saint-Louis (Haut-Rhin), commune limitrophe de Bâle et aussi de l’Allemagne. Bâle et Saint-Louis sont des villes située sur une triple frontière : la France, la Suisse et l’Allemagne qui est de l’autre côté du Rhin, Bâle étant à cheval sur le fleuve.
• Rappel historique (1900-1957)Jadis les tramways bâlois franchissaient la frontière et desservaient la ville de Saint-Louis, via le Carrefour Central. Ce service exista de 1900 à 1957, c’était la ligne 18 (jadis la ligne 5 au début de l’exploitation), au tracé vaguement diamétral nord-ouest — sud-ouest via le centre (Saint-Louis — Voltastrasse — Schifflände — Marktplatz — Barfüsserplatz —Markthalle (dans le voisinage de la gare centrale) — Bundesstrasse — Neuweilerstrasse (au sud). Il y avait six stations sur le territoire français, non comprise celle de la frontière qui était alors nommée Landesgrenze (= frontière nationale), elle était en principe en territoire suisse. Pendant toute la durée des deux guerres les tramways ne franchirent pas la frontière.
Après la seconde guerre la ligne de tramways fut rouverte mais il y eut, je crois, un problème de déficit sur le tronçon français et les Bâlois ont dû rechigner à tout payer. Côté français, selon Wikipedia,
« la municipalité du maire Krœpflé [nota : le maire de Saint-Louis]
refuse de participer financièrement à l'éventuel déficit de l'exploitation des tramways bâlois à la fin de l'année 1956. Le contrat expire le 31 décembre 1957. Le 1er janvier 1958, le tram est donc remplacé par un service d'autobus de la ville de Saint-Louis et en 1962, il est décidé d'enlever les anciens rails. »La date de 1962 pour l’enlèvement des rails est contradictoire avec les articles de Wikipedia et de Wikimonde sur le réseau DISTRIBUS qui indiquent l’année 1958 (les liens de ces articles sont indiqués plus bas). Quoi qu’il en soit le dernier tram bâlois franchit la frontière de Saint-Louis le soir du 31 décembre 1957.
À partir de 1957 cette ligne 18 fut limitée au terminus de St-Louis-Grenze, à la frontière franco-suisse (grenze = limite ou frontière). C'est toujours le cas aujourd'hui. Par la suite cette ligne 18 — du moins sa partie nord entre Saint-Louis-Grenze et le centre de Bâle — a été modifiée par fusion avec la longue ligne 11 suburbaine d’Aesch dont elle a conservé l'indice. Cette ligne 11 remaniée est bien plus longue (14,2 km) que la ligne ancienne.
• Le réseau d’autobus TUSL (1958-1963) et les autobus ChaussonPour suppléer à cette défunte ligne de tram, du moins à son tronçon dans Saint-Louis, la municipalité de cette commune vota la création des TUSL (Transports urbains de Saint-Louis).
Édition : Les TUSL étaient probablement une régie municipale, mais ce n'est qu'une hypothèse. Ce tout petit réseau fonctionna avec quatre autobus Chausson APV (avant droit, arrière plat, pavillon haut). En 1954 Saint-Louis n’avait que ± 9 100 habitants, puis ± 12 400 en 1962. L'intérêt de cette ligne de bus était d'assurer la correspondance à la frontière avec le tramway 18, mais ses voyageurs rechignaient à devoir payer deux tickets successifs : un pour le bus français plus un autre pour le tram suisse. Il y eut probablement une désaffection.
Une photo des Archives municipales, prise en 1958 devant l’ancienne mairie, nous montre un de ces quatre Chausson APV. Ce lien y accède directement :
http://images.onlc.eu/photostlouisNDD/126251593736.jpg. (zoomer en arrière pour voir la totalité de la photo).On remarque que les rails et les lignes de contact des anciens tramways sont toujours en place.
