Normal c'est la Saint-Valentin

[Latil 22]

Dans la presse du jour :

Un homme d'une trentaine d'années, caché derrière un poteau de tram s'est jeté dessus lors de son démarrage de la station Roseraie. Rebondissant sur le museau profilé de la bête, il s'est retrouvé dans l'herbe, le cul par terre (c'est la faute à Citadair) le nez près du poteau, c'est la faute à Landreau .
C'est plus de l'amour, c'est de la rage Merci Saint-Valentin
Comme j'ai bien évidemment les idées mal placées, j'ai aussitôt pensé à un célèbre habitant de la Roseraie que je connais Mais non, l'aime le tram mais pas à ce point là

[Latil 22]

Je ne peux d'ailleurs, à ce sujet, me retenir de vous livrer là, les aventures d'un aussi célèbre inconnu et non moins prédécesseur du fameux "cul par terre" de la Roserai, lequel s'illustra il y a de nombreuses décennies en notre bonne ville d'Angers. Gugusse ayant vu rouge (en regardant son nez sans doute), confondit le tram avec un toréro, voir sa muleta, et lui fonça dessus en horreur de la couleur Bordeaux (tiens donc) qu'arborait le tram à cette époque :

Tous les passagers avaient pris place dans le tram, depuis le terminus du Génie, afin de rentrer chez eux. En cette belle fin d’après-midi dominicale, chacun avait hâte de regagner son domicile pour se mettre à l’abri du petit vent frisquet de l’hiver. La nuit était tombée depuis belle lurette. A la gare Saint-Laud, l’aiguille de la grande pendule marquait déjà 7 heure 30 du soir.
Bientôt, le tram arriva place de la Visitation, en se dandinant dans la courbe, avec le grincement habituel de ses essieux.
Tous les passagers ne le virent pas en même temps dans la nuit faiblement éclairée par les becs de gaz. Là, débouchant brusquement de la rue d’Anjou, un homme courant à toute jambes. Tête baissée, il se précipitait en direction du tram.
Le choc fut violent sur la tôle de la caisse. Le tram s’arrêta et tous ou presque descendirent de la lourde voiture, afin de voir ce qui se passait. Un homme gisait au sol, la tête baignant dans une mare de sang. Son haleine exhalait une forte odeur de vin.
On dépêchât un curieux à la pharmacie de la place et l’on prévint le commissariat. Un docteur arriva et diagnostiqua une fracture du crâne. Aussitôt, on dirigea l’assaillant vers l’hôpital.
Ce client-là se nommait François Poisson, originaire de Moncoutant dans les Deux-Sèvres.
L’histoire ne dit pas ce qu’il devint suite à sa malheureuse aventure, ni s’il se fit picador ou mieux encore, taureau, afin de charger tête baissée ce qui passait à portée de son regard, pour peu que comme le tram, l’objet fut rouge et mobile, et que notre homme eut éclusé quelques gorgeons d’une autre sorte de gros rouge.
Heureux nos élus de n’avoir pas pensé à faire passer le tram rue des Arènes... le pauvre poisson en eut peut-être conçu quelques fâcheuses habitudes.


D’après un fait divers rapporté par le Journal de Maine-et-Loire du 9 février 1920.

[FLG]

Comme c'est romantique...