La Provence Wrote:La RTM veut faire de la ligne B4 son futur vaisseau amiral
La concertation publique concernant ce BHNS "transversal", reliant Gèze à La Fourragère, est en cours. Il transportera 24 000 personnes/jour en 2024
Prévue pour entrer en service en 2024, la future ligne B4 de la Régie des transports métropolitains (RTM) vient de franchir une importante étape de sa réalisation avec l’ouverture, le 27 avril, de l’indispensable concertation publique. Cette consultation qui doit se pour- suivre jusqu’au 28 mai, va en effet permettre aux populations concernées d’exprimer leurs attentes, mais aussi leurs doutes et leurs inquiétudes. D’autant que, selon les études de la régie, près de 150 000 personnes habitent le long du tracé qui traverse les arrondissements de trois secteurs (11e/12e, 13e/14e et 15e/16e).
De type BHNS (Bus à haut niveau de service), le B4 sort d’ailleurs de l’ordinaire. À commencer par son parcours, long de 8 km et reliant, en 16 stations, les pôles multimodaux Capitaine Gèze et La Fourragère, via Frais-Vallon. Le tout avec une fréquence d’un bus toutes les 6 minutes, en heure de pointe. Il se distingue également par sa capacité impressionnante, puisque ses 16 bus articulés ont été dimensionnés pour transporter jusqu’à 24 000 passagers/jour, soit 4 000 de plus que la plus importante des lignes RTM actuellement en service.
Comme le précise la régie, ce futur B4, qui est donc appelé à devenir son vaisseau amiral, se démarque surtout par sa transversalité, en rupture avec le traditionnel maillage concentrique de l’agglomération phocéenne et le schéma en étoile qui a prévalu jusque-là ; schéma destiné, avant tout, à rabattre les voyageurs vers le métro. À l’origine du projet B4, l’objectif était d’ailleurs de constituer une sorte d’immense ligne périphérique. Laquelle, grâce à une jonction avec un autre futur bus baptisé B5, reliant la Pointe-Rouge à La Fourragère via le très controversé Boulevard urbain sud, aurait permis de desservir l’intégralité des quartiers périphériques, sans avoir à passer par la case "centre-ville".
Cette ligne B4 suscite cependant beaucoup d’interrogations quant au respect des fré- quences et des vitesses annoncées, compte tenu du fait que seulement un peu plus de la moitié du parcours (4,4 km) est en site propre et que plusieurs secteurs traversés se distinguent par la complexité de leur configuration, ou l’importance de leurs embouteillages.
La RTM se veut néanmoins rassurante, affirmant que tout sera mis en œuvre, notamment en opérant un aménagement des voiries, pour faire du B4 un BHNS à part entière, et non un "deuxième B2" englué dans les noyaux villageois, comme certains le redoutent déjà...
Vitesse et fréquence seront-elles au rendez-vous ?
"Cette future ligne B4 est intéressante car c’est une ligne transversale que nous demandons depuis longtemps, explique Michel Cordier, président de la fédération des CIQ du 13e arrondissement. On sort enfin du schéma traditionnel en étoile avec des ramifications, et en termes de mobilité, c’est de cette nouvelle approche dont les Marseillais ont besoin". Mais, selon lui, si le projet suscite toujours des interrogations sinon des inquiétudes, c’est davantage le fait "d’une incompréhension de la part des habitants sur la nature exacte du service que peut rendre une ligne comme celle-là". Et de s’en expliquer: "Les gens veulent aller vite, mais demandent également de nombreux arrêts et des détours dans tous les quartiers, ce qui n’est pas compatible avec un BHNS. Il y aura forcément des ruptures de charges et des ruptures temporelles.
C’est-à-dire des changements de bus qu’il faudra sans doute attendre beaucoup plus longtemps. L’autre inquiétude, qui pour moi est une vraie préoccupation, est de savoir si nous aurons bel et bien un service du niveau d’un BHNS, car le trajet n’est pas en site propre sur sa totalité. Il y a des endroits qui vont poser problème, notamment Sévigné qui est un véritable point noir. La concertation en cours va permettre à chacun de s’exprimer, mais on sera toujours confronté aux intérêts particuliers et à la puissance de certains lobbys".
Pour son homologue, président de la fédération des CIQ du 12e arrondissement, Jean-Louis Barberis, s’il ne fait guère de doutes que le B4 va apporter une nette amélioration de la desserte sur l’ensemble des quartiers concernés, plusieurs problèmes restent à résoudre. À commencer par l’intégration de ce nouveau BHSN au pôle multimodal, déjà très encombré, de La Fourragère. "Entre la L2, le métro et les voies navettes, le secteur est très sensible au niveau circulation. Nous sommes donc en attente d’une présentation très précise de ce qui est envisagé pour y remédier. Et nous demandons des réunions de travail pour savoir comment seront menés les aménagements très importants qui sont à prévoir".
Jean-Louis Barberis rejoint, par ailleurs, son collègue Michel Cordier. Ces derniers s’interrogent sur la réalité de la mise en place d’un BHNS digne de ce nom. "Si c’est pour créer une ligne supplémentaire dans un espace qui ne lui est pas dédié, et où ses bus ne pourront pas circuler à la vitesse requise, ce n’est pas la peine de lancer un tel chantier".