Ce cliché du Chausson APU fait apparaître (quand on le fonce puis qu'on le contraste au maximum) les éléments et détails suivants :
— sa livrée est classique en deux tons comme sur la plupart des réseaux français de l'époque (dans leur grande majorité les réseaux français étaient d'une livrée en crème/bleu ou crème/rouge ou crème/vert, la partie haute étant généralement la plus claire). À Saint-Louis on avait choisi le crème très clair pour le haut et le bleu foncé pour le bas, avec la découpe traditionnelle de Chausson : découpe en arrondi dans les angles avant ; les pare-chocs sont chromés et il y a quatre phares ;
— sous la fenêtre du conducteur et sur la peinture bleue est inscrite la mention « N° 1 », c'est donc le premier Chausson du parc ;
— il est immatriculé 600-DP-68 ;
— il pourrait être en portes 402 mais ce n’est pas certain car, si la porte arrière apparaît nettement, une éventuelle porte centrale, simple ou double, serait masquée par le conducteur ; cela dit une troisième porte pour une si courte ligne n'aurait guère été justifiée et cela aurait supprimé des sièges ;
— apparement il est exploité avec un seul agent car on ne croit pas voir de receveur posté à l’arrière dans une cabine ; toutefois le receveur aurait pu être ambulant (pourquoi pas l’homme debout à côté du conducteur ?), mais la taille du réseau plaide très vraisemblablement pour un service à un seul agent ;
— l’affichage de l’information était très simplifié : sur la photo le capot de ligne porte l’indice 1 — mais en 1958 il n'y avait sans doute qu'une seule ligne ! — et la girouette indique seulement « TRANSPORTS URBAINS » ;
— derrière le pare-brise, côté conducteur, on croit voir une plaque qui pourrait indiquer la destination, mais elle est illisible ; devant le gamin qui se tient à gauche on voit comme une petite plaque verticale sur laquelle serait inscrit un chiffre (3, 5, 6, 8 ?), mais est-ce bien une plaque et que pourrait-elle indiquer ? tous les doutes sont permis ;
— sur le flanc gauche, entre le bas des vitres et le logo Chausson il y a la traditionnelle plaque d’itinéraire. En forçant la photo on ne voit rien de clair, cela reste très brouillé, mais il serait assez vraisemblable que cette plaque porte seulement le texte « VILLE DE SAINT-LOUIS », toutefois rien n’est sûr ;
— sur ce même flanc gauche figure le blason de Saint-Louis (trois fleurs de lys) ;
— il y a de gros aérateurs sur le toit.
Au début ce réseau ne comportait qu’une seule ligne — sans doute l'ancien tracé du tram disparu — mais elle fut prolongée jusqu'au quartier de Saint-Louis-La Chaussée, au nord-nord-ouest. Il y eut ensuite une seconde ligne entre le quartier de Bourgfelden et la commune de Huningue (4 900 hab en 1963).
Les TUSL ont fonctionné sur une courte période de cinq ans environ, de 1958 à 1963, puis l’exploitation fut reprise, cette même année 1963, par la compagnie Métro-Cars qui racheta ces quatre autobus Chausson.
Aujourd’hui et depuis 1994 c’est la société Distribus qui exploite le réseau de Saint-Louis.
Depuis le 9 décembre 2017 Saint-Louis est à nouveau desservi par les tramways de Bâle, mais par un itinéraire différent, sans rapport avec l’ancienne ligne et le Carrefour Central ne voit toujours plus de trams depuis 1957. La nouvelle desserte est une extension de la ligne 3 jusqu’à la gare de Saint-Louis, elle passe à l’ouest de la ligne du tram 11 qui se termine toujours à Saint-Louis-Grenze, côté suisse. Sur la partie française de la ligne 3 il y a quatre stations de tram, y compris le terminus de Saint-Louis-Gare.
Voir plus de détails dans l’article sur le réseau Distribus de Saint-Louis (Haut-Rhin) :
– soit sur Wikipedia (pas de cookies à neutraliser) :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Distribus– soit sur Wikimonde (plein de cookies à se farcir) :
https://wikimonde.com/article/DistribusÀ vue de nez ces deux articles ont des parties communes.