Dans le cadre d'une expérimentation que vient de lancer le conseil général de Seine-et-Marne, le transporteur Marne-et-Morin a accepté de convertir 23 de ses 200 véhicules au biocarburant*. D'ici à la fin du mois, et pendant un an, ils seront alimentés avec 70 % de gazole et 30 % d'huile de colza.
« Des biocarburants, le colza est le plus intéressant, plaide Jean Dey, vice-président (Verts) du conseil général. Non seulement sa culture ne nécessite pas de brûler davantage de matières fossiles, comme le pétrole, mais elle présente aussi l'avantage de passer l'hiver en terre et d'y piéger les nitrates. » De fait, les reliquats d'engrais sont utilisés par la plante au lieu d'être entraînés vers les nappes phréatiques, un élément qui n'a rien du détail dans un département où l'eau présente d'importants niveaux de pollution. Si les sociétés de transports Transdev et Darche-Gros ont donné leur accord de principe pour participer à ce test, Marne-et-Morin est le premier à commencer. Au départ du dépôt de Couilly-Pont-aux-Dames, sept lignes sont concernées, principalement les liaisons Seine-et-Marne express entre Meaux et le Val d'Europe. L'exploitant va recevoir une subvention départementale de 41 968 € , correspondant aux surcoûts d'exploitation. « Les vidanges doivent être faites tous les 20 000 km, au lieu de 30 000 à 40 000. Et l'on estime la consommation à 3 % de plus qu'avec du gazole seul, détaille Daniel Maison, directeur général de Marne-et-Morin. Mais nous prenons le risque d'avoir des problèmes avec les voyageurs si cela ne fonctionne pas. »
Reste à savoir si l'essai sera transformé en 2007. Il y a dix ans, le conseil général avait subventionné des bus roulant au diester. Mais le mélange à 5 % de colza n'avait pas démontré son efficacité écologique. Et la manne financière s'étant tarie, les sociétés avaient remis du diesel pur dans leurs réservoirs. « On manque de volontaristes en ce domaine, admet Yannick Paternotte, vice-président de l'Association des maires d'Ile-de-France qui milite pour ces politiques. Toutefois, même si le gain n'est pas évident, il faut accompagner les bonnes volontés jusqu'à ce qu'elles trouvent leur équilibre économique. » L'Union européenne l'exige : en 2015, professionnels et particuliers rouleront tous au biocarburant. « On ne répond pas à un effet de mode, on pose une question de fond, poursuit Jean Dey. On espère démontrer la faisabilité de cette démarche. » Les kilomètres parcourus par ces 23 bus au biocarburant permettront d'économiser 231 t de CO2. Une goutte d'eau par rapport aux 4 200 t quotidiennement produites par la Seine-et-Marne, certes, mais qui doit provoquer un effet boule de neige.
Source le parisien