Je crois que vis-à-vis de la gratuité la position traditionnelle de la FNAUT est la réticence et le scepticisme.
Je suis d'accord avec cette position, la FNAUT a très probablement raison.
La gratuité est un pari risqué. La plupart du temps elle n'est appliquée que dans des agglomérations dont les transports urbains ont de très médiocres résultats. On a beau jeu alors de dire que puisque ça ne rapporte rien on va donc économiser sur la billetterie et la gestion, mais ce n'est pas une véritable promotion, il n'y a pas de réel dynamisme là-dedans.
Il y a aussi un aspect clientéliste vis-à-vis de l'électorat.
On se demande également si l'on ne sera pas obligé de faire des économies en usant le matériel jusqu'à la corde et en réduisant l'offre de service, voire en la supprimant (en heures creuses, le soir, le dimanche).
Autre objection : la France est endettée jusqu'au cou et cette dette qui court depuis une quarantaine d'années a appauvri le pays et l'a mis en danger. On peut donc trouver insensé que des agglomérations choisissent de creuser encore plus les déficits. C'est un comportement à la grecque. Les solutions foireuses visant à annuler la dette ne tiennent pas debout : les créanciers ne sont nullement obligés d'accepter et il s'agit entre autres de fonds de pensions américains et britanniques, des organismes particulièrement près de leurs sous et dépourvus de complaisance. D'ailleurs, pourquoi les retraités de ces pays devraient-ils payer nos déficits ? De toute façon, si nous ne payons pas nos dettes nous aurons tout de même besoin d'emprunter, et qui alors accepterait de nous prêter ? Et à quel taux d'intérêt ?
Pourtant les agglomérations qui choisissent la gratuité totale ou partielle sont de plus en plus nombreuses et de plus en plus grosses.
Évidemment, dans de très petites villes de 10 000 ou 15 000 habitants le problème est complètement différent. C'est sans doute le seul cas où la gratuité peut se justifier, mais de toute façon elle pèsera sur les impôts locaux.
Il y a des réseaux qui ont abandonné la gratuité ou bien l'ont fortement réduite. Ce fut le cas à Hasselt dans la Belgique flamande. Au début tout était beau et prometteur, il y avait des articles dans des revues, on faisait parler de soi. Aujourd'hui la gratuité est seulement accessible aux jeunes ou aux scolaires, et à condition qu'ils soient des habitants de Hasselt et sans doute de sa périphérie :
« seuls les jeunes, les séniors et les personnes fragilisées socialement bénéficieront encore du transport gratuit. Les autres Hasseltois devront payer 60 centimes le trajet, les non-habitants le tarif ordinaire de la compagnie De Lijn.
[…]
Le sp.a et le CD&V préfèrent réduire le budget alloué aux bus gratuits plutôt que de supprimer des investissements nécessaires ou de licencier une cinquantaine de fonctionnaires.
[…] le projet a fait connaître Hasselt à l'étranger puisque lors du lancement du projet, les journalistes du monde entier ont envahi Hasselt pour couvrir cette "actualité internationale" »
La gratuité a duré 16 ans puis fut supprimée en 2013, voici 11 ans. Voir :
https://www.levif.be/belgique/hasselt-supprime-les-transports-en-commun-gratuits/