nanar Wrote:Bof, quand on sait que les déplacements domicile-travail ont vu leur longueur moyenne être multipliée par 4 en moins d'une quarantaine d'années, sans qu'on soit 4 fois plus riches ou plus heureux pour autant, je trouve que le raisonnement n'est pas QUE strict.
Tenter de diminuer la demande plutôt que de répondre à toute demande (surtout quand on n'a pas les moyens) est une voie raisonnable.
Le problème dont tu parles vient pour une très grande part, peut-être même la plus grande, du principe de réaménagement du territoire, la décentralisation, basé sur le renforcement exclusif d'une dizaine de métropoles au prix du tassement, voire de l'effondrement de la plupart des villes petites et moyennes en France. Dans Wikipedia on trouve très souvent, pour les communes françaises, la courbe démographique. Je remarque que, dans de très nombreux cas, leur apogée s'est situé en 1975 ; depuis cette époque beaucoup d'entre elles, à vue de nez je dirais la plupart, sont en déclin. Un exemple particulièrement critique : Roanne a perdu environ 35 % de ses habitants entre 1975 et 2011. Saint-Étienne en a perdu 23 %.
Globalement la population française a augmenté, mais il n'y a peut-être qu'une dizaine d'agglomérations et leurs banlieues dont la démographie s'est accrue. La décentralisation, qui n'est qu'une recentralisation à plus petite échelle, s'avère être une catastrophe :
— elle devait contenir l'accroissement de l'agglomération parisienne, mais celle-ci est passée de 9 360 000 hab en 1975 à 12 220 000 aujourd'hui, soit plus de 30 % d'augmentation, c'est donc un échec ;
— elle devait régénérer le « désert français » des régions centrales ou périphériques. Il n'en est rien : trop de régions souffrent énormément et leur déclin n'en finit pas, évoluant même vers la déchéance.
Il s'ensuit une contrainte subie de déplacements souvent très longs et très coûteux, et ce ne sont pas les gros salaires qui en font les frais : les gros revenus se sont regroupés à l'abri dans les plus grandes agglomérations.
[Rajout :] La hausse vertigineuse et incontrôlée des prix de l'immobilier a obligé une proportion non négligeable de la population à aller vivre à la campagne où elle trouve un dortoir plus qu'une résidence, et bien sûr la bagnole est incontournable pour la plupart.
Il s'agit d'une tendance lourde, qui s'amplifie inéluctablement car il n'est en rien question de la moduler, bien au contraire. D'ailleurs il n'y a aucune autre idée ou option d'aménagement, que ce soit du côté du pouvoir politique, de l'administration, de la recherche, de la finance ou de l'industrie. Cette tendance est même proclamée : on fait valoir que les métropoles représentent l'essentiel du PIB, elles seraient quasi « providentielles », ce qui sous-entend qu'en dehors d'elles les autres populations sont un fardeau coûteux et inutile.
C'est ce que je constate, mais que je désapprouve. On assiste, en somme, à un transvasement de population, les régions faibles s'anémiant de plus en plus au profit des autres.
Par ailleurs, dans l'article de Rue89, on perçoit l'idée sous-jacente, et assez répandue dans l'écologie, qui prétend que les humains sont trop nombreux et que tous les problèmes de la planète sont causés par eux.
Je ne caricature pas tant que ça.