Ligne Le Blanc-Argent : enfin, le bout du tunnel...
Stéphane Leprince, directeur régional de RFF, aux côtés des différents responsables du chantier, est venu constater l'avancée des travaux.
Les travaux de réhabilitation de la ligne sont quasi terminés. Place désormais aux procédures de certification avant l’ouverture aux voyageurs le 7 janvier.Usagers-clients de la ligne ferroviaire du Blanc-Argent, encore un peu de patience. Le 7 janvier prochain, les dessertes en autocar ne seront plus qu'un lointain souvenir. Ce lundi, jour de rentrée scolaire après les vacances de Noël, les autorails bleus reprendront du service sur la fameuse ligne métrique réhabilitée. Et circuleront de nouveau à leur vitesse normale, 70 km/h.
« C'est un chantier innovant à plus d'un titre. Un véritable laboratoire pour Réseau Ferré de France. Tout d'abord parce que l'enveloppe financière initiale, évaluée entre 30 et 40 M€ a été ramenée à 13,6 M€, mais surtout parce que sommes parvenus à tenir un planning ambitieux de remise en conformité de la ligne », se félicite Stéphane Leprince, directeur régional de RFF, venu sur place constater l'avancée du chantier.
Sept mois après le début des travaux – « un véritable challenge » – le tronçon Salbris-Gièvres est opérationnel. Et le deuxième tronçon, entre Gièvres et Valençay, sera achevé fin novembre. La bourreuse de voies est à pied d'œuvre actuellement du côté de Chabris. « Cet engin de travaux ferroviaire, utilisé pour compacter le ballast sous les traverses, détermine l'écartement et le parallélisme des rails », explique un responsable de RFF.
Depuis avril, c'est ainsi 55 km de voies qui ont été modernisés. 27.000 traverses y ont été posées et 33.000 tonnes de ballast injectées. Afin de limiter les coûts, des rails « recyclés » de la ligne à grande vitesse Atlantique ainsi que des traverses en bon état ont été utilisés. « Ces matériaux de réemploi sont largement suffisants pour assurer la sécurité du BA à 70 km/h », confirme le directeur de RFF. Ce qui a permis de diminuer de moitié le coût du km de voie réhabilité.
Mieux : de grosses économies ont pu être effectuées sur la signalisation automatique. « Cela grâce à l'exploitation qui se fera désormais en deux demi-lignes : de Salbris à Romorantin, puis de Romorantin à Valençay. Chaque autorail fera donc des allers-retours sur la voie unique. De ce fait, il n'y aura jamais aucun autre train qui circulera en face. L'Établissement public de sécurité ferroviaire a donné son autorisation à ce type d'exploitation », ajoute le directeur de RFF.
Parallèlement à cette modernisation, des travaux d'assainissement ont été effectués, tout comme la reprise de nombreux ouvrages d'art. « En août dernier, jusqu'à 120 salariés ont travaillé sur le chantier simultanément », souligne Pierre-Louis Tisserand, mandataire de RFF. Mais quelques difficultés n'ont pas permis de tenir le délai de réouverture initiale de la ligne pour la Toussaint. « Le rendement de base n'a pu être tenu. Car nous avons rencontré des problèmes de terrassement, lors de la pose des nouvelles voies. Nous n'avons pu utiliser des pelles à roues et avons dû nous rabattre vers des pelles à chenilles, ce qui a engendré du retard », ajoute le mandataire de RFF.
Place désormais aux différentes procédures de certification par la SNCF et à la remise en service des quelque trente passages à niveau qui cheminent le long de la ligne métrique. Puis, du 2 au 6 janvier, les conducteurs du Blanc-Argent se réapproprieront la ligne et effectueront des tests de roulage à 70 km/h à bord. Ce sera enfin le bout du tunnel pour les clients-usagers et salariés du B.-A…
dates-clés > Juin 2010. La SNCF annonce l'abaissement de la vitesse du Blanc - Argent de 70 à 40 km/h.
> Juillet 2010. Une pétition de 1.440 signatures pour le maintien de la ligne est remise par Jean-Claude Delanoue, président du Comité local d'animation et de développement (Clad), à Jean-Michel Bodin, vice-président de la région Centre. Jeanny Lorgeoux réunit une première fois les maires des communes concernées par Le Blanc-Argent.
> Août 2010. La somme de 120.000€ est débloquée par Kéolis et la SNCF afin d'assurer les travaux d'urgence sur la voie ferrée.
> Octobre 2010. Un nouveau montant de la facture des travaux à mener est présenté : il s'élève finalement à 14 millions d'euros, mais pour des travaux entre Salbris à Valençay uniquement. Qui doit payer le supplément… Un bras de fer s'engage entre la Région et le conseil général.
> 30 mars 2011. Point presse de Jean-Michel Bodin qui réaffirme son attachement à la ligne et indique que des rails recyclés de TGV ont été acquis pour assurer la sécurité du B.-A. à 70 km/h.
> 21 juin 2011. Lors d'une réunion sur la restructuration ferroviaire à Salbris (cadencement), avec les représentants de l'Association de la défense de la ligne RFF annonce que la commande des rails a été passée et que la Région a pesé de tout son poids pour aider au financement accordé pour un montant de 13,6 M€
> Juillet 2011. Les usagers et parents exaspérés par la lenteur de l'autorail… et des décisions envoient de multiples communiqués.
> 9 septembre 2011. La bonne nouvelle tombe enfin. La Région débloque 5,1 M€ supplémentaires. Objectif : débuter les travaux en décembre afin que l'autorail puisse retrouver sa vitesse de 70 km/h à la rentrée scolaire 2012.
> 29 septembre 2011. Les 800 premiers mètres de rails de TGV « recyclés » sont stockés en gare de Villeherviers. Une livraison qui rassure le personnel du B.-A. qui a bataillé quinze mois durant pour sauver sa ligne métrique.
> 2 décembre 2011. La convention de financement des travaux est enfin signée.
> 2 avril 2012. La ligne ferroviaire du Blanc-Argent est fermée. Elle a été remplacée par des cars de substitution. La réhabilitation des 55 km de voies, c'est parti entre Salbris et Valençay.
> 5 octobre 2012. Les travaux prennent du retard. L'exploitation commerciale de la ligne métrique, prévue pour septembre, est repoussée vers la Toussaint, puis finalement au 7 janvier 2013.
billetTemps...« Cet important chantier de réhabilitation a été mené avec un planning ambitieux », affirme avec satisfaction le directeur régional de Réseau Ferré de France. Il n'aura fallu « que » 31 mois pour que les autorails de la ligne du Blanc-Argent puissent reprendre du service à 70 km/h. Un délai, qualifié de « très court » par RFF. Un avis que les clients-usagers de la ligne métrique, notamment les lycéens qui se rendent à Romorantin chaque jour, ne partagent pas. Eux ont dû se lever plus tôt et rentrer chez eux plus tard durant plus de deux ans et demi Comme quoi la notion de temps est bien différente pour celui qui subit…