Bonjour Bernard (et tout le monde aussi, évidemment !),
Ta photo est très intéressante car elle montre un vestige d'une époque disparue :
– peut-être les autocars s'arrêtent-ils encore à cet endroit, mais ce n'est pas certain du tout ;
– de toute façon la raison sociale « TRANSPORTS CITROËN » n'existe plus, lui succédèrent la CFIT (Cie Française Industrielle de Transports), MelBus (= Maine-et-Loire Bus, nom commercial des lignes du département, quel qu'en fût l'exploitant, dans les années 80, parmi ces exploitants il y avait sans doute la CFIT, Cordier, probablement Grimault et sans doute d'autres), la CAA (Cie des Autocars de l'Anjou, qui était une filiale de Verney). La CAA fut fondée le 01/01/1985 et cessa son activité le 09/03/2009 (https://www.societe.com/societe/compagnie-des-autocars-de-l-anjou-331928929.html). Maintenant c'est ALEOP, un sigle-gag qui signifie probablement « Allez, Hop ! » mais qui ne va pas nous faire sourire comme ça pendant 30 ans ;
– y a-t-il encore un trafic de messageries dans les cars ?
Je trouve toujours intéressantes les photos qui ont fixé des scènes, des objets, des véhicules et des bâtiments disparus.
Je joins la photo de Google StreetView montrant le site où tu as pris la tienne. Les plaques Citroën sont à l'angle du bâtiment le plus proche, juste à côté il y a une carotte de fumeur : c'est une évocation de la vieille enseigne traditionnelle des bureaux de tabacs. On n'en voit plus guère, sauf ces évocations lumineuses en plexiglass qui s'écartent beaucoup du modèle traditionnel. À Angers il y en a une, bien usée, à l'angle du quai des Carmes et de la rue Beaurepaire, c'est l'enseigne du Picpus, elle est en tôle et très décolorée ; il y en a peut-être d'autres ailleurs, mais elles sont devenues très rares.
Jadis j'avais photographié des choses sur le point de disparaître, notamment le dernier lampadaire de la Belle Époque à Angers : il était en fonte, en forme de crosse d'évêque et se trouvait boulevard Descazeaux, au milieu du carrefour avec la rue Descartes. Il était splendide et encore en bon état. J'avais aussi photographié la tour à plomb avant sa destruction, le quartier de la République quasi déserté et sa démolition. Et aussi cette plaque d'arrêt de la Cie des Tramways Électriques d'Angers (TA, mais le sigle TEA existait aussi), qui me sert d'avatar : elle était fixée au mur à côté de l'ancien Courrier de l'Ouest, place Louis Imbach. Cette plaque TA datait sans doute de la conversion des lignes urbaines de trams, vers 1935 probablement, notamment sur la ligne Génie — Place Ney qui passait place Imbach, via la rue Lenepveu, la place du Pilori, la rue Saint-Étienne puis la rue Botanique. J'ai coloré en vert cette plaque TA, mais elle pourrait avoir été plutôt en bleu car les arrêts étaient signalés sur les poteaux par un large anneau de peinture bleue (arrêts facultatifs) ou rouge (arrêts fixes). Mais je me souviens aussi d'une plaque plus simple à l'angle de la rue Saumuroise et du chemin du Colombier, elle indiquait l'arrêt du tramway et son fond était vert sans risque d'erreur, les écritures étaient blanches, probablement ombrées. Mais pour mon avatar j'ai un doute entre le vert et le bleu.
À propos de plaques, à Angers, place du Ralliement et dans les rues environnantes, les anciennes plaques de rue en lave émaillée bleu outremer, avec une très belle typographie blanche à empattements — datant sans doute de la période 1885-1900 — tombent comme des mouches et sont remplacées par des modèles en tôle laquée ou émaillée avec des caractères-bâton : ces nouvelles plaques sont d'une médiocrité pénible et d'une esthétique assez misérable. Quel dommage de détruire ainsi des éléments du patrimoine, même s'ils sont très modestes ! Dans certains quartiers anciens des plaques en lave émaillées furent remplacées par des plaques en ardoise avec un lettrage de monument funéraire : le
« plus vieux que vieux », qui n'est rien d'autre que du
« faux vieux » est ridicule quand il remplace des objets authentiquement anciens que l'on détruit.
Je crois bien avoir aussi photographié à Orléans, il y a une vingtaine d'années, un ancien arrêt des TREC (Transports régionaux de l'Est et du Centre). Les TREC exploitaient, sans doute en plus des lignes de cars du Loiret, le réseau urbain d'Orléans qui était presque entièrement en Chausson à la fin des années 60, avec quelques Berliet PLH8 ou PH80 à arrière court, et des SC10 parmi les premières séries livrées en France, avec toit rainuré. Dans mon souvenir les lignes A (Olivet — Les Aydes) et B (Grand-Villiers — Paul Bert) étaient exploitées avec deux agents : receveur entre les portes AV et ML sur les Chausson, adossé au flanc droit, receveur à l'arrière sur les SC10. Les Berliet PLH8 ou PH80 (sans doute en portes 042) avaient un siège de receveur avec une barre portant une sébille (sauf erreur) juste après la porte avant : le premier siège contre le flanc droit. À Orléans les bus étaient à deux agents étaient ainsi compatibles avec le service à un seul agent, beaucoup de Chausson, voire la plupart, étaient dépourvus de poste de receveur ; les SC10 étaient en disposition classique à deux agents, avec cabine de receveur à l'arrière. Les Chausson étaient tous à avant droit, à arrière bombé et à pavillon bas, ils étaient sans doute tous en portes 242.
Voici, vues à Chemillé sur Google StreetView, tes plaques Citroën. Elles sont à l'angle, sous l'enseigne de la Française des Jeux (le trèfle), tout près de la carotte rouge du Café du Commerce dont on voit les tables de la terrasse, à l'angle de la rue Nationale et de la place du Château :
