par LAGPanoramic » 08 Avr 2024 23:25
Je relance ce vieux sujet. A priori, ce sujet-ci était par le passé assez 'général' pour Van Hool, avant d'avoir apparemment été renommé "Van Hool T8 et T9" par les modérateurs, vu qu'il y a entre temps un sujet gamme TX, un sujet gamme EX et un sujet gamme T.
Mais donc comme a priori il n'y a plus de sujet 'global' Van Hool, je poste donc ici.
Je suppose que certains d'entre vous l'ont appris, ce lundi 09/04/2024 restera probablement à jamais une triste date pour bon nombre d'entre nous: l'entreprise Van Hool a été déclarée en faillite par le tribunal du commerce de Mechelen (Malines)!
En Belgique, ce n'est plus une surprise, c'était annoncé depuis plusieurs jours.
Voici un résumé de l'histoire de Van Hool, ainsi que des éléments clés vous permettant de mieux cadrer cette malheureuse déchéance.
L’entreprise, fondée au départ de rien en 1947 par Bernard Van Hool, a grandi au fil du temps jusqu’à devenir un des acteurs les plus influents au monde dans son secteur. En effet, si Van Hool est loin d’être parmi les plus grands constructeurs en termes de nombres d’unités produites, la qualité de leurs produits et leurs innovations en matière de bus urbains pendant les années 80 et 90 les ont rendus mondialement connus. Outre dans toute l’Europe, il y a eu des Van Hool neufs tant en Amérique du Nord que du Sud, en Afrique, au Japon. Les Van Hool d’occasion sont très populaires dans certaines régions d’Afrique et dans tout l’ex Union Soviétique (par exemple très particulièrement au Kazakhstan). La plupart des autocaristes européens s’accordent sur le fait que Van Hool est la deuxième meilleure marque après la marque allemande Setra.
Mais l’entreprise a clairement passée son apogée. A un tel point, qu’aujourd’hui la faillite a été prononcée.
La base du problème semble être la taille et la complexité de la famille Van Hool. En effet, chose courante dans les petits villages de campagne très catholiques de l’après-guerre, Mr et Mme Bernard Van Hool donnent naissance à 10 enfants, 8 garçons et 2 filles. Les 8 garçons rejoignent tour à tour leur père au sein de l’entreprise familiale, mais les 2 filles n’ont pas pu en faire de même.
Lorsque Bernard Van Hool répartit son héritage avant son décès en 1974, les actions de la société sont réparties équitablement entre les 8 garçons, les deux filles recevant du patrimoine immobilier a priori en équivalence avec la valeur des actions de la société à cette époque.
En 1999, 3 des 8 frères quittent l’entreprise et revendent leurs actions aux 5 frères restants, pour un montant a priori assez important, l’entreprise ayant énormément grandi entre 1974 et 1999.
Mais cela ne plait pas aux deux sœurs qui s’estiment lésées. En 2003, elles entreprennent une procédure judiciaire pour faire revoir l’héritage de Bernard Van Hool. Dans un premier temps, un jugement ordonne le gel de deux tiers des actions de la société jusqu’à la fin de la procédure, procédure qui n’a toujours pas aboutie à l’heure actuelle.
Mais depuis l’année 2000, l’entreprise semble accumuler les mauvaises décisions : suppression de la gamme EOS en 2001, le non remplacement du vendeur (wallon) pour la Wallonie, mauvaise gestion des importateurs/distributeurs dans certains pays, le refus de fabriquer des autobus articulés de type ‘pousseurs’ (entrainant de nombreuses pertes de marchés publics, dont la STIB à partir de 2008), le non remplacement de la gamme CL/TL (cars simples pour les transports scolaires et/ou lignes régionales, un marché de +/-6000 véhicules/an en Europe), la suppression totale des bus de ligne diesel dès l’année 2018 (décision largement prématurée à ce moment, ayant entrainé la perte de nombreux clients). L’ouverture d’une usine en Macédoine du Nord en 2013 est la seule décision qui parait correcte depuis l’année 2000.
Vient ensuite la crise Covid. L’effondrement total des ventes d’autocars de tourisme touche de plein fouet l’entreprise, qui ne produit donc plus de bus urbains diesel depuis fin 2018, alors que ce marché était encore relativement stable et important en 2020.
Le maintien du marché des containers citernes et semi-remorques ne suffit évidemment pas pour éviter des chiffres bien rouges.
Ce n’est que fin 2023 que la vente des autocars de tourisme récupère son niveau pré covid, mais le mal est fait.
Début 2024, le Néerlandais Marc Zwaanenveld est nommé co-CEO aux côtés de Filip Van Hool. Le 11 mars, il présente un plan de restructuration, annonçant 1100 pertes d’emplois en Belgique. Mais la dispute de l’héritage et le blocage judiciaire des actions empêche un sauvetage tant intrafamilial que par repreneur externe.
Le lundi 25 mars, Marc Zwaaneveld a annoncé que: 1) malgré une dernière tentative, la famille Van Hool n'a pas su arranger à l'amiable le conflit 'héritage', ce qui aurait pu permettre une augementation de capital et/ou une revente d'actions à des repreneurs et2) que malgré un cahier de commandes bien rempli, la faillite serait très probablement demandée dans les jours suivants, l’entreprise n’ayant pas la possibilité de satisfaire à des importantes échéances de banques et de l’ONSS (Office Nationale de la Sécurité Sociale). Il a cependant garanti que les salaires du mois de mars seraient payés. Il a égélament indiqué que des négociations étaient en cours avec des candidats repreneurs