Bonjour à arflhn et à tout le monde,
Merci pour toutes ces précisions fort pointues que tu indiques.
Ça dépasse ce que j'en sais mais je vais piocher les notions que tu énonces.
Une chose est sûre : concevoir un tramway à plancher bas semble fort complexe. Les bogies en sont le morceau de bravoure, mais la structure n'est pas sans problèmes.
Pour les autobus ce ne doit pas être simple non plus. Les matériels anciens étaient construits selon le vieux principe « caisse et châssis séparés ». Les standards Berliet PCM de 1965 ont peut-être été les derniers conçus sur ce principe (je ne sais pas pour les PR100 et PR180, mais il y avait sans doute un châssis puisque Heuliez y plaçait ses carrosseries GX107 et GX187). Seuls les Chausson et peut-être quelques autres (les Isobloc de la CGIT à Lille ?) étaient de construction monocoque, sans doute aussi les SC10 de Saviem. On s'étonne de voir qu'on a pu se passer des forts longerons du châssis puisque l'épaisseur du plancher semble maintenant très mince sur les bus à plancher bas.
Je me suis demandé, pour les bus comme pour les tramways, si la toiture et les montants n'étaient pas renforcés pour tenir en suspension (un peu comme les suspentes d'un pont transbordeur tiennent la nacelle par le haut) une partie du poids du plancher (et donc des voyageurs !). Ainsi le toit et les montants, les vitres aussi, concourrent à la tenue de l'ensemble. C'est d'ailleurs le principe de la construction monocoque.
Pour ma part j'ai le souvenir d'un car de tourisme dans lequel je me trouvais et qui avait fait un tonneau complet sur une route étroite du Péloponnèse, après avoir heurté par l'angle avant gauche un camion lesté d'énormes blocs de pierres qui venait d'en face (*). Le car, un Magirus Deutz, s'était couché sur le flanc droit, puis avait rebondi sur le toit, puis sur le flanc gauche, enfin il était retombé sur ses roues et avait terminé là son tonneau. L'accident aurait pu causer de nombreux morts car le terrain à droite était en forte pente et jonché de rochers. Nous avions eu une chance folle, pour ces deux raisons :
– un poteau électrique miraculeux, en bois, se trouvait juste là où il fallait : il avait coincé le car par le flanc droit, arrêtant son mouvement de tonneau et calant le véhicule ;
– les vitres des flancs avaient toutes résisté et le toit ne s'était pas aplati sur nos têtes. Seuls les pare-brise avant et arrière avaient éclaté. Mais la structure avait tenu le coup, grâce aux montants et sans doute surtout grâce aux vitres. Saint-Gobain nous protégeait, c'est sûr…
Drôle de sensation qu'un tonneau : la première phase (le coucher sur le flanc droit) avait été assez lente et molle, mais ensuite ça s'accélérait de plus en plus, ça semblait irrésistible. Heureusement il n'y eut que des blessés légers. Nous avions perdu le droit de dire, pour toute notre vie à venir, que nous n'avions jamais eu de chance…
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(*) C'était en 1972, en Grèce les conducteurs locaux conduisaient alors comme des dingues, avec insouciance, témérité et une très forte dose de testostérone, même sur les routes de montagne et les routes de corniche où les rochers masquaient la vue : un long coup de klaxon et on doublait sans visibilité dans un virage en présumant que rien ne viendrait en face, mais parfois surgissait un âne tirant une charrette. J'ai beaucoup admiré les ânes qui ne paniquaient jamais, pourtant les conducteurs étaient des mâles alpha qui ne voulaient jamais céder. Sur ces routes ont voyait de nombreux petits sanctuaires, comme des tabernacles posés sur des pieds, ils commémoraient sans doute des drames routiers.
Deux ans plus tard j'avais remarqué la même chose en Turquie, sauf les sanctuaires.